Avec plus de deux millions de livres vendus en à peine quinze ans de carrière, Benjamin Lacombe a imposé son univers dans le monde de la littérature. Cet artiste français, s’est affirmé dans le monde entier grâce à l’esthétique de ses dessins, et son rapport particulier avec la littérature et le monde de l’enfance.
Benjamin Lacombe fait ressortir son âme d’enfant dans ses dessins. Intervenant souvent dans les écoles il cultive son imagination en gardant ce lien avec la jeunesse. Cette proximité est aussi visible de par les ouvrages qu’il choisit d’illustrer qui sont pour la plupart des Contes.
Un univers fantastique et merveilleux
Depuis son enfance il voue une passion pour le dessin et la littérature. À dix ans, lorsqu’il lit Alice au pays des Merveilles, il ambitionne déjà d’illustrer ce conte. Il réalise son vœu près de vingt après, lors du 150e anniversaire de la parution de ce livre. Ses sources d’inspirations proviennent d’artistes flamands, de Léonard De Vinci ainsi que des illustrateurs Disney. Les cinémas de Tim Burton, Wes Anderson, et David Fincher l’inspirent aussi. Sa curiosité et sa passion des profils d’artistes atypiques lui permettent de proposer un monde complexe.
Cette caractéristique lui offre l’occasion de toucher un public varié. Les contes s’adressant apparemment aux enfants, peuvent aussi correspondre à un public d’adultes. L’étrangeté de ses dessins et le choix des œuvres illustrées, comme Les Contes Macabres d’Edgar Allan Poe, expliquent la diversité de son public.
La bizarrerie qui nourrit ses œuvres repose sur son travail de stylisation. Ce processus consiste à représenter la réalité perçue et ressentie. Par conséquent, au travers de ses œuvres, c’est sa perception de la réalité que Benjamin Lacombe transmet. Pour cela, il adopte sa propre technique de dessin. Celle-ci affiche un jeu avec les formes et les volumes : « J’ai poussé le plus loin possible ma problématique qui a été d’avoir des formes très stylisées, avec des volumes réalistes » confie t- il lors du reportage qui lui est consacré sur Cap Canal, en 2014.
Un artiste français reconnu dans le monde entier
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts décoratifs de Paris, Benjamin Lacombe a publié son premier ouvrage aux éditions du Seuil, Cerises Griotte : il s’agissait en fait de son projet de fin d’études. L’année suivante, en 2007, Time Magazine l’a nommé parmi les dix meilleurs illustrateurs jeunesse. Par la suite, il a collaboré avec la maison d’édition Albin Michel, ainsi que d’autres éditeurs étrangers. Ces collaborations ont facilité la diffusion de ses illustrations dans le monde entier. En effet, ses œuvres sont régulièrement présentées dans les galeries AD Hoc Art à New York, Nucleus à Los Angeles, Circus à Rome, Mazuren à Tokyo et à la Galerie Daniel Maghen Paris.
Au niveau international, des traductions de ses ouvrages dans diverses langues sont parues sur différents continents. Les nominations internationales de certaines de ses œuvres ont contribué à son succès. En 2018, il est nommé pour la seconde fois en Suède, aux prix commémoratifs Astrid-Lindgren. Cette distinction récompense les auteurs jeunesse. Ses multiples collaborations avec divers auteurs, et sa curiosité insatiable sont donc liées à sa réussite. À ce jour, cet illustrateur compte plus de deux millions de livres vendus.
D’ailleurs, en 2016, il a publié en collaboration avec Sébastien Perez, Frida. Dans cet ouvrage, il a rendu hommage à Frida Khalo, en immergeant le lecteur dans le processus créatif de cette artiste Mexicaine du 20e siècle. Toutefois, le lecteur découvre par la même occasion l’univers de Benjamin Lacombe. Cette œuvre éditée chez Albin Michel a propulsé ce dernier au premier plan. Ce n’était pourtant pas sa première collaboration avec cette maison d’édition. Il avait préalablement illustré L’herbier des fées, Ondine ou encore Madame Butterfly.
