Les océans sont essentiels à notre survie. Ils représentent 70 % de l’espace présent sur Terre et 70 % de l’oxygène que nous respirons. Pourtant, nos activités économiques mettent en péril la symbiose de cet écosystème. Comment sommes-nous responsables du déclin des espèces ? Quelles sont les solutions pour s’améliorer ?
150 millions de tonnes de déchets plastiques dans les océans
Les scientifiques estiment que l’équivalent de 1,6 million de kilomètres carré de déchets plastiques sont présents dans une zone du Pacifique, appelée le Vortex de déchets du Pacifique. Le plastique se décompose en particules de micro-plastiques, qui sont assimilées par la faune et la flore de l’océan. En d’autres termes, lorsque nous mangeons du poisson, nous ingérons des particules de plastique. Au total, c’est un camion-poubelle de plastique qui se déverse dans la mer toutes les minutes. Le matériel de pêche représente à lui seul 46 % de la totalité des objets abandonnés par l’être humain.
La pêche industrielle, une économie provoquant le déclin des espèces
Avec presque huit milliards d’habitants sur Terre, la pêche industrielle prend de plus en plus d’ampleur. Malheureusement, les bateaux de pêche commerciale ne se soucient que trop peu de l’environnement qu’ils épuisent de ses ressources, mettant à mal tout un écosystème. Par exemple, l’industrie du thon est une économie représentant plus de 42 milliards de dollars par an. Aujourd’hui, les scientifiques estiment que leur population est inférieure à 3 %, alors qu’elle était en plein essor il y a quelques années. La pêche aux ailerons de requin en va de même. Met très prisé en Asie, une soupe se vend jusqu’à une centaine d’euros. De ce fait, le requin marteau festonné a vu sa population décliner de 99 %, contre 86 % pour le requin taureau.
Le déclin des requins provoque la mort d’autres espèces telles que les oiseaux marins. En effet, leur population a récemment baissé de 70 %. Les requins, en chassant, permettent le regroupement de milliers de poissons à la surface. Or, l’industrie de la pêche tue entre 11 000 et 30 000 requins chaque heure. Puisqu’ils se nourrissent de ces bancs de poissons, les oiseaux marins, dont la nourriture se fait plus rare, tendent à disparaître. Avec une espèce en moins, c’est tout un écosystème qui s’effondre. La chaîne alimentaire est un équilibre précaire. Enlevez une espèce et celle d’en-dessous devient surpeuplée puisqu’elle n’est plus chassée. Elle finira ensuite par s’éteindre lorsque sa source de nourriture deviendra inexistante, à cause d’une surpopulation du maillon supérieur et d’une mauvaise régulation.
Les prises accessoires causent l’extinction des espèces
Nous appelons “prise accessoire” toute capture faite pendant la pêche qui ne correspond pas aux espèces et aux tailles des organismes marins visés. Cinquante millions de requins sont attrapés chaque année dans nos filets et rejetés dans les océans, bien souvent lorsqu’ils sont déjà morts. Ce sont sept espèces de tortues marines qui sont menacées. Au total, 300 000 cétacés se retrouvent coincés dans nos filets.
Une industrie subventionnée par l’État malgré ses dérives
Les plus grands labels de protection marine certifiés pêche durable ou en faveur du bien-être des dauphins ne sont pas fiables. Effectivement, les observateurs de l’Earth Island Institute ou d’autres organismes caritatifs environnementaux, sont souvent soudoyés. Plus ils vendent de labels, plus ils s’enrichissent.
De plus, le commerce illégal s’intensifie et provoque des inégalités. Aux États-Unis, un poisson sur trois est importé et s’attrape illégalement. En d’autres termes, le poisson des pays pauvres se raréfie et les populations meurent de faim. Les petits pêcheurs locaux s’éloignent des côtes pour tenter de nourrir leur famille, au péril de leur vie. De plus en plus d’animaux sauvages sont chassés, ce qui augmente également les victimes du virus Ebola en Afrique de l’Ouest, qui se transmet à cause de ces animaux.
