Le 21 septembre est la Journée internationale de la paix. Un jour où toutes les guerres devraient s’arrêter et tous les belligérants réfléchir si cela a un sens de reprendre les armes. C’est aussi un jour où nous devrions repenser à toutes nos querelles et, une par une, envisager de faire la paix. Mais est-ce que cela est possible ?
D’aussi grandes volontés pour un monde de paix
Beaucoup d’entre nous rêvent d’un monde d’amour, de respect et de paix. Ce monde permettrait à tous de vivre, de se développer, de se cultiver, d’apprendre, d’échanger, de progresser, de s’enrichir, etc. Ce monde réaliserait tous nos vœux tant qu’ils ne sont pas égoïstes, tous nos souhaits universels. Dans ce monde, tous vivraient dans le bonheur et chacun serait heureux. Le monde du bonheur universel ne semble pas absurde, et il paraît même réalisable avec un peu de bonne volonté partagée.
En effet, les conflits et les disputes paraissent souvent les conséquences de malentendus, alors, avec un langage mieux construit, nous pourrions les résoudre. Avec la politesse seulement, nous pourrions diminuer les rixes. La bonne volonté de s’entendre, et nous pourrions retenir nos colères, valider que nous avons bien compris l’idée de notre interlocuteur. Avec de la tolérance, nous pourrions accepter les différences d’opinions. Nos envies et nos convoitises envers les richesses d’autrui ne viennent que de notre égoïsme insensé ; nous pourrions les oublier en nous souvenant que le plus important est d’avoir de quoi vivre, que nous n’avons pas d’autres réels besoins pour être heureux, que c’est pur vanité de vouloir plus, car l’on s’enferme alors dans des désirs toujours inassouvis qui nous détournent du réel bonheur de se contenter de ce que l’on a.
La solitude et la tristesse seraient résolues par le partage, la communauté, la communication, les rires, les grands repas amicaux. L’aigreur et l’amertume seraient oubliées avec le passé que l’on ne peut pas changer, au profit du sourire envers l’avenir qui nous promet tant de nouvelles joies. La douleur et la maladie seraient pansées par la compassion et combattues par l’intelligence mise au service de la vie plutôt que de la pollution, de l’industrie destructive, de la guerre ou de la mort. Et ainsi de suite.
Mais les hommes ne peuvent pas
Le monde du bonheur universel serait un monde sans conflit, sans adversité, sans compétition. En cas d’obstacle, l’entraide nous permettrait de trouver la meilleure solution ensemble. Mais nous forgeons notre âme dans l’opposition, la différence, la distance des autres. Les obstacles, les difficultés, les impossibilités, les échecs sont indispensables pour former une personnalité. La haine, la violence, l’injustice sont indispensables pour affermir ses valeurs.
Si l’on met un homme qui a vécu la violence dans un monde de bonheur, ça aurait sans doute des effets bénéfiques et reposants dans un premier temps, comme une cure de repos, mais cela finirait par diminuer sa personnalité, comme l’absence de gravité réduit la masse musculaire. En absence d’obstacle l’ingéniosité n’est plus stimulée. Sans haine ni aigreur, l’amour et les plaisirs perdent de leur saveur. En absence de violence, la vie n’a plus de sel. Si on laisse naître un homme dans ce monde du bonheur, il n’aura pas de personnalité. Sans doute ne survivrait-il pas. S’il parvenait à développer un début d’autonomie, alors il l’appliquerait à détruire ce bonheur étranger, à être violent pour découvrir le plaisir égoïste indispensable.
L’échec encourageant de la paix
Nous pouvons ainsi comprendre les chutes de grandes utopies qui annonçaient un avenir radieux. Nous pouvons enfin comprendre que les grandes cités urbaines conçues très finement, ont négligé le désir d’individualité. À l’inverse, si l’homogénéité culturelle de la consommation de masse réussie, c’est parce qu’elle s’appuie sur une tactique publicitaire qui laisse penser au consommateur qu’il a une personnalité et une individualité lorsqu’il consomme, que chaque dépense le distingue, qu’il est un individu en faisant comme tout le monde.
La Journée Internationale de la paix le drapeau d’une utopie nécessaire, qu’il faut désirer avec réalisme.
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Par Bénédicte, active en paix