L’orgasme féminin, synonyme de plaisir, de jouissance, est le but ultime de l’acte sexuel. Mais qu’est-ce qu’un orgasme ? Quelles sensations procure-t’il ? Suis-je vaginale ou clitoridienne ? Si ces questions se posent à vous, alors quelques éclaircissements s’imposent. Ô Magazine vous ouvre les portes du plaisir charnel féminin…
Qu’est-ce que l’orgasme féminin ?
L’orgasme ou petite mort (expression datant du XVIème siècle, du fait des frissons ou du court évanouissement qu’il peut donner), est le point culminant du plaisir sexuel, la jouissance qui fait virevolter le corps d’une femme. Lorsqu’il se manifeste, l’excitation est à son paroxysme, les tissus érectiles se gorgent de sang et les tétons pointent. Une douce chaleur envahit entièrement le corps et, s’ensuivent de fortes contractions involontaires et rythmées du vagin, de l’utérus et du périnée. On compte de trois à quinze spasmes selon les personnes, avec des intervalles de 0,8 seconde précisément.
7% des Françaises n’ont jamais eu d’orgasme au cours de leur vie. 20% n’en ont pas eu depuis d’un an.
Sondage IFOP auprès de 1 006 Françaises âgées de 18 ans et plus, 11 décembre 2014.
D’ou vient l’orgasme féminin ?
Sur ce point, il persiste encore deux écoles. La première, tendant à disparaître, consiste à dire qu’il existe plusieurs orgasmes féminins, notamment clitoridien et vaginal, selon l’organe stimulé. La seconde, plus récente, affirme que le plaisir féminin n’est dû qu’à la stimulation directe ou indirecte du clitoris.
Le clitoris, organe du plaisir sexuel féminin
Tout le monde connait sa partie émergée, nommé gland (d’environ trois à cinq millimètres en moyenne), qui se trouve juste au-dessus du méat urétral. Mais savez-vous qu’il ne s’agit là que d’un dixième de sa taille véritable et que le reste se trouve à l’intérieur du corps ? De forme conique ou en double arche, il mesure plus ou moins 12 centimètres. Il se compose de deux bulbes et d’une paire de corps caverneux, entourant le vagin et l’urètre. Le clitoris serait le seul organe ayant pour fonction le plaisir sexuel. Cet organe érectile, fortement innervé, contient plus de 8000 terminaisons nerveuses (contre 6000 pour le pénis). D’ailleurs, le « fameux » point G, correspond en réalité, à la paroi antérieure du vagin, située juste en dessous du clitoris interne. L’orgasme dit « vaginal » provient simplement de la stimulation des branches profondes du clitoris.
Comment atteindre l’orgasme ?
Comme dit précédemment, l’orgasme vient de la stimulation directe ou indirecte du clitoris.
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En stimulation directe
Il est plus facile d’atteindre l’orgasme lors de la masturbation, d’un cunnilingus ou du frottement avec le pénis durant la pénétration (missionnaire, andromaque, phœnix…). Il vous suffit de relever le capuchon qui protège le gland du clitoris et de le stimuler avec le doigt humide, la langue de votre partenaire ou en cambrant le bassin afin qu’il soit au contact du pénis. Le plaisir féminin n’étant plus un sujet tabou, on trouve aujourd’hui toute une gamme de produits destinés uniquement à la masturbation. De forme phallique ou autre, manuels ou électriques, à consommer seule ou accompagnée.
En stimulation indirecte
Ce sont certaines positions du Kamasutra comme la balançoire, la cuillère, la grenouille ou la levrette qui aideront le pénis ou tout autre objet sexuel, à stimuler le fameux point G, zone du vagin fortement innervée par le clitoris interne.
Les sensations ressenties peuvent être différentes selon la zone du clitoris stimulé. Il va sans dire que pour atteindre l’orgasme, une femme a besoin de plus qu’une simple stimulation physique. Elle doit avoir envie, être excitée et avoir confiance en son partenaire afin de pouvoir se laisser aller. À cet égard, les préliminaires sont chaudement recommandés, car cette attention commune suscite l’envie, décuple le plaisir et prépare le terrain psychologique qui mène à l’orgasme.
