Entretien avec Pascal Légitimus, un artiste prolifique (1/2)

Interview Pascal Légitimus

Un des Inconnus les plus connus. Acteur, producteur, humoriste, mais ce n’est pas tout, Pascal Légitimus est un artiste imprévisible qui suscite un vif intérêt ! Animé par l’écriture, il est l’auteur de L’Alphabêtisier, un livre intergénérationnel à acquérir au plus vite. À l’occasion de cet événement, nous avons eu le plaisir d’échanger avec lui. Son processus d’écriture ou encore son prochain livre, partons à la découverte de Pascal Légitimus.

Ô Magazine : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots même si la majorité de nos lectrices doivent déjà vous connaître ?

Pascal Légitimus : Je m’appelle Pascal Légitimus et je suis né à Paris. Mon père est d’origine antillaise et ma mère est d’origine arménienne. Je suis acteur, parfois producteur, parfois auteur et surtout, un artiste on va dire parce que je fais divers métiers. Essentiellement, j’aimerais qu’on mette sur ma tombe « un être humain ». Puis, comme définition ça serait bien de dire « ni pute, ni dupe » comme ça, on me définit très bien.

Nous allons parler de votre livre L’Alphabêtisier, est-ce que vous pouvez nous le présenter en quelques mots ?

P.L : L’Alphabêtisier, c’est une idée d’un ami journaliste, Monsieur Gilbert Jouin, qui est un ami très connu dans notre métier. Il a interviewé toutes les vedettes qui existent en France. Au départ, il m’a proposé de travailler sur les mots. J’ai dit : « ok ça, c’est mon métier ». Mais il m’a suggéré : « J’ai une idée toute bête, c’est d’enlever une lettre ou d’en rajouter une à un mot ». Il s’est rendu compte que ça changeait le mot et la définition. Donc le premier que l’on a trouvé, c’est le mot « dépôt-vente » si on ajoute un « r » ça fait « dépôt-ventre ». Il y a donc la nouvelle définition, c’est : femme porteuse. Après, on a été plus loin, on a pris des mots comme un « Clébar » qui est à l’origine un chien, puis cela devient un bar pour chien. Et du coup, on a commencé à trouver des définitions sur des mots qui ont été déviés.  En résumé, si vous êtes dans une situation et que vous ne trouvez pas le mot, qu’il n’existe pas, vous le trouverez dans mon bouquin.

Nous allons parler de votre livre L'Alphabêtisier, Pascal Légitimus, est-ce que vous pouvez nous le présenter en quelques mots ?
Pascalito ©

Après on a été plus loin, on s’est dit, bon, on va faire tout l’alphabet comme ça. Donc, on a pris tous les mots possibles et inimaginables puis, on a créé d’autres rubriques. Celles-ci sont plus philosophiques, en exprimant plusieurs points de vue. On y retrouve des chansons détournées, on a créé des fausses épitaphes, on a fait des lettres à Monsieur Edmond Santo et ainsi de suite. Il y a beaucoup de rubriques, ce qui donne un gros bouquin de 290 pages. Pour moi, c’est un livre philosophique d’humour, ce n’est pas seulement drôle.

Comme vous nous l’avez dit, le livre part d’une idée originale de Gilbert Jouin. Avant qu’il ne vous propose ce projet, aviez-vous déjà envie d’écrire un livre ou est-ce que c’est ce projet en particulier qui vous a donné envie d’écrire ?

P.L : Alors ça fait quelques années que beaucoup d’éditeurs me contactent pour que je puisse écrire un bouquin. Mais je leur ai dit : « Moi, écrire mes mémoires, une biographie, je suis un petit peu jeune encore donc, ce n’est pas pour tout de suite ». Puis, faire comme tout le monde, ça ne m’a jamais emballé. J’ai toujours essayé de me surprendre moi-même et les autres donc, d’aller là où on ne m’attend pas. Je trouve que c’est plus intéressant. Donc, j’ai rejoint Gilbert Jouin sur cette idée-là, parce que je ne pouvais pas forcément me raconter. Je suis quelqu’un de plutôt pudique. Le but était toujours de faire rire les gens d’une manière, on va dire en toute modestie, intelligente.

