Photographe amateur de 21 ans, Nojok organise plusieurs fois par mois des shootings à Paris et nous fait découvrir les coulisses d’une séance photo avec lui.
C’est au cœur du quartier de Montmartre, rue d’Orchampt que Nojok, de son vrai nom Luciano, nous a donné rendez-vous. Rues dérobées, chemins escarpés, escaliers et montées pentues nous donnent du fil à retordre pour retrouver le photographe et son modèle. Notre sport de la semaine achevé, nous retrouvons enfin Nojok et Matilde, son modèle, en pleine séance photo au milieu de la rue tranquille.
Appareil photo en main, le photographe se plie en quatre pour trouver le meilleur angle possible. Matilde, assise sur un skateboard et cheveux aux vent, pose élégamment et laisse Nojok lui dicter ses mouvements sur le coup de l’inspiration. “Oui, comme ça c’est bien. Regarde vers moi. Pose ta main là. Parfait ! ” Pas un bruit autour, pas un passant. Chaque cliché pris est unique. Un moment suspendu où plus aucune respiration ne se fait entendre. Le thème du jour : On my way to the terrasse. Robe noire satinée et skateboard décontracté sont mis à l’honneur pour ce shooting. “On ne penserait pas que ces deux éléments aillent bien ensemble et puis finalement ce mélange est plutôt pas mal !”, se réjouit le photographe.
À la recherche du meilleur spot pour la séance photo
Sac à dos sur le dos et appareil photo à portée de main, Nojok est à l’affût du moindre petit coin qui mettrait son inspiration en effervescence. “On va aller dans cette rue, là-bas. Elle a l’air pas mal du tout ! Direction donc rue Lepic. Petite rue animée aux terrasses vintages. Un mur de pierre recouvert de verdure se dresse au-dessus des tables rondes et rouges. Des chaises et des bancs d’école en bois ont été réquisitionnés pour accueillir de nouveau les parisiens. “J’aime beaucoup les endroits avec un peu de verdure, avec des couleurs et des fleurs. Surtout avec des modèles féminins, ça passe bien”, confie Nojok.
Terrasse, verdure, tout y est. Nous sommes donc au bon endroit pour la poursuite du shooting. Le photographe laisse maintenant parler son inspiration avec ce qui l’entoure. “Tiens, assieds-toi là et croise les jambes”, “Souris !”, “Regarde au loin. Oui voilà, ne bouge plus !”. Sous le regard de passants intrigués, la modèle prend la pose.
Quand la pose s’impose
Le photographe s’accroupit, se lève, va à droite, puis à gauche. Il a la bougeotte ! “Il faut trouver le meilleur angle pour prendre la photo. J’aime beaucoup le contre-plongé mais je m’adapte au modèle, parce que des fois sur certains, cet angle rend moins bien que sur d’autres. Après tout ce que je fais, je le fais pour une raison”, explique le jeune homme. Le photographe tient à garder le même thème du début à la fin. Il y a un sens à tous ses faits et gestes.
Le modèle, quant à lui, peut choisir ses poses et le photographe s’adapte. “Je suis son flow, même si je décide aussi de certaines poses avant de commencer le shoot”. Nojok joue avec le regard de ses modèles, le met en valeur et le fait parler. “C’est ce que je vise le plus quand je fais une photo, même s’il n’est pas directement pointé vers la caméra”. Faire parler une émotion, un sentiment dans le regard de ses modèles pour leur donner vie à travers ses photos, rendant alors ses clichés uniques et énigmatiques. Captiver le regard pour le rendre immortel et impénétrable.
Après la séance photo
Le shooting est sans doute la partie la plus fun et rapide à faire. Une fois terminé, Luciano n’en a pas fini avec les photos prises. “Je vais retirer tous les clichés qui ne sont pas valides, ceux qui sont flous, par exemple. Puis, je les envoie au modèle. En général il y en a 500, 100, ça dépend”, explique-t-il. Cette (laborieuse) étape terminée, le photographe met les photos sélectionnées par le modèle de côté et met aussi celles qu’il préfère.
Le moment de la retouche sonne le gong. Tons, lumière, contraste, couleurs. Tout est passé au crible pour avoir le meilleur rendu possible et surtout, (surtout) le plus naturel possible. “Je passe entre 30 et 45 minutes sur une photo et parfois une heure pour certaines. Je vais surtout modifier les couleurs, en fait. J’aime bien avoir des couleurs un peu différentes et qui sortent de l’ordinaire. Je vais parfois seulement enlever les petites imperfections que je vais voir sur le visage. Celles qui ne sont pas présentes en règle générale”, dévoile le jeune homme. Et tout ça, sans tomber dans l’irréalisme. Comme ce “avant-après” de Matilde.
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“Je veux pouvoir retranscrire une histoire” à travers les photos
Matilde est une privilégiée. La jeune femme de 20 ans est l’une des premières à avoir posé pour Nojok à ses débuts et suis donc son travail et ses améliorations au quotidien. C’est son troisième shooting avec Luciano et ne s’en lasse pas. “Ça fait longtemps qu’on se connaît et quand j’ai appris qu’il s’était mis à la photo je me suis dis pourquoi pas faire un shooting avec lui”, déclare la modèle. Le jeune photographe organise en règle générale six ou sept shooting par mois, “mais en ce moment ça s’est un peu ralenti. En moyenne, en ce moment, j’en ai à peu près quatre. Et je change de thème à chaque fois”.
Le jeune homme ne vit pour l’instant pas de sa passion, mais souhaite y parvenir grâce à une formation approfondie et un travail acharné. “Je veux pouvoir réussir à retranscrire une histoire, un message à travers des photos. Il n’y a pas de son, ni de mouvements mais on peut tout de même comprendre le message véhiculé. C’est à ce moment-là que je suis vraiment satisfait de mon travail”, confie Luciano. Une passion née, étonnement, grâce au confinement strict de mars 2020. Et depuis, son appareil photo n’est jamais bien loin. Comme cette période aura eu du bon pour certains !
Transmettre le rapport humain et le regard à travers la photo sont les maîtres mots de ce photographe en herbe. Les yeux sont au centre de son art pour rendre ses clichés vivants et touchants. C’est comme plonger dans le regard et au tréfond des pensées de ses modèles. Ce n’est pas pour rien que nos yeux sont le reflet de notre âme.