Ce jeudi 24 Juillet, le Conseil de Paris a voté à l’unanimité pour nommer la future Arena 2 après la pasionaria de sport, Alice Milliat. Geste symbolique qui s’inscrit dans la volonté de rendre le monde sportif plus inclusif, et de valoriser le sport féminin. Après la controverse de son changement de logo en une effigie de Marianne épurée, les Jeux Olympiques de 2024 s’annonce engagés dans un effort de renouveau dans l’arène sportive.
La future Arena 2 se situera dans le nord de Paris, près de la porte de la Chapelle. L’enceinte de 8000 places accueillera les épreuves olympiques et paralympiques de badminton et de taekwondo. Le début des travaux est prévu pour la rentrée. L’Arena Alice Milliat devient donc le premier complexe olympique d’Europe à être nommé après une femme. Mais, ce n’est pas sans oublier un autre équipement olympique qui a rendu hommage à une sportive. En effet, au JO de Rio de 2016, le complexe Maria-Lenk mettait à l’honneur la nageuse éponyme, première femme brésilienne à participer au Jeux Olympiques d’été.
Le sport professionel dans l’histoire : un jeu d’exclusion ?
Nicolas Bonnet Oulaldj, l’élu PCF au Conseil de Paris, avait exprimé son regret qu’ “aucun équipement ne porte le nom d’une femme aujourd’hui” parmi toutes les infrastructures olympiques européennes. De plus, seulement 38% des licenciées dans les fédérations olympiques sont des femmes. Et il n’y a que deux femmes présidentes de fédération olympique en France. Cette disparité dans le domaine du sport n’est pas née d’hier. Il s’agit en effet d’un domaine qui souffre d’un passé de discriminations et d’exclusion. Pendant longtemps, la plupart des activités sportives professionnelles étaient considérées comme inappropriées pour les femmes. Le rôle des dames se limitait à couronner les vainqueurs. Le geste de baptiser la future Arena du nom d’Alice Milliat n’est donc pas innocent : cela participe à l’effort de reconnaissance de la femme au sein de l’arène sportive.
Alice Milliat : militante internationale pour la reconnaissance du sport féminin
Sportive de haut niveau et sténodactylographe, Alice Milliat a eu un parcours assez hors du commun, mais elle a fini sa vie dans l’anonymat le plus total. Pourtant, malgré toute l’animosité du monde sportif qu’elle a dû affronter, elle mettait un point d’honneur à lutter pour la reconnaissance du sport féminin, et cela à un niveau international.
Nageuse, hockeyeuse, et rameuse de haut niveau, Alice Milliat a battu plusieurs records. Elle est devenue la première femme à remporter le Brevet Audax Rameur 80 km. Voyant la résistance des fédérations de sport à reconnaître les capacités des femmes sportives, elle crée la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) en 1921. En 1919, le Comité international olympique, présidé par Pierre de Coubertin, refuse d’inclure des épreuves féminines aux JO d’été de 1924. Milliat décide donc d’organiser les Jeux Mondiaux féminins. Une première édition se tient à Paris, mais sous le nom de Jeux Olympiques féminins. Puis, en 1926, se déroulent les Jeux Mondiaux féminins à Göteborg. L’événement est un succès.
En 1935, elle quitte définitivement la scène sportive. Un an après seulement, la FSFI ferme ses portes, dû un à grand manque de subvention. Alice Milliat meurt malheureusement dans l’anonymat. En effet, son nom ne figure même pas sur sa tombe. Mais dorénavant, il rappellera la lutte qu’elle a mené, et qui est toujours en cours, pour l’inclusivité dans le sport.
La fondation Alice Milliat, créée en 2016, agit en la faveur de la médiatisation et de la promotion des pratiques sportives féminines. Il s’agit du premier fond uniquement dédié au sport féminin (en Europe). Voilà une des manières de soutenir vos championnes (et futures championnes) préférées.
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