Les codes de la maison Chanel (2/2)

Petite robe noire, parfum N°5, tailleur en tweed… Coco Chanel a révolutionné le monde de la mode avec son élégance. Nombre de ses créations sont aujourd’hui devenues des pièces iconiques que le monde entier continue de s’arracher. Petit tour d’horizon des codes de la maison Chanel pour que vous puissiez devenir incollable sur le sujet.

Chanel a réussi un tour de force, celui de laisser une empreinte indélébile dans le monde de la mode et même dans la société. En effet, les noms de ses pièces signatures sont directement rattachés à la maison Chanel dans l’imaginaire collectif, même chez ceux pour qui la mode est la dernière des préoccupations. Si par exemple je vous dis « tailleur en tweed », n’importe qui pourra m’associer ces trois mots à Chanel. Une des clés de ce succès, c’est que Gabrielle n’a créé que des vêtements qu’elle aurait pu porter. Et c’est ce qu’elle a fait d’ailleurs. Elle a réfléchi à ce qu’elle aimait et en fait une création accessible à toutes les femmes. Vous verrez donc toujours Coco vêtue de tenues de sa marque ou de vêtements sont similaires à cet univers. C’est peut-être cette envie d’imposer son style et de libérer toujours plus le corps de la femme qui l’a poussée à revenir sur le devant de la scène mode.

Un come-back dans la mode compliqué pour Chanel après huit ans d’absence

Durant la Seconde Guerre Mondiale, Coco ferme logiquement ses boutiques. Mais les rumeurs d’espionnage pour le compte des nazis pèsent sur elle à la fin de la guerre. Elle est soupçonnée d’avoir travaillé avec les services secrets allemands durant la guerre. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a eu une liaison avec le baron Von Dincklage, dignitaire allemand accusé lui aussi d’espionnage. Même si les charges contre elle ne sont pas retenues, son image est ternie. Elle choisit de faire profil bas pendant huit ans en s’installant à Lausanne en Suisse. Mais elle finit par rouvrir ses boutiques en 1953.

Elle présente en février 1954 une nouvelle collection. L’accueil est plus que mitigé en France. La presse évoque des tenues d’un autre temps et se moque du fait qu’une femme de 70 ans veuille habiller des jeunes femmes de 20 ans ou 30 ans. En revanche, sa collection connaît un succès important aux Etats-Unis. C’est ainsi l’Amérique du Nord qui lui permet de se relancer. Une fois les USA conquis, la France va étrangement revoir son jugement et encenser les looks imaginés par Mademoiselle. Coco est alors bel et bien de retour. Elle va créer de nouvelles pièces aujourd’hui devenues des codes de la maison Chanel.

Le sac 2.55

Ce sac signe le retour de Chanel sur le devant de la scène mode. Le 2.55 tient son nom de la date de sa sortie, soit février 1955. Fait à l’époque en cuir d’agneau ou en tissu, son élément caractéristique est son matelassage dit diamant. C’est en fait une surpiqûre formant des motifs de losanges. Elle s’est inspirée pour cela des tapis de selle du milieu de l’équitation. Elle a pu observer longuement le matelassage au cours de ses promenades à cheval avec son amant le duc de Westminster. Révolution à l’époque, ce sac possède une chaîne, ce qui permet de le passer sur l’épaule et d’être libre de ses mains. Jusque-là, les sacs n’avaient que des poignées courtes et les femmes devaient les tenir à la main. Autre élément caractéristique, son fermoir, baptisé « Mademoiselle », prend la forme d’un petit rectangle que l’on fait pivoter pour ouvrir le sac.

Le 2.55 existe aujourd’hui dans toutes les couleurs et toutes les matières. Il est présent dans chacune des collections de la maison. C’est l’un des plus célèbres codes de la maison Chanel. Karl Lagerfeld créer d’ailleurs en 1983 un nouveau modèle directement inspiré de ce sac. Il remplace simplement le fermoir « Mademoiselle » par le double C de la marque et le nomme le 11.12. Le reste est similaire à celui de Coco. Le succès est immédiat. Le 2.55 et le 11.12 sont de nos jours parmi les sacs les plus iconiques et les plus adulés au monde. Ce sont les dream bags de toute fan de mode.

