Dépassés chaque été, les refuges d’animaux sollicitent dons et subventions face à l’explosion des abandons. Deux-tiers d’entre eux se produisent à la veille des départs en vacances. Face à ce fléau, Yoann Latouche, figure médiatique de la cause animale, a choisi de pousser un cri d’alarme dans nos colonnes. Il a également choisi de rendre hommage à la formidable énergie déployée par l’ensemble des acteurs du bien-être animal. Pour trouver le courage d’accomplir ce travail de Sisyphe, Yoann adresse aux hommes, chaque matin, sa prière païenne*. Il prie pour plus de bien-être animal et moins de souffrance. Portrait d’un passionné.
Aujourd’hui âgé de 31 ans, Yoann aime les animaux depuis toujours. « C’est mon grand-père qui m’a donné la passion des animaux de compagnie. Il était éleveur de chiens et chats. J’ai donc passé une bonne partie de mon enfance auprès de lui ; j’en ai profité pour le regarder faire et l’écouter me transmettre son savoir ». Bénévole à la SPA de Vannes dès l’âge de onze ans, il y passera huit années. D’abord bénévole, puis stagiaire, il finit par occuper un poste de salarié. En outre, il poursuit ses études jusqu’à l’obtention de son bac pro en conduite et gestion de l’élevage canin et félin. Durant les quatre années de cette formation, il avait le droit de venir en cours avec ses chiens.
Donc « c’était plutôt chouette », nous confie-t-il. Il se rappelle également avoir passé la moitié de son temps en entreprise. Il a donc appris son métier en fréquentant cliniques vétérinaires, éducateurs/éleveurs, pensions, refuges, salons de toilettage… « En bref, résume-t-il, j’ai été formé par tout l’éventail des professionnels engagés en faveur du bien-être animal ».
Yoann Latouche : entrepreneur au grand cœur
Lorsqu’il a quitté l’école, il est devenu ambassadeur d’une grande marque de croquettes premium : Eukanuba. Il se souvient : « J’y suis resté pendant sept ans, suite à quoi j’ai monté mon entreprise YLG en 2015. Problème : je n’avais pas vraiment d’idée de ce que je voulais faire. J’avais juste conscience que l’on me considérait dans le milieu animalier comme un spécialiste du secteur. Et c’est vrai que j’étais bien au fait de l’écosystème animalier et de ses acteurs. » Son expertise lui permet de mettre en relation les acteurs entre eux. Très vite, son entreprise prend la forme d’une agence de communication, composée à présent de huit personnes. « Nous avons plusieurs pôles, comme toute agence de communication qui se respecte. Ainsi, nous nous occupons de plans de communication et de marketing pour nos clients. Nous avons également un service de relations presse et plusieurs autres services dédiés à l’influence ; aux médias sociaux ou encore aux campagnes de communication. Ainsi, nous accompagnons 25 clients sur différentes problématiques, qui toutes concernent les animaux. Nous ne travaillons qu’avec des marques engagées sur le bien-être animal, d’un très bon niveau qualitatif. Nous avons cette chance de pouvoir choisir les acteurs avec lesquels nous travaillons ».
L’abandon : un phénomène difficile à quantifier et à expliquer
Parmi les préoccupations centrales de Yoann, surtout en cette période estivale, le fléau des abandons d’animaux tient une place centrale. « Les abandons concernent entre 100 000 et 350 000 animaux par an, plaçant la France en tête des pays d’Europe ».
Néanmoins, Yoann ne veut pas jeter la pierre aux maîtres qui en viennent à cet acte désespéré. « D’après mon expérience en refuge, je sais que derrière l’abandon, il y a aussi souvent beaucoup de souffrance humaine. Ce ne sont pas toujours des abandons de complaisance. Une personne âgée partie en maison de retraite peut être amenée à en passer par là, si elle est dépourvue de descendants. Ou alors une femme qui vient de se séparer et qui se retrouve avec plusieurs enfants à charge. S’il y a en plus deux chats et deux chiens, elle ne peut plus les assumer ! »
Que se passe-t-il quand un animal est abandonné ?
Yoann nous explique qu’il existe deux grands cas de figures. « Premièrement, l’animal n’a pas été identifié par tatouage ou puce électronique, bien que ce soit obligatoire en France. Dans ce cas, comme il est impossible de retrouver son maître, il va d’abord passer huit jours en fourrière ». Si personne ne vient le réclamer, il est remis à un refuge qui se chargera de le faire adopter, s’il a encore de la place. Dans le cas contraire, l’animal risque fort d’être euthanasié.
