Être Première Dame en France n’est pas chose aisée. Elle se retrouve sous le feu des projecteurs et ses faits et gestes sont analysés et décryptés. Alors, puisque derrière chaque grand homme se cache une femme, découvrons quelles personnalités se cachent à l’intérieur de nos Premières Dames de la Vème République Française.
Yvonne De Gaulle : La discrète
Catholique pratiquante, Yvonne de Gaulle influe sur son mari en matière de morale, notamment pour qu’aucun membre du gouvernement ne soit divorcé ou coupable d’adultère. Tante Yvonne, comme on l’appelle, est une Première Dame discrète, qui incarne la tradition, le respect du sens moral et du devoir. Les journalistes la décriront comme insipide, une brave ménagère, n’ayant pour seule conversation la cuisine ou les enfants. Après tout, elle s’en fiche, puisque l’homme de la lumière, c’est Charles. Dans l’ombre, Yvonne est une femme engagée. Du fait de la trisomie 21 de leur fille, elle crée la fondation Anne de Gaulle pour jeunes filles déficientes mentales, une alternative aux asiles où elles étaient normalement envoyées. Elle intervient également dans la loi Neuwirth autorisant la contraception orale.
La petite anecdote
Le couple avait installé un compteur électrique en plus à l’Elysée, afin de payer ses propres factures d’électricité, tout comme ils réglaient eux-même leurs dîners personnels organisés à l’Élysée. Eh oui, Tante Yvonne et Charles mettaient un point d’honneur à ne pas « profiter » des deniers de la République.
Claude Pompidou : La raffinée
Claude Pompidou, s’entoure des plus grands couturiers comme Chanel ou Pierre Cardin. Elle apporte un style plus contemporain et moderne, moins rigide que sa prédécesseure. À l’époque, elle est l’ambassadrice de la haute couture, représente l’élégance et le raffinement à la française. Certains journaux, comme le Canard enchaîné, la compare à Marie-Antoinette. D’autres l’appellent « Reine Claude » ou encore « Madame de Pompadour ». Femme affirmée et engagée, elle crée l’association Claude Pompidou, venant en aide aux personnes âgées, malades hospitalisés et aux enfants handicapés. Claude n’a jamais aimé l’Élysée et la surnommera d’ailleurs « la maison du malheur ». Elle regrettera surtout de ne pas avoir pu profiter des dernières années de son mari. Atteint de la maladie de Waldenström, il décède le 2 avril 1974, durant son mandat.
La petite anecdote
Claude fut la cible d’un énorme scandale sexuel en 1968, visant à empêcher l’élection de son mari. En effet, c’est lors de la découverte du corps d’un malfrat yougoslave, Stevan Markovic, ancien garde du corps d’Alain Delon, que tout éclate. Ce dernier organisait des parties fines pour le Tout-Paris mondain. Des photos la mettant en scène circule sous le manteau. Après quelques temps et beaucoup de ragots, on s’aperçoit qu’il s’agissait d’un photo-montage grossier et l’affaire finit par se tasser.
Anne-Aymone Giscard d’Estaing
Discrète et timide, Anne-Aymone préfère l’ombre à la lumière. Son mari, lui, rêve d’un couple présidentiel glamour, à l’image du couple Kennedy. De fait, il expose et implique beaucoup sa femme dans son rôle de Première Dame. C’est la première à avoir un réel rôle et à posséder son propre bureau à l’Élysée. Elle visite des hôpitaux, des œuvres de charité, est en charge des questions sociales et se retrouve plus au contact du peuple. C’est la première à présenter ses vœux à la télévision.
La petite anecdote
Anne-Aymone souffre beaucoup des incartades incessantes de son mari. D’ailleurs, en 1974, elle laisse entrevoir les coulisses peu flatteuses du couple présidentiel lors d’une interview avec une journaliste de Madame Figaro. Cette dernière désigne avec émerveillement un bouquet d’anémone. La Première Dame rétorque alors : « Tout ça, c’est pour la galerie ! Il ne s’est jamais préoccupé de quelqu’un d’autre que de lui-même ! Pas un geste, pas un mot qui ne soit calculé ! C’est toujours moi, moi, moi et moi. »
Danielle Mitterand, l’engagée
Elle est la première à dévoiler un fort caractère et réalise de vraies actions politiques. Elle s’engage dans un mouvement tiers-mondiste et oeuvre en faveur de Fidel Castro. Ses positions ont parfois même mis quelques tensions diplomatiques, notamment avec la Chine lorsqu’elle reçoit le Dalaï-Lama. Danielle Mitterand possède une certaine indépendance, ce qui lui permettra d’aider à la libération de prisonniers politiques. En 1986, elle crée la fondation France Liberté, reconnue d’utilité publique et ONG (Organisation Non Gouvernementale).
La petite anecdote
Si elle est autant impliquée politiquement, c’est parce que son mari n’est pas seulement engagée avec elle. En effet, depuis maintenant 1963, il entretient une double vie avec Anne Pingeot, qui lui donne une fille prénommée Mazarine, le 18 décembre 1974. En plus de cette double vie, connue de sa femme et qui dura 32 ans, François eut de nombreuses autres maîtresses.
