Depuis avril 2015, Nikole Hannah-Jones travaille pour le quotidien américain du New York Times. Reconnue pour sa rigueur et son autorité, cette journaliste américaine est spécialisée sur les questions de ségrégation raciale et de discrimination. Portrait d’une femme de caractère en quête de vérité.
« La rage est ce qui m’anime ». Cette phrase est le titre du discours donné par Nikole Hannah-Jones dans le cadre de la conférence The Power of Storytelling (le pouvoir de la narration en français) en janvier dernier.
Il s’agit d’un forum réunissant de nombreux intervenants. Des chefs d’entreprises, des écrivains récompensés ou bien encore des éditeurs. L’objectif ? Discuter de leurs parcours respectifs et comment chacun peut en tirer des leçons bénéfiques pour le futur. Avec assurance et panache, la journaliste du New York Times a délivré un vif plaidoyer pour dénoncer les discriminations raciales en Amérique. Ses mots furent d’autant plus importants qu’ils ont été prononcés quelques mois après les émeutes dramatiques d’août 2017 à Charlottesville, en Virginie. Avec d’un côté les suprémacistes blancs et les manifestants antiracistes composés de militants afro-américains et d’antifascistes.
Nikole Hannah-Jones : un parcours placé sous le signe de l’engagement
Née en 1976 d’un père afro-américain et d’une mère américaine d’origine tchèque et anglaise, la journaliste militante est originaire de l’Iowa. Toutefois, elle a grandi dans plusieurs états : l’Indiana, la Géorgie, la Caroline du Nord et l’Oregon. Deuxième d’une famille de trois sœurs, la jeune femme se passionne dès l’adolescence pour le journalisme en s’inscrivant au journal de son lycée. La jeune journaliste en herbe va alors affirmer sa plume en dénonçant les inégalités avec le busing par exemple. Mais que désigne cette pratique ? Elle signifie la promotion de la mixité sociale et raciale au sein des établissements scolaires publics grâce au transport scolaire. Pour quel but ? Favoriser le brassage culturel entre les élèves.
Après de brillantes études en histoire, études afro-américaines, en journalisme et communication, Nikole Hannah-Jones débuta sa carrière en 2003. Au sein du quotidien régional News & Observer basé à Raleigh en Caroline du Nord. Dans ce média, les questions d’éducation seront ses sujets de prédilection avant son départ en 2006. Au fil des années, la journaliste américaine multipliera les expériences professionnelles. Elle passera par le journal The Oregonian à Portland dans l’Oregon. Ensuite, dans l’organisme sans but lucratif ProPublica basé à New York. Un périodique qui prône un journalisme d’investigation d’intérêt public jusqu’en 2015 avant l’arrivée de la jeune femme au New York Times.
Une journaliste qui milite pour les droits civiques
Ses thèmes de prédilection sont les questions raciales, avec les droits civiques, mais aussi sociales. Avec une spécialisation dans la dénonciation des inégalités, notamment dans le domaine scolaire. En s’emparant de ces sujets, la journaliste du New York Times observe avec une précision digne d’un chirurgien sur ce qu’il se passe dans la société. Avec, en substance, cette volonté de recoudre le lien social entre les individus. De fait, en poussant le curseur de l’investigation journalistique au plus haut, à travers ses articles incisifs, la jeune femme met en lumière les angles morts de l’actualité qui sont passés hors des radars des rédactions.
« Le racisme est celui qui pense que tout ce qui est trop différent de lui le menace dans sa tranquillité ». Cette citation de l’auteur franco-marocain Tahar Ben Jelloun, est extraite de son livre paru en 1997 Le racisme expliqué à ma fille aux éditions du Seuil. En ce sens, cette phrase pourrait souligner la démarche militante de la journaliste Nikole Hannah-Jones. Une approche, forte en sens, qui a pour objectif d’aller vers l’altérité humaine et d’apprendre de cette dernière. Avec la tolérance et le respect comme valeurs centrales.
En définitive, son travail est d’autant plus estimable qu’il est nécessaire de lire ses différents travaux. Ces derniers incitent le lecteur à élargir son périmètre réflexif avec une démarche à retenir : rendre à la société ce qu’elle nous a donné. Avec humilité et sagesse.
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