Derrière les shows à couper le souffle, les paillettes et les lumières, les projecteurs sont désormais orientés vers l’impact écologique de la Fashion Week. De nombreuses prises de conscience et révolutions fleurissent chaque année. Ensemble, découvrons celles-ci afin de savoir si la Fashion Week et l’écologie forment un duo si incompatible ?
L’impact environnemental de la Fashion Week : plusieurs chiffres vertigineux
Reconnue comme la deuxième industrie la plus polluante, les principaux chiffres de la Fashion Week demeurent méconnus. À l’heure où les écologistes s’alarment face à la multiplication de la production de vêtements, des matières sont à bannir pour limiter ces chiffres révoltants. Chaque année, plus de 2 milliards de jeans sont fabriqués puis vendus. Sachant qu’il requiert 7 000 à 10 000 litres d’eau, soit 285 douches, le constat est menaçant. D’ailleurs, certaines semaines de la mode seraient plus polluantes que d’autres. À noter que celle de New York concentre 37 % contre 28 % pour celle de Paris d’après L’ADN Tendances.
Un rapport de Zero To Market opéré par ordre.com ainsi que Carbon Trust a été publié. Ce dernier a privilégié l’étude des transports de la Fashion Week. Donc, cela ne représente qu’une infime partie de cet événement. Ils estiment que 241 000 tonnes d’équivalent CO2 sont générées sur 12 mois lors des quatre Fashion Week incontournables. Sans compter, l’impact des médias ou des influenceurs qui n’est pas inclus.
Une situation révoltante
Plusieurs manifestations ont lieu chaque année défendant diverses thématiques environnementales. Le mouvement principal, Extinction Rebellion, dénonce l’usage du cuir et les conditions extrêmes des travailleurs. Mais également, les répercussions de ce secteur sur la pollution, le réchauffement climatique, la biodiversité… De nombreuses initiatives sont menées pour défendre leurs convictions, en renversant du faux sang sur les trottoirs de The Strand notamment. Ou, par leur irruption lors du défilé Dior en septembre dernier. En marchant, un message fort est porté.
Derrière cette mobilisation, se cachent de nombreux facteurs néfastes. Effectivement, hormis les nombreux déplacements évoqués précédemment, regroupant le personnel de la marque, des mannequins, des techniciens, des personnalités publiques, des médias… Il faut également mentionner les trajets des vêtements d’un endroit à un autre, ainsi que les logements ou l’électricité. Sans oublier, la création de tous les vêtements et tissus mobilisés. De plus, l’ensemble des papiers, des mails, des bouteilles d’eau, et des plantes jetés converge vers cet impact environnemental inquiétant. De surcroît, derrière les décors et les spots fascinants, se cachent de nombreux matériaux qui ne sont pas forcément recyclés.
Notons tout de même que les semaines de la mode détiennent une portée lucrative florissante. Ainsi, selon l’Institut français de la mode en 2016, la Fashion Week permet la création de 5 000 emplois à temps plein. De surcroît, elle génère 10,45 milliards d’euros de retombées directement pour les marques. Pour satisfaire les multiples secteurs, supprimer la Fashion Week ne serait pas une solution miraculeuse. Bien au contraire, il est nécessaire de repenser écologiquement cet événement monumental. La finalité primordiale est celle d’un duo harmonieux et non-incompatible entre la Fashion Week et l’écologie.
Un souffle d’espoir à travers des perspectives d’évolutions
La pandémie mondiale a joué un rôle important lors des défilés. Pour la Fashion Week de Paris, une alternance de catwalk en physique et à distance sera effectuée. Ainsi, l’usage de nouveaux canaux de diffusion démontre qu’il est toujours possible de faire rêver même avec des conditions drastiques. En s’appuyant sur les nouvelles pratiques, repenser la Fashion Week à travers l’inclusion du digital peut permettre de limiter l’impact environnemental. Toutefois, pour ne pas effleurer l’incohérence, il ne faut pas miser sur l’aspect éco-responsable seulement sur cet événement. En effet, c’est toute une industrie qu’il faut réinventer dans sa globalité.
Rappelons que le Fashion Pact célébrera ses deux ans le 26 août prochain. Il comptabilise plus de soixante entreprises mondiales de secteurs variés comme le sport, le luxe, le prêt-à-porter, le lifestyle et également les fournisseurs et distributeurs. Un consensus : endiguer l’impact environnemental de leur secteur avec des initiatives axées sur le climat, les océans et la biodiversité. Leurs objectifs ambitieux ont séduit plusieurs entreprises, qui se sont intégrées par la suite. Ainsi, nombreux sont ceux qui s’impatientent de connaître le prochain bilan.