Bernadette Chirac, la politicienne
C’est la seule à avoir eu une carrière politique avant son entrée à l’Élysée. Elle est conseillère municipale de Sarran, village de Haute-Corrèze depuis 1971. Elle accompagne son mari dans tous ses déplacements et apprécie ses fonctions. Lors du second mandat, elle s’engage plus au niveau politique. Elle s’entoure de personnalités aimées des Français comme David Douillet ou Lorie pour l’association des Pièces Jaunes. En 2007, elle reprend la fondation Claude Pompidou, son amie de toujours, au décès de cette dernière.
La petite anecdote
Elle soutient Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2008, allant de ce fait contre les vœux de son mari. Bernadette et Nicolas iront même jusqu’à se rencontrer en « secret » dans l’appartement parisien d’un ami commun.
Cécilia Attias ex-Sarkozy, l’indépendante
Un vent de fraîcheur souffle sur l’Élysée avec l’arrivée de ce nouveau couple présidentiel. La moyenne d’âge a changé, le style vestimentaire ainsi que les mœurs présidentiels aussi. Cécilia est une femme libre et n’aime pas qu’on lui dicte sa conduite. Elle est la première conseillère de son mari depuis tout temps. Malheureusement, on sait à demi-mot que le couple présidentiel bat de l’aile. Son passage à l’Élysée sera marqué par son engagement et sa forte implication dans la libération des infirmières bulgares retenues prisonnières en Libye. Ils divorcent le 18 octobre 2007.
La petite anecdote
Le jour de sa victoire, Nicolas Sarkozy tend ses bras en direction de Cécilia, afin de l’enlacer. Cécilia, reste de marbre, et pousse son fils Louis en direction de son père afin d’éviter une étreinte avec son mari. Roselyne Bachelot, se souvient de la violence de cette action. Cécilia n’avait plus ni la force, ni l’envie de faire semblant.
Carla Bruni-Sarkozy
Elle accompagne son mari lors de ses déplacements officiels et le représente parfois. On se souvient notamment de sa rencontre avec le Dalaï-Lama en août 2008 dans l’Hérault, au Temple Lérab Ling. Carla a beaucoup œuvré pour la libération de plusieurs femmes incarcérées à l’étranger. Elle est la première à être enceinte à l’Élysée.
La petite anecdote
Marc Dolisi, rédacteur en chef de VSD et ami de Carla, raconte dans son livre Un après-midi avec Carla qu’un matin, elle aurait fait irruption dans le bureau de son mari, alors en réunion avec François Fillon, en simple lingerie, marquant très certainement l’esprit du Premier Ministre de l’époque.
Valérie Trierweiler, l’incomprise
Passage éclair et houleux pour le séjour de Valérie Trierweiler à l’Élysée. Elle n’est pas mariée, ne veut pas qu’on la qualifie de Première Dame, et ne fait pas l’unanimité dans le cœur des Français. Auteur de nombreux tweets polémiques, on se souvient notamment du Trierweilergate. Elle soutient le concurrent de Ségolène Royal, Olivier Falorni car briguant tous deux le poste de député de La Rochelle. Rappelons que Ségolène est à ce moment officiellement soutenu par le gouvernement de François Hollande. Valérie passe alors pour une femme rageuse et haineuse.
La petite anecdote
En août 2013, elle devient ambassadrice de la fondation Danielle Mitterand et déclare, se sentir bien dans son rôle de Première Dame. Malheureusement, son bien-être sera de courte durée puisqu’en janvier 2014, éclate le Gayet Gate. Le président rejoint en douce, lors de sorties nocturnes en scooter, sa belle dulcinée, Julie Gayet dans son appartement parisien du VIIIème arrondissement, rue du Cirque (cela ne s’invente pas !). À la suite de ce scandale, Valérie passera quelques jours à l’hôpital pour se « reposer » . Elle sera ensuite « remercier » par l’annonce très médiatique de leur séparation.
Brigitte Macron
Elle s’engage dans la lutte contre l’autisme. Brigitte invite également les femmes à dénoncer les violences dont elles sont victimes lors de l’affaire Weinstein et de la période #BalanceTonPorc. Du fait de sa différence d’âge avec son mari, elle est l’objet de nombreuses moqueries, notamment du président brésilien Jair Bolsonaro. En 2019, elle succède à Bernadette Chirac pour la présidence de la fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France et lance l’opération des Pièces Jaunes avec Didier Deschamps.
La petite anecdote
Lors d’une interview pour le supplément de Canal +, un journaliste lui demande en parlant de son mari : « Vous l’avez beaucoup encadré ? Recadré, parfois ? » Elle lui répond en souriant : « Très peu, mais on a des échanges musclés. Montaigne a dit : ”Il faut toujours limer sa cervelle à celle d’autrui, c’est très important pour progresser.” Donc nous limons abondamment. » Le double sens de cette phrase prête à sourire.
Ces neufs Premières Dames ont toutes une personnalité différente, tantôt timides, tantôt avec un caractère affirmé, elles ont, à leur manière, marqué l’Histoire. En 2022, aura lieu la prochaine élection présidentielle, alors d’après vous, qui sera la prochaine Première Dame ? Ou qui sait, s’agira-t-il peut-être d’un Premier Gentleman français ?
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