Femmes fontaines et éjaculation féminine
Il s’agit de deux phénomènes bien distincts. Alors que toutes les femmes sont potentiellement fontaines, toutes ne peuvent pas éjaculer.
L’éjaculation féminine
Certaines femmes possèderaient une sorte de « prostate » située entre le vagin et l’urètre, portant le nom de glandes de Skene. D’après une étude de 2011, sur 25 femmes étudiées, seulement 14 disposeraient d’une « prostate » féminine. On lui donne le nom de prostate car le liquide qui s’en échappe, semblable au liquide prostatique masculin, se compose de PSA (protéine de la prostate). Sa taille est dix fois plus petite que celle des hommes, tout comme le liquide qui s’en échappe (un millilitre environ).
D’après le docteur Cabello Santamaria, environ 75% des femmes étudiées expulseraient un liquide au moment de l’orgasme. Ce liquide est plus ou moins important d’une femme à l’autre et pour la plupart imperceptible car trop peu important. C’est un liquide semblable à de l’eau, incolore, inodore et de goût neutre.
Femme fontaine
Il semblerait que toutes les femmes soient des femmes fontaines. Certaines le sont dès 18 ans alors que d’autres le deviennent vers 40 ans, à la suite de grossesses ou avec un nouveau partenaire. Celui-ci, plus attentionné, plus attentif à ses désirs, plus à l’écoute de son corps, lui permettrait un certain « laisser-aller » par rapport à un ancien amant. Dans le cas des femmes fontaines, le liquide provient de la vessie via l’urètre, mais il ne s’agit pas d’urine. Ce liquide, plus ou moins important d’une femme à l’autre, est libéré avant ou pendant l’orgasme, en cascade ou sous forme de jet. L’expulsion de ce liquide est une forme de lâcher-prise, d’abandon de soi. Certaines femmes contrôlent ce dernier alors que d’autres en sont incapables.
L’histoire du clitoris et de l’orgasme au travers des siècles
Revenons quelques siècles en arrière afin de bien comprendre l’évolution du plaisir féminin.
Au Moyen-Âge
Au Moyen-Âge, on ne connaît pas bien le clitoris. En ces temps, on pense que plus la femme a du plaisir, plus elle aura de chance de procréer. On encourage donc la stimulation du clitoris afin d’augmenter le plaisir de la femme.
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À la Renaissance
C’est l’âge d’or. En 1550, la première description complète du clitoris est faite par un médecin chirurgien italien, Matteo Realdo Colombo. Il déclare le clitoris comme siège officiel du plaisir féminin. Il le compare même au pénis en mentionnant les similitudes. Après tout, il est vrai qu’au moment du développement fœtal, c’est le même départ cellulaire.
Au XVIIIème siècle
Au XVIIIème siècle, c’est la chasse à la masturbation (= onanisme). D’abord masculine puis féminine. Selon le médecin suisse Samuel Tissot, la masturbation féminine rendrait hystérique, épileptique et sourde. La découverte du processus de procréation sonnera le glas pour le clitoris, on le déclare persona non grata. N’ayant plus aucune mission dans cette merveilleuse aventure qu’est la fécondation, il n’a forcément plus aucun intérêt…
Début du XXème siècle
Début du XXème siècle, Sigmund Freud, célèbre psychanalyste, n’est visiblement pas très copain avec le clitoris. Il en fait même son ennemi public numéro 1. Il dénonce l’orgasme clitoridien comme étant celui de la petite fille ou de la femme immature et déviante. Alors que l’orgasme vaginal est celui de la femme mature avec une sexualité d’adulte.
Freud dit que la petite fille « remarque le grand pénis bien visible d’un frère ou d’un camarade de jeu, le reconnaît tout de suite comme la réplique supérieure de son propre petit organe caché et, dès lors, est victime de l’envie du pénis ».
