À toutes celles et tous ceux qui sont en plein questionnement sur leur vie professionnelle, Marina Bourgeois et Caroline Averty nous montrent la voie… pour Trouver sa voie ! Dans l’ouvrage qu’elles ont fait paraître dans la collection My Happy Job des éditions Vuibert le 26 octobre dernier, les autrices appliquent (notamment) les principes de la psychologie positive pour emmener leurs lecteurs vers leur épanouissement professionnel. Dans l’interview qu’elle nous a accordé, Marina Bourgeois est revenue sur le diagnostic, les outils pour s’en sortir et plus généralement la méthode qu’elle et Caroline ont mise au point en tant que spécialistes de la transition professionnelle.
Ayant démarré sa carrière dans le droit, Marina Bourgeois est désormais à la tête de sa société Oser rêver sa carrière. Spécialisée en reconversion professionnelle et épuisement professionnel, elle vient en aide aux personnes en plein questionnement sur les suites à donner à leur carrière et à leur vie. Caroline Averty, co-autrice de l’ouvrage, a quant à elle passé 12 ans chez Suez en tant que responsable RH. Elle-même reconvertie, ayant trouvé sa Voie, elle est désormais consultante indépendante en transition professionnelle pour Oser rêver sa carrière.
Le burn-out, un épuisement professionnel
Au cours de sa carrière, Marina a accompagné de nombreuses personnes en burn-out*. « Il s’agit d’une souffrance atroce, nous a-t-elle averti, un véritable effondrement intérieur ! La personne ne peut plus fonctionner ! Elle a épuisé tout son capital énergétique et ne peut plus avancer dans sa trajectoire, qu’elle soit professionnelle ou même personnelle ». Les causes du burn-out sont variées.
Premièrement, de manière classique, il concerne les personnes surmenées pendant une longue période. À la fin, elles finissent par s’effondrer. Deuxièmement, le bore-out est un burn-out « inversé ». Il concerne toute personne en sous-régime structurel pendant plusieurs mois, suite par exemple à une placardisation. Privée de sa charge de travail normale, la personne finit par s’ennuyer et se remettre en cause. Le sens de son travail, comme son utilité, disparaissent. Là encore, le risque d’effondrement psychologique est bien présent.
Contrairement à la dépression, le burn-out est avant tout lié à une situation professionnelle, là où la dépression est multifactorielle. Comme l’a expliqué Marina, « dans la dépression, il y a une absence de projection dans l’avenir. Si projection il y a, elle est nécessairement négative ou anxieuse. Dans le burn-out, le moral peut être là, c’est-à-dire que les personnes continuent de se projeter dans l’avenir ». Cela constitue une différence importante, notamment dans la recherche des remèdes curatifs.
La psychologie positive appliquée à la reconversion : trouver son Flow pour trouver sa voie…
Pour se sortir de telles situations, Marina a fait appel notamment aux principes de la psychologie positive, laquelle ne recherche pas les causes d’un mal-être, contrairement à la psychologie traditionnelle. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Florence Servan-Schreiber, experte en France de la psychologie positive, a préfacé l’ouvrage de Marina et Caroline. En revanche, ce courant de la psychologie s’appuie sur des situations « positives », dans lesquelles les personnes ne sont pas nécessairement en souffrance. Comme nous l’a expliqué Marina, « nous ne sommes pas dans une démarche de réparation, mais d’augmentation de la qualité de l’état présent ». Appliquée au cas d’une transition professionnelle, la psychologie positive permet d’augmenter la projection optimiste vers l’avenir pour trouver sa Voie. Avec elle, au loin s’en vont les doutes et les craintes de l’accompagné !
Parmi les idées centrales de la psychologie positive, le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi (1934-2021) a mis en avant le « Flow » dès les années 1970. Le Flow, terme anglais signifiant Flux ou Zone, est l’état mental d’une personne complètement plongée dans une activité qui la passionne. Pleinement concentrée et engagée, elle en ressent une grande satisfaction. Selon Marina, « même si la tâche semble difficile, une personne dans le Flow la réalise avec une facilité déconcertante. L’impression de pesanteur et de lourdeur disparaît parce qu’elle est complètement dans ce qu’elle fait. En tant qu’accompagnante, j’amène les personnes à identifier leur Flow, ouvrant ainsi le champ des carrières possibles pour elles ».
… et trouver son inspiration pour désacraliser
Les périodes de questionnement suscitent généralement crainte, méfiance et peur. « Dans ces moments, a conseillé Marina, il faut savoir ouvrir les écoutilles pour trouver son inspiration ». La personne en reconversion pourra faire appel à des coaches et autres professionnels de l’accompagnement, certes. Mais aussi à ce que Marina a appelé des « personnes ressources et inspirationnelles ». Véritables mentors, ces dernières auront généralement aussi entrepris une transition. Cependant, elles en seront à un stade plus avancé. En conséquence, elles pourront partager leurs expériences positives (et négatives).
