Anxiogène, la recherche d’un nouvel emploi ? Pour dédramatiser, Marie Hombrouck nous donne ses « trucs » pour décrocher le job idéal. La méthode qu’elle propose est tirée de son expérience personnelle : après une première vie en tant qu’avocate d’affaires qui ne la satisfaisait pas, elle a connu le succès en tant que chasseur de têtes, à tel point qu’elle a fini par créer son propre cabinet, Atorus Executive. Avec son livre Et si vous trouviez (enfin) le job idéal ? Tous les secrets d’un chasseur de têtes paru en septembre dernier aux éditions Vuibert, elle met son expertise au service du plus grand nombre, afin de nous aider à décrocher à notre tour LE job idéal. Rencontre avec l’autrice…
À l’origine avocate spécialiste du droit boursier, Marie Hombrouck a connu une crise d’identité en 2008. Son côté empathique l’a incitée à se tourner vers le recrutement. Ayant là trouvé son job idéal, elle a depuis créé sa propre structure, Atorus Executive, cabinet de niche dédié aux recrutements en urgence dans les fonctions RH et juridiques. Selon Marie, parmi les chasseurs de têtes, il y a deux approches : l’ancienne et la nouvelle. Elle se positionne résolument comme un chasseur de têtes nouvelle façon car, pour elle, « l’humain est au cœur de notre métier ».
Portrait du chasseur de têtes 2.0 : l’humain d’abord !
Concrètement, que fait un chasseur de têtes ? D’un côté, un client se présente à lui car il souhaite recruter. Le chasseur va alors l’aider à mieux définir son besoin. De l’autre côté, le chasseur fait face à un vivier de candidats. Selon Marie, sa mission consiste à organiser une chasse au trésor en allant chercher le bon candidat pour son client. « Pour que ça marche, il va falloir que je lise plusieurs centaines de CV ; que je contacte une cinquantaine de personnes ; que j’en rencontre une vingtaine ; pour finir avec une short liste de trois candidats seulement ». Il faut donc mettre en place un véritable système d’entonnoir, de la compréhension des besoins du client à ceux du candidat, en faisant preuve de beaucoup de psychologie.
À l’heure actuelle, certains secteurs subissent une éclipse. D’autres, au contraire, connaissent une hausse exponentielle des demandes de recrutement, les fonctions RH et juridiques en tête. Comme l’a expliqué Marie, « le basculement vers le télétravail a placé ce type de fonctions au cœur de la gestion de la crise ». Résultat des courses, le vivier de candidats RH et juridiques est aujourd’hui extrêmement réduit : c’est l’effet de ciseaux. En outre, le secteur des technologies est également très dynamique suite à l’explosion des visioconférences et autres outils de travail à distance.
L’importance des réseaux sociaux, LinkedIn en tête
Avec l’arrivée du Covid, les rencontres réseaux « petits fours » se sont réduites comme peau de chagrin. À la place, employeurs et candidats ont basculé vers les réseaux sociaux. Pour son livre, Marie a sollicité Philippe Attal, spécialiste en la matière, notamment sur LinkedIn. « Il nous a donné tous ses secrets pour avoir un profil LinkedIn efficace ».
La première chose à faire avant d’aller sur les réseaux consiste à se poser les questions suivantes : « Pourquoi va-t-on écouter le réseau social ; qui va-t-on écouter ? » Une fois que le candidat s’est familiarisé avec les réseaux et qu’il en a compris les codes, il peut alors commencer à devenir actif. C’est donc au fur et à mesure qu’il gagne en expérience sur les réseaux, qu’il comprend mieux leur fonctionnement, que ses actions se révéleront plus pertinentes.
Comme nous l’a expliqué Marie : « J’ai personnellement tout testé : au début, quand je me suis inscrite sur LinkedIn, j’acceptais tout le monde. En fait, quand vous acceptez n’importe qui, vous vous constituez un réseau qui ressemble à tout et n’importe quoi. Donc, je ne suis pas favorable à l’acceptation massive des invitations ». Pour autant, il existe un seuil de 500 connexions en deçà duquel un recruteur considère qu’un candidat n’a pas encore activé son réseau LinkedIn.