Le tailleur en tweed

On ne peut pas parler du style Chanel sans évoquer le tailleur en tweed. Il définit à lui seul l’allure de la femme Chanel. Coco le fait apparaître pour la première fois en 1954 dans une des ses collections. Veste droite courte à manches longues et jupe jusqu’au genou sont ses caractéristiques. La veste possède deux ou quatre poches. Une chaîne lui permet de conserver sa forme. Elle a une boutonnière comme les vestes pour hommes. Les boutons ont pour motifs des éléments de superstition que Chanel adore : la tête de lion, l’épi de blé et le double C.

Au-delà de la coupe, c’est la matière qui fait sensation. Le tweed est alors réservé au vestiaire masculin. C’est lors de ses nombreux séjours en Ecosse qu’une idée lui vient. Son amant le duc de Westminster porte des costumes en tweed que Chanel lui emprunte tous le temps. Elle décide alors de créer une pièce avec ce tissu confortable et élégant. Le tailleur en tweed est né. Elle se fournit en textile à Carlisle en Angleterre. Elle fait également appel à des ateliers français pour du sur-mesure. Lesage, qui appartient à Chanel aujourd’hui, en faisait déjà partie. Depuis sa création, toutes les collections Chanel comptent plusieurs tailleurs en tweed. Si les couleurs et les coupes ont évolué, l’esprit de cette pièce signature de Chanel reste le même.

La marinière, un des codes de la maison Chanel

La marinière est un autre des emblématiques codes de la maison Chanel. C’est en observant les marins normands des années 1910 dont c’est la tenue de travail que Gabrielle se prend d’affection pour la marinière. Elle se l’approprie ensuite et la porte à Deauville comme tenue balnéaire. Puis elle décide de l’intégrer à ses collections. Ce choix fait scandale à l’époque. Une tenue de travail masculine portée par une femme ? Mais Chanel, au fort caractère légendaire, se fiche pas mal de choquer et continue de créer des marinières pour ses collections. Et Mademoiselle a bien eu raison. Cette pièce est devenue un intemporel de la garde-robe. A tel point que, des années plus tard, le couturier Jean-Paul Gaultier décide d’en faire un de ses codes de référence. Karl Lagerfeld appréciait particulièrement cette pièce. Nombre de ses silhouettes voyaient la marinière revisitée chaque saison.

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Les chaussures bicolores

C’est l’une des dernières créations de Coco. Elle lance ses chaussures bicolores en 1957. Dès leur sortie, elles deviennent les chaussures emblématiques de la marque. Déjà vingt ans avant, la créatrice en porte. Pour elle, ils sont « le dernier point de l’élégance ». Elle choisit comme teinte pour ces souliers, ses deux couleurs référence, le beige et le noir. S’ils symbolisent pour elle l’élégance, ce choix est loin d’être anodin. Comme elle l’explique, le beige permet d’allonger les jambes et le noir, qui pare le bout de la chaussure, n’est pas salissant et donne l’impression d’un pied plus petit. Le bicolore s’impose sur des ballerines et des escarpins à petits talons. Plus tard, on l’associe à des paires avec un élastique derrière la cheville.

Aujourd’hui, la combinaison de deux teintes se retrouve sur toutes les formes de chaussures, des sandales à talons aux bottes en passant par les espadrilles. Si le bicolore s’est décliné dans beaucoup de teintes différentes, Virginie Viard, actuelle directrice artistique de la marque, est particulièrement fidèle aux historiques beige et noir. Vous venez ici de découvrir les derniers codes de la maison Chanel. Vous êtes maintenant devenus des experts des créations de la marque au double C ! A votre tour maintenant de dévoiler les secrets de ces pièces iconiques.

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