Enfin, les bateaux exploitent des travailleurs non payés. Ils restent des années sans rejoindre la terre ferme et ne sont pas payés. Il s’agit ni plus ni moins d’un esclavage des temps moderne, entraînant parfois la mort. Heureusement, certaines ONG de protection marine aident à protéger les océans et dénoncer le travail forcé. Sea Sheperd est, par exemple, célèbre pour avoir coulé treize baleiniers et bateaux de pêche illégaux.
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Les récifs coralliens : un écosystème menacé
Les études internationales mettent en avant le fait que pratiquement tous les récifs coralliens tropicaux vont subir un recul notable de leur superficie : déclin de 70 à 90 % si le réchauffement est de 1,5°C, et de plus de 99 % s’il est de 2°C. Au cours du 21e siècle, 99 % des récifs coralliens du monde devraient connaître un blanchissement important dû au stress thermique.
IFRECOR, Initiative française pour les récifs coralliens.
Les récifs coralliens abritent environ 4 000 espèces de poissons et plus de 800 espèces de coraux, soit plus de 25 % de la biodiversité marine mondiale. Selon une étude de l’IFRECOR de 2016, ils apportent, chaque année, l’équivalent de 1,3 milliard d’euros aux économies de neuf collectivités d’outre-mer. En effet, ils assurent l’économie du tourisme, mais pas que. Ils permettent la protection côtière en absorbant 97 % de l’énergie des vagues, réduisant les dommages sur les aménagements littoraux lors des évènements météorologiques extrêmes. Les récifs sont utilisés dans la recherche médicale et s’utilisent pour la création de médicaments contre le cancer, le paludisme ou la dengue.
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L’IFRECOR met également en avant qu’environ 50% de la surface mondiale de corail vivant a disparu depuis les années 1870. Près d’un tiers des coraux est actuellement menacé. Le réchauffement climatique et les pressions anthropiques directes (pollutions, sédimentation et pêche) sont les principales causes de cette dégradation. Elle provoque le blanchissement des coraux. En effet, les chalutiers, en raclant le fond des océans avec leurs filets, déforestent l’écosystème. Nous estimons que 25 millions de kilomètres carrés de terre sont déforestés chaque année. En comparaison, la déforestation du sol marin représente 3,9 milliards de kilomètres carrés.
L’économie prévaut-elle sur l’écologie ?
En 1982, un moratoire est adopté sur l’arrêt de la chasse à la baleine. Pourtant, elle se déroule quand même de manière officieuse dans quelques endroits du globe. À Taji, au Japon, plus de 700 dauphins sont massacrés chaque année. Soit pour les vendre aux parcs aquatiques les plus offrants, soit pour les tuer car ce sont des espèces nuisibles pour la pêche. En effet, les dauphins se nourrissent de poissons. Ils sont donc nos concurrents directs et représentent un danger pour l’industrie de la pêche. Sur les côtes françaises, 10 000 dauphins meurent dans nos filets tous les ans, selon les sources de l’association Sea Sheperd.
L’association #WeAreTheOrca se bat depuis quelques années pour sauver la population des derniers orques résidents du Sud de la Colombie Britannique. L’une des principales raisons de cette extinction est le manque de nourriture, causé par quatre barrages qui empêchent la remontée des saumons. Les activités économiques mettent en péril la vie des 75 derniers individus présents dans ces eaux de l’Antarctique.
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La pisciculture comme solution ?
Aujourd’hui, il n’y a pas de pêche durable. C’est juste du marketing.
Documentaire Seaspiracy sur l’impact environnemental de la pêche, réalisé par Ali Tabrizi.
D’une part, la pisciculture encourage la pêche industrielle car la farine utilisée pour nourrir les poissons provient d’espèces sauvages. D’autre part, 50 % des saumons meurent avant d’être consommés, ce qui accroit davantage le gaspillage. En effet, les infections sont nombreuses car la surpopulation et la qualité de l’eau ne permettent pas le bon développement des espèces. Les poissons nagent en rond dans leurs propres excréments alors qu’ils ont d’ordinaire l’habilité de remonter d’importants courants pour retourner sur leur lieu de naissance. Un poisson sur deux présents sur nos étalages provient de l’industrie d’élevage. Pour construire des zones de pisciculture, 38 % des mangroves ont été détruites pour les élevages de crevettes. Ces marais marins sont essentiels pour protéger des tempêtes et tsunamis.