Repenser les classiques, la signature de Benjamin Lacombe
« J’ai un amour du classique et je pense que les classiques ont vocation à être bousculés justement, à être réinterprétés, et être reproposés et à être le miroir de notre société. » a t-il confessé à Tom Levêque lors de son interview pour boitamo.
Cet illustrateur unique en son genre travaille sur les œuvres « classiques » qui ont construit son enfance. En 2016, suite à ses collaborations avec Albin Michel, il a fondé sa propre collection « Les Classiques Illustrés ». Celle-ci s’adresse au jeune public. Cette démarche provient de son désir d’enrichir la maison d’édition qui ne possédait pas encore de livres de ce genre. Elle permet de repenser de manière imagée les récits les plus célèbres, tels que Le Magicien d’Oz. En 2020, lors de la présentation de son projet à la galerie Daniel Maghen pour la librairie Mollat, il avait expliqué son projet en ces termes : « Revisiter les textes classiques grâce aux visions d’artistes, donner envie de découvrir les œuvres du patrimoine tout en revendiquant de les chahuter, de les représenter avec indépendance, sont les objectifs de la collections que j’anime. »
Désormais directeur de collection, il a mis en place un système de collaboration avec d’autres artistes dessinateurs. Grâce à ce travail, il a enrichi son imagination et exploré de nouveaux univers. Les livres qu’il publie laissent le champ libre aux illustrateurs. Ces derniers décident des récits qu’ils souhaitent mettre en images. Ils sont aussi libres dans le choix des formes et des matériaux des livres.
Un travail de fourmi pour un univers unique qui respecte les œuvres
Son ambition, en illustrant ces livres et parfois en les réécrivant, est de proposer une nouvelle lecture des œuvres, et de les adapter à la société actuelle, afin de leur donner une valeur ajoutée. Pour ce faire, lorsqu’il entreprend d’illustrer un livre, il effectue un réel travail d’archives sur les origines de l’œuvre. Il s’attarde sur une problématique, le thème du livre choisi puis il étudie les personnages et leur psychologie. Son inspiration s’adapte aux récits pour retranscrire le message qu’ils contiennent. Par conséquent, Benjamin Lacombe sélectionne avec soin les outils qu’il utilise. La matière du papier, le type de peinture, ou encore les couleurs correspondent à l’atmosphère qu’il souhaite faire ressortir de l’œuvre.
« Ca serait vraiment dommage, en fait, si on appliquait une recette pour tout puisque ça voudrait dire qu’on raconte un peu toujours la même histoire », a-t-il déclaré en 2016 lors d’une visite de son atelier organisée par la librairie Mollat. Perfectionniste dans son art, il produit en moyenne trois livres par an. Deux s’adressent à un jeune public, et le dernier à un public d’adultes. D’ailleurs, en 2020, il s’est de nouveau associé à Sébastien Perez. Ensemble, ils ont développé la première collection de livres jeunesse.
Benjamin Lacombe, un artiste touche à tout
Cependant, Benjamin Lacombe ne se contente pas d’illustrer, de réécrire, voire d’inventer des histoires. Il crée aussi des livres d’arts, et élargit sa discipline artistique à la sculpture. Il accorde une place importante au partage et reconnaît au travers d’une entrevue avec Tom Levêque : « J’aime tout ce qui me permet de transmettre mon univers et de m’exprimer ».
Par ailleurs, chaque année, il publie un calendrier où il inclut ses œuvres les plus récentes, ainsi qu’un agenda et des carnets. Il est possible d’avoir un aperçu de son univers grâce à l’exposition Shizen qui se tient jusqu’au 5 juin à la Galerie Daniel Maghen, 36 rue du Louvre à Paris. Sa chaîne youtube contient aussi quelques montages de ses œuvres phares.