Des semaines de la mode revisitées
Certains ont parfois opté pour des décisions plus catégoriques, qui semblent inenvisageables pour les quatre Fashion Week principales. En effet, la Fashion Week de Stockholm en 2019 avait été annulée afin de favoriser la protection de l’environnement. Par ailleurs, une fashion Week axée sur le développement durable a vu le jour à Helsinki. Celle-ci avait proscrit le cuir notamment, contraignant ainsi les créateurs à privilégier des matières plus écologiques. Au Portugal, également, nous retrouvons une Green Fashion Week qui a réalisé sa neuvième édition en 2019. De plus, la toute première Fashion Week Végan a eu lieu à Los Angeles en 2019. Ainsi, l’initiative s’est déclinée sous plusieurs aspects. En passant par les vêtements ou les gobelets, c’est une initiative innovante !
Récemment, a eu lieu la Fashion Revolution Week, une semaine planétaire dédiée à la sensibilisation d’une mode écoresponsable. En conséquence, le droit, la relation et la révolution ont guidé cette édition. Pour l’occasion, un hashtag #WhoMadeMyClothes a été lancé. Ce sont donc de véritables tournants de la mode qui permettent d’envisager la Fashion Week et l’écologie comme un duo compatible.
Le tout dernier projet issu de la Fédération de la haute couture et de la mode
Découvrons l’ambition la plus récente ! Deux outils innovants accessibles entre septembre et octobre 2021 à de nombreux acteurs. Le premier se consacre à l’événementiel. Celui-ci propose aux maisons de calculer préalablement le coût de l’événement. Tout en la guidant, pour adopter les bons choix afin de limiter les conséquences environnementales. Le deuxième est en collaboration avec l’Institut Français de la mode. Ce dernier permettra d’orienter la collection au profit des engagements et performances environnementales et sociales. Pour finir, la fédération mentionne son investissement lors de la Fashion Week en faveur de moyens de transports plus responsables ainsi que du recyclage des décors notamment. D’ailleurs, les guides en papier sont désormais supprimés pour l’application Paris Fashion Week, présente depuis un certain temps maintenant.
Les marques misent désormais sur des défilés engagés.
Un choix judicieux : des collections éco-responsables
Comment aborder le duo Fashion Week et écologie sans évoquer Stella McCartney, pionnière de la mode éco-friendly ? À l’occasion de son catwalk printemps-été 2020, le créatrice anglaise a conçu son défilé avec 75 % de matériaux responsables. Innovante, elle a d’ailleurs proposé une nouvelle matière entièrement recyclable, la fausse fourrure Koba. Celle-ci est composée de fibre végétale et de polyester recyclé.
Alexander Mc Quenn prône également cette dynamique en proposant des collections basées sur d’anciennes chutes de tissu. Sur la même lancée, Benjamin Benmoyal a présenté lors de sa collection intitulée « It was better tomorrow » des tissus écoresponsables. Ceux-ci sont réalisés à partir de bandes magnétiques issues de fils et de cassettes recyclées. Puis, Afterhomework mise lui aussi sur l’upcycling d’objets du quotidien. Tout comme Givenchy à partir de jeans des années 90. D’autres maisons plus timides pour l’instant, comme Courrège, revisitent certaines pièces de leur collection. Ainsi, on retrouve notamment son iconique veste en plastique, désormais réalisée avec des algues. Le jeune créateur Simon Portes Jacquemus, mise énormément sur le lin, principalement produit en Europe et faible en eau.
Un rythme de défilé différent
D’ailleurs, Jacquemus a rassemblé les collections, hommes et femmes en une seule. Quant à Gucci, la maison ne produira que deux défilés par an désormais. Sur cette dynamique, Patrick McDowell avait remplacé son défilé pour une initiative originale. Effectivement, celui-ci a organisé un pop-up basé sur l’échange de vêtements à Londres.
Un décor respectueux de l’environnement
Beaucoup misent sur un décor écologique comme Mui Miu, composé d’aggloméré et de contreplaqué. De plus, les maisons recyclent les décors de leurs catwalk. Ainsi, lors de son défilé printemps été 2020, Dior a par exemple replanté dans Paris les arbres de son show. Tout comme Chanel qui opte pour la location des éléments de leur structure. Gucci ou encore Gabriela Hearst avaient proposé des défilés neutres en carbone. Tout en prônant une démarche éco-responsable, du transport au décor.
A lire aussi : Comment est né le mythe de la revenge dress ?
Des détails significatifs
Le titre du défilé de Marine Serre, « Marée noire », annonçait la couleur ! Au sein même de son show, elle interpelle les spectateurs pour transmettre un message fort, tout en présentant de nombreuses pièces upcyclées. Toujours sur cette initiative, Antoine Tron a salué ses invités en arborant fièrement un tee-shirt d’Extinction Rebellion, le groupe de manifestants évoqué précédemment.
Dites-nous si vous aussi vous attendez avec impatience la Fashion Week de Paris, pour découvrir la place de l’écologie lors des shows et voir si les deux forment un duo efficace !