Pour trouver le job idéal : structurer, structurer, structurer
Au-delà de l’outil numérique, les conseils de méthode de Marie se résument en trois mots : « structurer, structurer, structurer ». Selon elle, « le pire que les gens puissent faire, c’est d’envoyer leur CV à tout le monde sans s’être organisés ni avoir discriminé… et attendre les retours. Car dans ce cas, les retours seront très peu nombreux… voire nuls ! » En lieu et place, Marie conseille de faire un rétroplanning, en se fixant des échéances hebdomadaires correspondant chacune à une action. « Exemple : cette semaine, je fais mon CV ; la semaine suivante, je fais mon LinkedIn, etc. »
Marie poursuit : « Je conseille également de réaliser un tableau excel avec le nom de tous les chasseurs de têtes et des actions à mener auprès d’eux. Pareil pour les entreprises. Il faut alors ne pas oublier de se faire des pense-bêtes pour les relancer ». Plutôt que d’envoyer son CV de façon indistincte, Marie conseille de cibler les bonnes personnes, même si cela nécessite un travail de recherche. Dans son livre, elle a ainsi détaillé toutes les étapes de la recherche d’emploi les unes après les autres, de façon structurée. Cela recouvre la définition du projet professionnel jusqu’à la négociation du salaire, en passant par la préparation de l’entretien d’embauche.
Les soft skills ou compétences comportementales : cela se travaille !
Dans le vocabulaire RH, les soft skills (compétences comportementales) s’opposent aux hard skills (compétences techniques). Ces dernières désignent ce que vous apprenez à l’école, puis à l’université. Elles sont finalement sanctionnées par un diplôme. Par contraste, les soft skills recouvrent tout ce qui a trait au comportement du candidat : capacité à négocier, communiquer, s’organiser ; à travailler en équipe ou bien alors de façon autonome ; à faire preuve d’empathie ou d’intelligence émotionnelle, etc. Selon Marie, il est important de travailler ses soft skills. En effet, « quand un recruteur a le choix entre deux candidats à compétences techniques égales, la différence se jouera sur les soft skills. C’est donc le petit plus qui permet de l’emporter ».
Dans ce cas, comment faire pour booster ses soft skills ? À ce propos, Marie a pour son livre sollicité l’avis de Christophe Roquilly, Directeur de l’Edhec Augmented Law Institute. Pour lui, il existe plusieurs façons de développer ses soft skills : l’enseignement déjà, comme à l’Edhec qui a lancé des modules dédiés aux soft skills. Autre possibilité, les transferts de compétences. Comme le résume Marie, « ce n’est pas dans un livre que vous allez apprendre à négocier. C’est plutôt en échangeant avec des gens qui savent négocier. »
Parmi les soft skills les plus décisives, on trouve la confiance en soi. C’est la raison qui l’a poussée à rencontrer le leader de la Patrouille de France. En effet, comme elle nous l’a expliqué, « je voulais m’inspirer de son parcours pour, à mon tour, avoir davantage confiance en moi ».
Négociations sur la rémunération de son job idéal : savoir oser !
Concernant le chapitre sur la rémunération, Marie s’est plus particulièrement adressée aux femmes. En effet, ces dernières ne font généralement aucune demande concernant leur rémunération. Pourtant, « la première chose que j’ai envie de dire à vos lectrices, c’est : ‘Pour trouver le job idéal, osez négocier ! N’ayez pas peur, ça va bien se passer’ ». Bien entendu, il faut préparer son entretien en fonction de sa personnalité. Nulle obligation de se montrer offensive, voire agressive, si l’on a une personnalité consensuelle à la base. Néanmoins, Marie rappelle qu’il est tout de même possible d’apprendre certaines techniques de négociation. Il convient par exemple de déterminer sa propre valeur sur le marché afin de définir un cadre de négociation, entre une fourchette haute et une fourchette basse.
À ce propos, l’autrice conseille de consulter les études de rémunération disponibles sur internet. Il est également possible d’échanger avec ses pairs et ses collègues, pour se rendre compte de leur situation. En outre, des sites comme Glass Door permettent de définir une cible de rémunération, par entreprise. Comme le rappelle Marie, « il s’agit de coller à la réalité, en évitant de demander des chiffres fantaisistes, tout en prenant en compte ses besoins matériels et psychologiques ».
Avant de nous quitter, Marie a souhaité faire passer un message encourageant à tous ceux qui doutaient : « C’est pas grave si ça n’a pas marché. Il y aura d’autres occasions ! »