Les joueuses israéliennes de football obtiennent l’égalité salariale 

Équipe féminine de foot

Ce mardi 13 juin 2022, un accord historique a été signé entre les joueuses de l’équipe nationale de football d’Israël et la Fédération israélienne de football. Depuis plusieurs semaines, elles avaient déclaré la grève jusqu’à obtenir ce qu’elles souhaitaient : le même salaire que les hommes.

Article rédigé par Amélia Porret

Annoncé par la chaîne israélienne Kann News puis relayé par RMC Sport, le combat remonte à avril, “après le match contre la Turquie” se remémore Rahel Shtainshnaider, membre de l’équipe nationale d’Israël. En 2022, elle rejoignait le club français FF Yzeure Allier Auvergne. “Je me suis vite rendue compte de la différence de traitement en évoluant à l’international. Les filles m’on beaucoup demandé comment ça se passait à l’étranger. Ces échanges ont apporté plus d’ambition et de motivation pour changer ce qu’il se passe en Israël.” Les joueuses de l’équipe nationale se mettent à l’arrêt et décident de ne pas disputer de match jusqu’à nouvel ordre, alors qu’elles doivent affronter le 23 juin l’équipe Bulgare dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2023. 

Leurs demandes ? Entre autres, toucher les mêmes primes et salaires que les hommes lors des sessions internationales. Depuis, elles maintiennent le cap, tandis que la menace plane sur un éventuel forfait de la sélection en raison du conflit salarial. Sur les réseaux, les partagent et les messages de soutien fusent avec le #NotPlayingNoGames. 

La parité à tous les égards

Hormis l’écart de salaire, l’équipe dénonce un favoritisme de la part de la Fédération de football, chargée de l’organisation des compétitions nationales et des matchs internationaux de la sélection d’Israël. Dans la liste des différences de traitement, figure en premier lieu, l’accès aux terrains, les hommes ayant la priorité sur ceux de meilleure qualité. Un autre exemple :  “L’équipe masculine a à sa disposition son propre avion privé. Lors de notre dernier déplacement en Turquie, qui est juste à côté d’Israël, nous avions mis toute la nuit sans aucun confort, ce qui n’arriverait jamais aux joueurs.” Un jour, c’en était assez. “La grève c’était notre arme pour les obliger à nous entendre, à nous considérer”, car la Fédération d’Israël de football n’a jamais cherché à comprendre leur situation, ajoute-t-elle. Et cette différence de considération entre les hommes et les femmes, pour Rahel, c’est culturel. 

À 28 ans, elle est l’une des rares joueuses de nationalité israélienne à être allée jouer hors des frontières. Pourtant, son parcours professionnel débute seulement à l’âge de 21 ans. Elle apprend à jouer dans la rue, après l’école avec les garçons. “En Israël, il n’y a pas beaucoup de clubs pour les filles et certaines régions n’en ont même pas. Quand j’étais petite, c’était très étrange pour une fille de jouer au football, alors quand j’ai parlé à mes parents de cette envie, ils ne savaient pas quoi faire. Donc j’ai juste commencé à jouer en bas de chez moi pour le plaisir.” 

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Rahel Shtainshnaider occuper le poste d’attaquante. Depuis l’année dernière, elle se consacre à temps plein au football.

Les joueuses israéliennes ont dit : “On était très unies et c’était notre force”

Tout au long de la nuit de dimanche 12 juin, la Fédération a organisé “une rencontre marathon entre Karin Sandel, qui représente les joueuses de l’équipe nationale israélienne, Meitar Shemesh, qui est à la tête de la nouvelle division féminine de la Football Association et Guy Portniagin, chef de l’équipe nationale” nous apprend le site sportif israélien ONE dans un article publié le 14 juin. Après de longues heures de discussions, un accord a finalement été signé, débouchant sur la validation de la plupart de leurs demandes. Les conditions des joueuses sélectionnées seront désormais égales aux conditions de l’équipe masculine. Cela comprend notamment, l’équipement, les terrains d’entraînement et les vols vers les légionnaires qui arriveront sur trans- Vols Atlantique. 

Retournée en Israël depuis la fin de la saison en France, Rahel a repris l’entraînement avec son équipe en vue du prochain match le 23 juin contre la Bulgarie. “Cet événement nous a permis de nous souder en tant qu’équipe. On était très unie et c’était notre force”. Diffusée sur les grandes chaînes d’information israéliennes, l’affaire a été suivie de près par la population. “Je pense que cela a permis une vraie prise de conscience. Mais cela a soulevé une vraie problématique sur le peu d’intérêt du public pour le football féminin. Plus les gens s’y intéresseront, mieux nous serons considérées.”

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