Goodies, objets médias… autant de termes pour désigner les objets publicitaires distribués par les entreprises à leurs clients ou collaborateurs. Claire Malet, à l’origine de trois sites proposant ce type d’objets, revient sur son dernier né : L’Objet français (avril 2021). En s’appuyant sur le savoir-faire manufacturier français en pleine renaissance, elle a contourné les difficultés d’approvisionnements en provenance d’Asie. Portrait d’une entrepreneuse en phase avec la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
Diplômée de la Kedge Business School en 2007, Claire Malet a commencé en tant que contrôleuse de gestion chez Dior. En 2008, elle a monté Projetek, une entreprise proposant des objets personnalisés aux professionnels, entreprises, collectivités et associations. Comme elle l’a avoué : « Je travaillais dans une grande entreprise parisienne, dans le luxe. Puis j’ai fait un virage à 180° : j’ai monté une TPE basée en Sologne, pas forcément dans le luxe ». Projetek est articulée autour de deux plateformes de e-commerce. Il y a déjà Version Écologique qui vend des objets médias dans une optique de développement durable. Quant à sa deuxième plateforme, Objet Pub Design (2013), elle est centrée sur les nouveautés design. En avril dernier, en reprenant sa méthode éprouvée avec ses deux autres sites de e-commerce, Claire a lancé L’Objet français. Il s’agit cette fois de proposer uniquement des objets médias fabriqués en France.
Le concept de L’Objet français : promouvoir le made in France
Claire fait remonter les origines de L’Objet français à une dizaine d’années en arrière. Parmi ses fournisseurs, l’entrepreneuse comptait alors quelques petits fabricants français militant déjà pour le maintien des savoir-faire français sur le territoire national. Elle s’est alors rendu compte de l’adéquation entre ce thème et ses convictions personnelles. Constatant que l’évolution de la demande pour les produits locaux augmentait, elle a donc choisi de lancer L’Objet français. « Le lieu de fabrication est un critère de recherche sur notre site. Ainsi, nous ne cachons pas nos fournisseurs, mais au contraire les mettons en avant ».
Claire surfe par conséquent sur le mouvement de réindustrialisation balayant notre pays à l’heure actuelle. « Nous avons par exemple dans notre catalogue des fabricants traditionnels de plastique injecté. Ces derniers sont capables de produire des gobelets fabriqués en France, garantis sans bisphénol A et supportant les liquides chauds. Nous avons également à notre actif des fabricants artisanaux de confitures (Drôme) et de chocolats premium (Île-de-France) ». L’Objet français propose également des tisanes produites « à 50 km de chez moi », a ajouté Claire. « L’artisan a des parcelles sur lesquelles il cultive ses propres plantes, avant de les faire sécher ». Autrement dit, il fabrique lui-même, ce qui pour Claire constitue le critère principal.
L’éventail des produits proposés est appelé à s’élargir car L’Objet français n’en est qu’à ses tout débuts. Par exemple, Claire souhaite ajouter des articles pour l’équipement du collaborateur, puisque le textile marque lui aussi son grand retour en France ! « Cependant, a-t-elle nuancé, les prix sont pour l’instant prohibitifs, et les séries de fabrication, encore trop réduites. À tel point que si nous demandons 250 pièces à nos fournisseurs, nous les affolons ! Ce qui est normal : on ne relocalise pas une activité manufacturière en six mois ».
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Le localisme, pour faire face à la rupture des chaînes d’approvisionnement logistique
La réorientation des sources d’approvisionnement de L’Objet français sur la France est aussi une réponse aux difficultés actuelles des chaînes logistiques. Ces dernières sont apparues avec la crise du Covid. En effet, les délais d’approvisionnement depuis l’Asie se sont considérablement allongés. Six mois avant de pouvoir être livrée, cela n’était plus tenable pour Claire ! « Nous avons donc réagi en proposant des produits made in France. Nous nous sommes adaptés à la demande de nos annonceurs. Ces derniers veulent désormais être plus vertueux en offrant des produits locaux. Au lieu de clés USB, bouteilles thermos ou stylos à 15 centimes, nous leur proposons une offre 100% made in France. Tout en les réorientant sur des cadeaux gourmands : confitures et chocolats de qualité française ».