L’oeuvre de Freud : l’invention de la psychanalyse, Geneviève Morel.
Pour devenir une femme épanouie et mature, la petite fille devra abandonner son clitoris, afin de se tourner vers une sexualité où le membre masculin, viril et dominateur, pourra pleinement la combler et la satisfaire sexuellement.
Françoise Dolto elle-même écrira « qu’il est de toute importance que la fille fasse son deuil de ses fantasmes masturbatoires clitoridiens (…). La solution, c’est l’investissement vaginal ».
Psychanalyse et pédiatrie, 1971.
Autant vous dire qu’on n’a pas vraiment encouragé la stimulation du clitoris et, par la même occasion, l’épanouissement sexuel chez la femme.
Fin du XXème siècle et début du XXIème siècle
Est-ce l’arrivée d’un nouveau millénaire ? Possible, en tout cas, c’est à ce moment qu’on réhabilite le clitoris dans sa fonction primordiale et déterminante lors de l’orgasme. Les femmes veulent jouir, seules ou en couple, mais elles veulent être libres. Libres de l’emprise masculine et pénienne sur leur propre plaisir. Ça y est, c’est dit, il n’existe qu’un seul organe destiné exclusivement à l’orgasme et au plaisir féminin : le clitoris. D’ailleurs, rendez-vous compte, ce n’est qu’à la rentrée 2017 qu’apparaît le premier schéma de clitoris dans un manuel scolaire de quatrième. Cette fois, on le représente dans sa globalité et non plus seulement par le petit bout de la lorgnette.
L’orgasme, un plaisir défendu
Nous ne pouvions aborder le thème de l’orgasme féminin sans parler de l’abomination qu’est l’excision. Il s’agit de l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins externes correspondant au clitoris et/ou petites lèvres. Véritable drame physiologique et psychologique pour la fille (réalisée entre 5 et 14 ans dans 80% des cas), le plaisir orgasmique devient presque impossible. Le clitoris interne est en effet intact mais les blessures externes laissent, pour la plupart des femmes, des douleurs à vie.
Les raisons de l’excision sont diverses selon le peuple qui la pratique. Ainsi, on retrouve :
- Le contrôle de la sexualité de la femme.
- L’idée que sans clitoris, la chance de procréer est plus importante.
- La croyance religieuse (musulmane, chrétienne ou animiste, bien qu’aucun texte religieux n’en parle).
- Ainsi que le besoin de se conformer au reste de la société afin de ne pas être mis à l’écart par les autres membres et permettre à la jeune fille de trouver un mari.
Ce thème sensible et délicat, sera abordé plus en détail dans un prochain article.
En somme…
Pour conclure, il est important de rappeler que chaque femme est unique et que l’orgasme féminin est propre à chacune. C’est la conséquence d’une stimulation physique accompagnée d’une excitation cérébrale. D’une femme à l’autre, les moyens d’y parvenir sont bien divers, et il faut savoir écouter ce que dit le corps mais aussi l’esprit. La libération de la parole ces dernières années permet aux femmes d’en parler sans tabou. Mais c’est l’émancipation de la femme qui va désacraliser la masturbation autrefois réservée au sexe masculin, et permettre aux femmes de mieux se connaître. Alors mesdames ne bouder plus votre plaisir, car votre orgasme compte autant que celui de votre partenaire. N’hésitez pas à réagir ou pourquoi pas nous parler de votre propre expérience. Ô Magazine est, et restera toujours à votre écoute.
Cet article a 3 commentaires
Merci pour cet article. J’aimerais vous faire partager mon expérience
Bjr Lina et merci pour votre commentaire. Sachez que ce serait un beau cadeau que de nous faire partager votre expérience car, comme le disait Gérard de Nerval, l’expérience de chacun est le trésor de tous. Au plaisir de vous lire prochainement…
cet article est super interessant