En ce qui concerne l’écriture du livre : comment vous êtes-vous organisé ? Vous êtes-vous donné une timeline ? L’avez-vous écrit d’une traite ou avez-vous préféré en écrire un peu tous les jours dès que vous vous sentiez inspiré ?

P.L : On s’est vu régulièrement. Soit on déjeunait, soit on se voyait dans un café, soit on se téléphonait, soit on se voyait par interface. En tout cas, ça a pris du temps parce que c’est beaucoup de travail. Mais on va dire que tout compilé, ça fait environ un an de travail. Dès qu’on avait une idée, on la notait sur un carnet puis on se la disait par mail. Puis, moi je le corrigeais ou il me corrigeait ou je rajoutais, je complétais et ainsi de suite. On a travaillé deux concerts.

On peut imaginer que le processus d’écriture a été différent pour ce livre par rapport à vos autres projets.  Est-ce que tous les mots vous sont venus en premier puis vous les liez avec une définition ou c’était l’inverse ?

P.L : Il y avait un peu de tout. Parfois, on prenait un mot tout bête et puis, on tentait de chercher le néologisme, en essayant de trouver la lettre qu’il fallait retirer ou rajouter.

Ensuite, on a écrit des rubriques toutes bêtes en se disant par exemple le féminin de « coquin », c’est « coquette ». Donc, on a créé une rubrique au féminin de tous les mots. Parce qu’on voulait quand même que ça ne soit pas raciste, antiféministe et ainsi de suite. Donc on a enlevé toutes les rubriques un peu tendancieuses, pour ne pas vexer les gens. On a privilégié aussi de l’aspect féminin parce qu’on estimait que la femme était quelqu’un de mal employé, de sous employé, de défavorisé, vous (en tant que femme) connaissez le problème depuis des siècles. On est plutôt respectueux avec ça, donc on a créé ces rubriques. C’est vrai que dans ce livre, ce sont les hommes qui en prennent plus que les femmes. Il y a le côté machiste, qui ressort assez bien d’ailleurs.

Effectivement, c’est au gré de l’imagination qu’on se dit : « tiens si on faisait ça ». À un moment donné, j’avais écrit une chanson, celle d’Alain Souchon Allô ! Maman, Bobo et donc j’ai dit : « Allo maman bio-bio ». Je me suis dit, oui effectivement, c’est l’actualité. Après, j’ai changé toute la chanson pour en faire une espèce de plaidoirie contre les anti-écolos. À chaque fois, il y avait une raison mais, ce qui était important c’est qu’il y ait du sens. Faire rire certes, mais il faut qu’il y ait du sens dans tout ce que l’on a édité.

Le but de ce livre, était-il que les mots inventés rentrent dans le langage courant ou vous souhaitez que ces mots restent propres au livre ?

P.L : Au départ, on ne s’est pas dit ça. On s’est dit, on va s’amuser, on va essayer de transmettre des choses et de mettre en transe. C’est notre éditeur, Michel Lafon, qui a dit que ce qu’il serait intéressant, c’est de le proposer à l’Académie française, qu’il soit dans leur bibliothèque pour qu’il puisse, pourquoi pas, l’utiliser. S’il y avait ne serait-ce qu’un mot choisi, adoubé et accepté par l’Académie française, on serait évidemment très fier ! Par exemple, le groupe Les Inconnus est entré dans le Larousse. J’ai appris ça l’année dernière donc, c’est toujours flatteur quand on fait quelque chose.

C’est un peu comme une histoire d’amour. On veut que ça continue, mais on ne sait jamais ce qui va se passer à l’avance, quoique, des fois… Ce qu’il faut maintenant, c’est apprendre à identifier les autres. C’est-à-dire que lorsqu’un homme ou une femme vient vers vous, il faut se demander pourquoi. Tant que l’on n’a pas la réponse, il ne faut pas bouger.