Auprès de cette Dream team, la personne en reconversion pourra éviter l’écueil de la sacralisation. Selon Marina, « c’est vraiment l’écueil à éviter pour trouver sa Voie ». On sacralise quand on a l’impression qu’on est sur le point de se lancer à l’assaut d’une montagne infranchissable. Or, l’écoute des autres permet de relativiser ou de désacraliser. La personne se rend ainsi compte que d’autres en sont passés par les mêmes difficultés, tout en les ayant surmontées. Comme l’a souligné Marina, « cela permet de relativiser et de désacraliser le chemin que l’on a devant soi. On se rend alors compte que, si la montagne ne se franchit pas en un seul jour, en cheminant par petites étapes, on va toutefois y arriver ! »
Ce qui nous amène à la troisième idée force de Marina : le kaïzen, c’est-à-dire le fait d’avancer pas à pas. Selon elle, « cela consiste à ne pas se focaliser sur le sommet de la montagne, trop impressionnant. En découpant son ascension en petites étapes ou micro-objectifs, on finit par atteindre son but. Simplement en mettant un pied devant l’autre ».
La longue marche pour trouver sa Voie
La structure de l’ouvrage est inspirée de la riche expérience de Marina et Caroline en matière de reconversion. Premièrement, le livre passe en revue le passé professionnel et personnel du lecteur, de façon à comprendre ses facteurs d’épanouissement ou de stress. Sur cette base, le cahier des charges du futur projet professionnel se dessine. Il permet de croiser les choses positives que le lecteur a pu connaître avec ses nouveaux besoins.
Deuxièmement, les autrices approfondissent l’introspection de leur lecteur. Il s’agit de faire émerger les besoins et les envies de ce dernier. Où veut-il aller ? Qu’a-t-il envie de faire concrètement au quotidien ? Marina a complété : « nous recherchons également ses zones de Flow, ses talents et ses valeurs. Grâce à cela, nous arrivons à dégager des nouvelles pistes professionnelles que nous allons explorer via différentes techniques : l’enquête-métier, l’immersion professionnelle, la prise d’information, etc. »
Troisièmement, les autrices procèdent par élimination. Elles déterminent si les pistes dégagées coïncident avec le cahier des charges précédemment établi. Selon Marina, « une fois que nous avons trouvé la Voie ou ‘piste-pépite’, nous mettons en place le plan d’action pour y parvenir : formation, etc. » Marina nous a prévenus que le travail préalable intérieur de transition pouvait s’étaler sur quatre à cinq mois.
L’importance de décentrer le travail de sa vie pour trouver sa Voie
Ce qui distingue la méthode de Marina et Caroline, c’est qu’elle prend en compte le projet de leurs accompagnés de façon holistique. Comme nous l’a expliqué Marina, « nous encourageons nos clients, quand ils décident de s’engager dans une démarche de reconversion, à insérer le professionnel dans leur projet de vie et non pas l’inverse ».
Cette optique provient de leur expertise en matière d’épuisement professionnel. « En effet, nous voyons énormément de personnes complètement essorées par leur travail. Nous leur conseillons alors de rechercher ce qui pourrait leur permettre de décentrer leur travail de leur vie. L’idéal serait qu’elles puissent, avant même d’envisager leur projet professionnel, envisager un projet de vie. Une fois qu’elles auront une meilleure idée de la façon dont elles souhaitent conduire leur vie, elles pourront à nouveau se projeter. Leur projet professionnel s’insèrera tout naturellement dans un projet plus global ».
Touver sa Voie… en couple !
Marina a pris l’exemple d’un couple de Parisiens. « La femme a fait un burn-out. L’homme a, quant à lui, frôlé l’épuisement professionnel, avant de s’arrêter à temps. Avec leurs deux enfants, ils ont alors sillonné pendant un an toutes les régions de France, avant de finir par s’établir en Bretagne. Ils ont également changé de vie professionnelle à deux. Pendant qu’ils bourlinguaient, ils se sont fait accompagner. Le fait d’avoir à la fois le mari et la femme en accompagnement a représenté pour nous une expérience intéressante et originale ». L’hypothèse de travail de Marina s’en est trouvée confortée : pas moyen de trouver sa Voie si on n’a pas construit un projet de vie englobant le professionnel !
* Marina Bourgeois, Burn-out. Le (me) comprendre & en sortir, autopublié, 2018.