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L’Objet français : circuits courts…
Ainsi, L’Objet français travaille en circuit court avec des TPE françaises uniquement. Ces dernières fabriquent bien entendu leurs produits et ne sont en aucun cas de simples négociants. « Outre la sélection, a poursuivi Claire, notre valeur ajoutée se situe au niveau du conseil sur la stratégie de communication. Il s’agit ainsi de mettre en avant une histoire racontée à travers le produit ». L’Objet français assure en outre la personnalisation des objets médias. Comme l’a expliqué Claire, « nos clients ont besoin de communiquer et de faire passer un message à travers un objet. Ils souhaitent y ajouter leurs logo ou slogan. Dans le cas de pots de confiture, nous travaillons avec l’artisan pour qu’il adapte son étiquette. Nous lui demandons d’ajouter le logo de l’annonceur aux autres mentions habituelles ».
Le cahier des charges que les fournisseurs doivent respecter est donc assez strict. En plus de fabriquer sur place, les artisans doivent également avoir recours à des matières premières originaires de France. Avec une exception pour la bagagerie en cuir recyclé, dont la matière première provient d’Italie. Cela s’explique par le savoir-faire maroquinier spécifique de ce pays. Ce cahier des charges oblige Claire à réaliser un tri parmi ses fournisseurs potentiels. En effet, nombre de candidats se disent fabricants, mais ne sont en fait que négociants. Claire s’est ainsi retrouvée confrontée à un « soi-disant fabricant de conserves de poissons. Je pensais qu’il avait ses propres bateaux, son usine de transformation, etc. En fait, non : il se contentait simplement d’élaborer les recettes. Puis il sous-traitait l’intégralité de sa production. Pour nous, ça n’a pas marché, car nous souhaitions éliminer au maximum les intermédiaires ».
L’artisan doit également être en mesure de fournir Claire en quantités importantes dans des délais raisonnables. « En effet, tout à coup, nous pouvons passer commande de 500 ou 1 000 pièces. Cela représente une masse de travail considérable à l’échelle d’un artisan. Il nous revient alors d’évaluer la capacité de production de ce dernier ».
… et petits prix
Outre une gamme de propositions suffisamment large et variée, alliée à une sélection soignée de ses fournisseurs, Claire ajuste ses prix pour rester compétitive. Pour cela, elle minimise ses coûts commerciaux par le biais de ses plateformes web. « On ne se déplace pas chez le client, nous lui envoyons simplement des échantillons. Cela est cohérent avec notre démarche environnementale. Nous minimisons les coûts de déplacement. Cela nous permet de faire gagner du temps et de l’argent à tout le monde. Sans compter la réduction de notre empreinte carbone ! Par conséquent, nous sommes en mesure de proposer des prix de vente raisonnables. Moi-même, je suis une TPE et je n’ai pas de gros moyens. Je comprends par conséquent mes clients qui sont dans le même cas ».
Entrepreneuriat au féminin : RSE et gestion d’un nouveau type
En interne, Claire articule la RSE autour du respect des collaborateurs et de l’environnement (achat responsable et éthique des affaires). Par exemple, pour améliorer la qualité de l’environnement de travail de son équipe de sept collaboratrices et deux apprenti(e)s, elle a réhabilité ses locaux, les rendant fonctionnels et agréables. « Nous avons également développé les compétences de toutes nos salariées en les formant à nos métiers et à nos méthodes. Comme nous sommes installés dans une zone rurale, cela n’a pas été évident au début… Nous avons été amenés à mettre tout le monde à niveau en matière de négociation commerciale ».
Claire a tenu à renouveler les codes de gestion : management horizontal, sans hiérarchie marquée. « Je suis une collaboratrice parmi les autres, même si j’assume bien entendu mes responsabilités quand il le faut. Nous n’avons pas de table de réunion parce qu’il n’y a pas de prise de notes. Donc on a mis un canapé à la place. Et au travail, nous sommes toutes des copines ». De quoi assurer une bonne cohésion d’équipe !
Enfin, en véritable entrepreneuse au féminin, Claire donne la priorité à ses enfants et à sa vie de famille. Elle ne travaille que 25 heures par semaine effectives au bureau. En revanche, elle organise ses journées différemment. Le soir, elle retravaille parfois. De même, « si j’ai accès au wifi dans la cour de l’école de musique de mes enfants, j’en profite pour envoyer quelques devis ». Elle applique la même politique vis-à-vis de ses salariées. Chacune a la possibilité de s’organiser sur quatre jours et demi par semaine, afin de profiter au maximum de sa famille. « Étant donné qu’on est toutes des filles, qu’on a toutes des enfants d’âges comparables, chacune comprend l’autre ». L’une des clés du succès de L’Objet français ? Assurément !