Finalement, le poisson est souvent plus pollué que nutritif. La salmoniculture en Écosse produit, par exemple, autant de déchets organiques que la population de l’Écosse elle-même. Pourquoi continuer à manger du poisson si ce dernier n’apporte aucun intérêt nutritif ? Les omega 3 que nous recherchons dans la chair de ces espèces provient en réalité des algues dont ils s’alimentent. Les algues seraient, en fait, un excellent substitut aux espèces qui nécessiteraient un renouvellement naturel de leurs stocks.
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Pourquoi la protection des océans est-elle essentielle ?
La faune aide à la régulation du climat. En effet, elle permet de fixer le carbone et l’empêche d’être relâché dans l’atmosphère. Au total, c’est près de 93 % de tout le CO2 qui est contenu dans les océans grâce aux algues, aux coraux et aux organismes vivants qui y prospèrent. De plus, lorsqu’un cétacé fait surface pour respirer, il fertilise le phytoplancton en relâchant des gaz. Cette plante marine microscopique absorbe quatre fois plus de CO2 par an que la forêt amazonienne et génère 85 % de l’oxygène que nous respirons. C’est pourquoi, l’équilibre marin est essentiel pour protéger les océans.
Les solutions concrètes seraient d’arrêter ou de largement restreindre notre consommation de poissons pour permettre un renouvellement naturel des stocks halieutiques. En parallèle, les gouvernements devraient protéger une plus grande partie de l’océan et adopter de nouvelles lois pour limiter la pêche industrielle à des zones limitées.
Les bienfaits de l’océan sur la planète | Les conséquences de nos activités |
2,2 milliards de tonnes de CO2 absorbé | 150 millions de tonnes de déchets plastiques |
274 000 espèces vivantes recencées | 2,8 % de l’océan est protégé |
90 % des zones habitables de la planète | 4,5 millions de bateaux de pêche commerciale |
70 % de l’oxygène que nous respirons | 2048 : les océans seront vides si nous continuons la pêche au rythme actuel |
5 millions de poissons tués chaque minute |
Un article réalisé grâce aux chiffres du documentaire d’Ali Tabrizi : Seaspiracy et du rapport de l’IFRECOR sur le bilan de l’état de santé des récifs coralliens.
Cet article a 3 commentaires
Je pense que l’essentiel est de savoir que l’industrie a des conséquences néfastes sur l’environnement. Vérifier l’exactitude des chiffres n’est pas à la portée de tous. Comment savoir où se situe la frontière entre la véracité des faits et les informations mensongères relayées ?
En revanche, le fond du message de cet article devrait intéresser toute personne soucieuse de la planète. Merci de permettre à certaines personnes d’ouvrir les yeux.
Bonjour,
Merci pour votre article. Hélas, vous relayez des chiffres faux puisque certaines des données de Seaspiracy sont inexactes : non, ce ne sont pas 46% de la totalité des objets abandonnés par les humains qui proviennent de la pêche (ce serait énorme!!) mais ce chiffre de 46% correspond à la masse des déchets plastiques provenant de la pêche et ayant été retrouvé dans le vortex du Pacifique Nord (étude de The Ocean Cleanup). Là encore, ces chiffres sont à mettre en perspective puisque 94% de ce vortex est composé de microplastiques, qui peuvent provenir des pailles, bouteilles, sac plastiques etc qui n’ont aucun rapport avec les pêcheurs.
Veuillez consulter cet article pour plus de précisions : https://www.liberation.fr/checknews/le-documentaire-seaspiracy-de-netflix-est-il-fiable-20210617_K6N3M36EFVFKPAFZDR3MPJYTOA/
Pourriez-vous corriger votre article? C’est toujours dommage de voir relayer des fake news sur des sujets aussi importants.
Bonjour je mange moins de viande et moins de poissons et je ne m en porte pas plus mal c est comme le sucre juste une habitude à se défaire et au moins j’ai l impression de faire un geste en tout cas je fais ma part au quotidien.