Ne vous êtes-vous jamais demandé.e quelle est l’histoire de la Paris Fashion Week (PFW) ? Ses origines ? En attendant d’admirer les prochains défilés de mode féminine du 5 au 8 juillet prochain, voici le récit de la mode haute couture, à la parisienne.
Si la Fédération de la Haute Couture et de la Mode (FHCM) a vu le jour en 1848, ce n’est pas le cas de la Fashion Week. Ou semaine de la mode, afin d’éviter l’anglicisme. Pour savoir d’où vient cette tradition des défilés biannuels, il faut remonter à une centaine d’années plus tôt.
Les prémices de la Fashion Week
Plongeons nous dans le contexte. Nous sommes au début du XIXe siècle, à l’heure des comités mondains. On y parle souvent affaires, mais aussi culture, dans de somptueux salons. Parés des plus beaux vêtements, chacun essaye de montrer richesse et puissance. Tout le gratin de la société parisienne s’y retrouve. Parmi ces participants de prestige, le styliste Paul Poiret s’impose dans le milieu. Ce couturier de renom organise les plus grands bals de la mode parisienne, afin d’y exhiber ses plus belles créations. Une première à l’époque. Son événement le plus connu reste La mille et deuxième nuit en 1911. Mais Monsieur Poiret n’est pas le seul. D’autres de ses confrères et consœurs, comme Charles Worth ou Lady Duff Gordon, prennent part à ce processus d’exhibition.
À compter des années 1920, se démarquent de plus en plus de créateurs, tels que Rochas, Lanvin ou Coco Chanel. Par ailleurs, les démonstrations sont davantage discrètes, et réservées à un public trié sur le volet. La plupart étant de riches acheteurs et acheteuses. Aucune presse n’est autorisée à pénétrer dans ce monde sacré de la Haute Couture. Pour cause, une ouverture de l’image de cette dernière au grand public pourrait susciter des tentatives de plagiat.
Alors que la Seconde Guerre Mondiale prend fin, la mode américaine, insufflée par le soft power, fait de l’ombre au made in France. Les codes new-yorkais se font une place. La preuve avec la première FW organisée à New York en 1943 par la styliste Eleanor Lambert. Mais cette influence venant de l’autre côté de l’Atlantique n’est pas le seul changement constaté après 1945. La même année, la FHCM, autrefois Chambre Syndicale de la Haute Couture, instaure aux maisons un quota de 35 tenues à présenter pour chaque nouvelle saison.
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Le talent parisien renait de ses cendres
À l’aube des années 1950, la mode parisienne reprend son souffle. Nombre de stylistes prometteurs/euses émergent, et fondent l’empire de la couture à la Française. Parmi eux/elles, Christian Dior, qui en 1947 sort sa collection Corolle. Un succès planétaire relayé par la presse à l’international, et qui amène la touche parisienne en pôle position. Le créateur venait de donner naissance à une toute nouvelle silhouette : le New Look. Des formes et motifs innovants pour revaloriser l’image de la femme, mise de côté durant la guerre.
Une décennie plus tard, c’est Yves Saint Laurent qui lui succède. Avec Pierre Bergé comme mécène et amant, le jeune couturier réussit à s’imposer au sein des plus grands. Alors âgé de 24 ans seulement, YSL apporte un regard neuf et stylisé aux codes parisiens et désamorce le prêt-à-porter.
France VS Amérique : Bataille de Versailles
Comment raconter l’histoire de la Paris Fashion Week en bonne et due forme sans évoquer sa première représentation ? Il s’agit de la Bataille de Versailles, qui a eu lieu en 1973 dans la même ville, comme son nom l’indique. La « bataille » était l’affrontement entre le savoir-faire français et américain. Une joute confrontant cinq créateurs de chaque nationalité s’est déclarée. Pierre Cardin, Hubert de Givenchy, Yves Saint Laurent, Christian Dior et Emanuel Ungaro se sont ainsi mesurés à leurs concurrents Bill Blass, Stephen Burrows, Halston, Anne Klein et Oscar de la Renta. C’est ce qui marquera le début naissant de la Paris Fashion Week.
Au fil du temps, la semaine de la mode parisienne devient un événement incontournable, médiatisé à l’échelle internationale. Ce concept s’est d’ailleurs propagé à travers le monde entier, comptabilisant désormais 140 villes réceptrices. L’imagination et la liberté de créer se sont émancipées, laissant place à des shows toujours plus originaux et hauts en couleurs. Par ailleurs, avec l’avancée du numérique et la problématique de la crise sanitaire, les défilés se démocratisent et sont rendus de plus en plus accessibles au grand public via Internet. Un jour peut-être, pourrons nous tout.e.s y assister ?