Donc, nous (les Inconnus) quand on écrit un sketch, un bouquin, un film, on sait pourquoi on le fait, mais cela ne nous appartient plus. Quand des gens le reçoivent, il y a toujours un peu d’amour là-dedans. C’est-à-dire que, s’il n’y a pas d’amour dans tout ce qu’on fait, on se dit : « Quel est l’intérêt ? », « Qu’est-ce que les gens veulent nous prendre ? ». Donc, il faut toujours être un peu dans le don de soi quand on fait quelque chose artistiquement. Dans les inconnus, pour Télémagouille, l’un de nos premiers tubes, on ne s’est pas dit : « On va écrire un sketch pour faire de l’argent ». On a écrit, on s’est exprimé, après voilà. 

Interview Pascal Légitimus, sortie de son livre L’Alphabêtisier
Philippe Quaisse ©

En parlant des inconnus, nous savons que le sous-titre « voyage en terme inconnu » fait référence à voyage en terre inconnue, mais est-ce l’on peut en déduire un clin d’œil aussi à votre trio ? Est-ce qu’on peut se dire que l’on retrouvera le même type d’humour dans ce livre ?

P.L : Dans la question, il y a la réponse. Effectivement, on a failli faire l’émission voyage en terre inconnue, que j’avais proposé quand notre film, Les 3 frères numéro 2, était sorti en 2013. Mais ça paraissait compliqué. Dans le sens où tout le monde était partant, sauf Bernard qui disait : « Mais comment on va faire, on est tous les trois alors que dans l’émission, c’est une personne ». J’ai dit : « Oui, mais c’est original d’emmener les trois et après, on voit ce qui se passe au fin fond de la jungle, le but, c’est de faire du divertissement ». Mais ça ne s’est pas fait.

Du coup, j’ai gardé cette idée-là et puis, quand on a essayé de trouver un sous-titre, je trouvais que c’était intéressant. Je crois que c’est Gilbert Jouin qui a trouvé le titre. Il y a aussi la « préfarce » de Alex Vizorek. Donc « préfarce », ça donne toujours le ton, déjà en couverture, on sait à quoi s’attendre. Effectivement, dans le livre, il y a un peu de l’ADN des inconnus, bien évidemment.

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Quand vous avez écrit ce livre, vous aviez une cible en particulier ou est-ce que vous pensez qu’il est abordable pour tous ?

P.L : On n’avait pas de cible en particulier. Il peut se lire de 12 à 90 ans parce qu’il y a un large spectre de présentation et de créativité. Je pourrais même penser qu’on peut en faire un jeu en famille, se poser des questions, deviner les choses. Même au niveau de l’éducation littérale des enfants, ça peut être très intéressant. Concernant la grammaire, le vocabulaire, d’ouvrir un peu les esprits et de pas juste se dire que cela existe. Il faut aussi se demander s’il y autre chose derrière, c’est toujours intéressant d’aller plus loin.

Donc, pour le bouquin, c’est vrai que les gens pourraient y trouver un premier degré, un second degré, même un troisième degré. Parce que des fois, on lit quelque chose, on se dit que l’on ne comprend pas et puis « ah oui d’accord ah, il a voulu dire ça » et je trouve ça intéressant, le côté un peu énigme. C’est un bouquin un peu intelligent en fait, voilà, c’est ça qu’il faut dire, mais ce n’est pas à moi de le dire. (rire)

Vous avez reçu de la part du Lions Club le Grand Prix de l’humour pour ce premier volume, un deuxième livre est en cours d’écriture, que pouvez-vous nous en dire ?

P.L : Nous n’avons pas de deuxième volume parce que l’on s’est rendu compte que le premier était tellement épais, que l’on ne va pas faire le deuxième.

Donc il sera complètement différent ?

P.L : Alors, j’ai l’idée d’un autre bouquin que je ferai tout seul, dans la même veine, mais il sera différent. Mais pas avec les mots de cette façon, ça sera autre chose. Pour le Lions Club, j’étais content parce que je ne m’attendais pas à recevoir un prix. Écoutez, c’est toujours bien d’avoir des preuves d’affection.

Avec Eva Belabbes.

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