Dans un deuxième cas, le maître peut accomplir les démarches prévues pour céder la propriété de son animal à un refuge. « Vous allez donc remplir des papiers comme quoi vous ne souhaitez plus détenir votre animal. Vous en cédez la propriété au refuge qui lui trouvera une famille au plus vite. Si l’animal est un chiot ou un chaton, il ne va rester que quelques jours au refuge. S’il s’agit d’un American Staffordshire ou d’un Labrador noir de douze ans, l’adoption sera compliquée ». Néanmoins, sauf en cas de maladie grave, ou d’agressivité incontrôlée, il est rarissime que les refuges pratiquent l’euthanasie.
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La constellation des acteurs du bien-être animal
Les refuges sont généralement rattachés à des associations. Parmi elles, la plus connue est sans doute la SPA de Paris. En outre, la Confédération de défense de l’animal (ex-SPA de Lyon) gère en direct 170 refuges en France. La Fondation Brigitte Bardot possède quant à elle trois refuges. Tandis que la Fondation 30 millions d’amis gère deux refuges en direct (ceux des Aubris et de la Tuilerie), tout en soutenant financièrement tous les autres. Enfin, la Fondation Assistance aux Animaux possède cinq refuges en propre.
Outre ces acteurs parmi les plus connus, il existe aussi de nombreuses petites associations. Ces dernières effectuent dans l’ombre un travail remarquable. Sans structure, sans ressource, elles ne peuvent compter que sur l’énergie de leurs bénévoles sur le terrain. Elles covoiturent, recueillent des animaux refusés par les refuges, faute de place. Elles sont également très actives en matière de stérilisation des chats puisque « c’est un vrai problème », nous rappelle Yoann.
Enfin, Yoann attire notre attention sur des refuges spécifiques, « comme celui de GroinGroin spécialisé dans le recueil des cochons vietnamiens. Ou le refuge de La Tanière, près de Chartres, que j’invite tous vos lecteurs à aller visiter. Ce zoo-refuge a été fondé par un couple ayant décidé de consacrer sa fortune aux animaux. Ce refuge récupère ainsi les animaux des zoos et des cirques qui ferment et ne peuvent plus s’occuper d’eux ».
Un talent de communiquant au service du bien-être animal
La lutte contre l’abandon passe aussi par des campagnes de communication insistant sur la prévention. Comme le rappelle Yoann : « Cette année, nous avons reçu le soutien de Tilda Swinton lors de la remise de la Palm Dog Wamiz à Cannes. L’année précédente, nous avions reçu celui de Quentin Tarantino. Chaque année, une célébrité vient récupérer la Palm Dog au nom d’un chien ayant bien performé dans un film. Au-delà de l’anecdote, nous essayons de faire passer un message positif sur la place du chien dans la société. »
« De la même façon, nous travaillons avec KDOG, un programme mis en place par l’Institut Curie. L’idée consiste à s’appuyer sur l’odorat particulièrement développé des chiens pour détecter les cellules cancéreuses du sein, notamment ». Ce programme est aussi une façon de valoriser les « super-pouvoirs du chien ».
Pour lutter contre les abandons, Yoann communique également beaucoup sur empruntemontoutou.com ou mon-bibou.fr. En effet, ces plateformes proposent des gardes solidaires d’animaux de compagnie pendant l’été. Comme il l’affirme sans détour : « Quand on trouve les solutions aux ‘contraintes’ posées par nos animaux, ces dernières disparaissent. »
Les aventures de Pomponnette sur les plateaux télé !
Yoann se rend souvent sur les plateaux télé pour parler des différentes initiatives favorables au bien-être animal. Parfois, avec les intéressés eux-mêmes. « Or, avoue-t-il, gérer des animaux sur les plateaux télé, c’est toujours particulier. Mon chat Pomponnette, pourtant très habituée des plateaux télé, a ainsi disparu dans les coulisses parce qu’elle a eu peur du bruit des talons contre le carrelage. On s’est retrouvés avec ma copine Solène Chavanne, Christophe Beaugrand, Marine Le Pen, qui elle-même avait des chats, mais aussi Roselyne Bachelot, Thierry Moreau, etc. tous à quatre pattes en train de chercher mon chat dans les coulisses de TF1, en jetant de la nourriture un peu partout sur le plateau, pour éviter qu’elle ne réapparaisse en plein entretien politique ! » Pas de panique, Pomponnette est réapparue… au bout de six heures. Comme quoi, la communication sur le bien-être animal, cela peut s’avérer parfois sportif, mais aussi tellement gratifiant !
* chanson de Céline Dion préférée de Yoann.