Kamala Harris : première femme vice-présidente des États-Unis

Kamala Harris : première femme vice-présidente des Etats-Unis

« Vote him out », littéralement : « Dégagez-le ! » Tel aura été le slogan ayant rythmé les élections présidentielles américaines de 2020. Après plusieurs jours d’attente, les résultats sont tombés. Joe Biden vient d’être élu 46ème président des USA, refermant l’unique mandat de son prédécesseur Donald Trump, tenu en échec lors de ce scrutin. Le nouveau président démocrate de 77 ans doit en partie sa victoire à sa colistière Kamala Harris, 55 ans. Elle devient ainsi la première femme issue de la diversité vice-présidente des Etats-Unis. Portrait d’une battante au parcours fulgurant. 

Le rêve de Kamala

Kamala Harris est ambitieuse : dès son plus jeune âge, elle souhaite devenir présidente. Issue d’une famille arc-en-ciel : son père, professeur d’économie à l’Université de Stanford, est d’origine jamaïcaine, tandis que sa mère, oncologue spécialiste du cancer du sein, vient du Tamil Nadu en Inde. Fun fact : Kamala est une passionnée de cuisine qui aime partager ses recettes sur les réseaux sociaux… tout en se montrant une redoutable avocate. Portée par sa détermination et son franc-parler, elle devient procureure générale de Californie de 2011 à 2017, ce qui fait d’elle la première femme de la diversité à occuper ce poste.

Kamala Harris : première femme de la diversité vice-présidente des USA
Photo officielle de Kamala Harris

Malgré un barrage de critiques, elle entre au Sénat en 2017. La petite fille d’Oakland entrevoit son rêve devenir réalité alors qu’elle accède aux plus hautes sphères politiques américaines. Cependant, elle refuse de se prévaloir de sa réussite comme d’une performance individuelle, qui n’appartiendrait qu’à elle. Elle veut au contraire en faire profiter le plus grand nombre. Ainsi, elle lutte contre les injustices, en se montrant une infatigable militante des droits civiques, de l’égalité de traitement entre les communautés. Elle défend également la réinsertion des détenus ou encore l’élargissement de la couverture santé. 

Défaite aux primaires démocrates

Boostée par son expérience de sénatrice, Kamala se lance dans les primaires démocrates, ou elle rencontre un franc succès auprès des jeunes. Néanmoins, sa campagne aux primaires se heurte à un financement insuffisant, de même que son personnage est jugé trop anticonformiste par certains.

Son rêve de petite fille semble lui échapper quand elle est obligée de jeter l’éponge. Sa campagne écourtée aura néanmoins permis de mettre en lumière certaines failles du système. Elle dénonce l’inégalité de moyens entre les candidats. L’accès au bureau oval semble être réservé aux seuls milliardaires hommes.

À la suite de cette défaite, Donald Trump lui adresse un message : « Dommage ! Tu vas nous manquer Kamala. » Elle lui réplique du tac au tac : « Ne vous inquiétez pas, Monsieur le Président, nous nous recroiserons à votre procès. »

Choisie par Joe Biden 

L’histoire ne s’arrête pas là. Après sa victoire aux primaires, Joe Biden propose en août 2020 à Kamala de devenir sa colistière, refermant ainsi les spéculations sur la constitution du ticket démocrate. Malgré ses critiques exprimées par le passé envers celui qui succède à Donald Trump, Kamala décide de tourner la page en acceptant de relever ce défi.  

« Joe », comme elle l’appelle amicalement, ne l’a pas choisie au hasard. Certes, elle aura eu besoin de lui pour accomplir son rêve d’entrer à la Maison Blanche. Mais lui aura bénéficié de sa jeunesse et de son dynamisme, en accord avec le besoin de renouveau et de diversité universellement ressenti. Ainsi, Kamala lui aura apporté les voix qui lui faisaient défaut : celles des minorités et des jeunes. Parce qu’elle aime le rap, le hip-hop, et qu’elle a le rythme dans la peau, elle aura contribué à considérablement rajeunir l’image un brin statique attachée à Biden.

D’autant qu’au même moment, l’Amérique est en pleine souffrance. Les droits des Noirs et des minorités sont bafoués par la politique ultra-droitière de Trump. Le mouvement Black Lives Matter dénonce sans relâche la sous-représentation des minorités dans les élections. Le ralliement de Kamala à la campagne de Biden a représenté une aubaine pour ce dernier, donnant à nouveau droit de cité à l’Amérique de la diversité !

Kamala Harris première femme de la diversité vice-présidente des USA
Marche du mouvement Black Lives Matter organisée à Washington en juin 2020
pour le respect des droits civiques des Noirs (Samuel Corum / Getty images)

Les axes de la présidence Biden-Harris 

Comptant parmi les pays les plus touchés par le coronavirus, les USA n’ont pas bénéficié d’une gestion efficace de la crise par l’administration précédente. Harris n’a cessé de rappeler cette triste réalité pendant sa campagne, mettant en avant ses préoccupations liées à la santé publique. Ce thème de campagne s’articule parfaitement avec celui de Biden, qui fut vice-président de Barrack Obama entre 2008 et 2016. Justement, ce dernier propose de restaurer l’Obamacare. Mieux : il souhaite l’étendre à toute la population. Kamala, dont la santé publique est l’un des chevaux de bataille, a pesé de tout son poids pour que ce retour figure parmi les priorités du président Biden.

À la suite de cette victoire, la Maison Blanche s’apprête également à reverdir. En effet, Harris et Biden ont promis de réintégrer les accords de Paris sur le climat. Tournant le dos aux énergies fossiles et au gaz de schiste, ils souhaitent investir massivement dans les énergies renouvelables.

Fidèle à son programme démocrate, Joe annonce vouloir taxer davantage les plus fortunés. Néanmoins, soucieuse de ne pas s’attirer les foudres des classes moyennes, Kamala rappelle que « Joe Biden n’augmentera pas les impôts des ménages gagnant moins de 400 000 dollars annuels. »

Kamala vice-présidente des États-Unis !

Pendant cette compagne présidentielle, plus encore qu’à l’accoutumée, Joe et Kamala on dû affronter de multiples accusations et fake news en tout genre. Trop vieux, trop sévère pour l’un, pas assez américaine, en décalage avec les préoccupations des Africains Américains pour l’autre. Mais les résultats sont là : le rêve est devenu réalité.

Dans une Amérique au bord de l’implosion, ce combo gagnant vient redonner de l’air aux citoyens US stressés par un Trump devenu complètement imprévisible. « Vote him out » : voilà qui est fait, Trump s’en va. L’air de « the Change », qui aura résonné durant toute la campagne, souffle désormais sur l’ensemble du pays.

Le nouveau président américain ne s’en cache pas, il ne souhaite faire qu’un seul mandat. En effet, âgé de 81 ans en 2024, il considère qu’il aura alors atteint la limite d’âge. Biden parti, la voie sera libre pour que Kamala, si elle le souhaite encore, devienne la première femme issue de la diversité présidente des États-Unis !

Cet article a 4 commentaires

  1. Chagneaud

    Très bel article l’idée qu’une femme deviendrait la prochaine présidente des États Unis me séduit beaucoup

  2. Chapeau bas pour cet article et pour les Etats-Unis. J’ai l’impression qu’ils nous ont donné une leçon de démocratie. ça n’a pas été simple mais les candidats et le pays ont bien résisté pendant cette période électorale ! ?

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