Arrivé en 2003 en France, le cheerleading a doublé son effectif de licenciés de 2015 à 2018 en France. Bien loin du cliché des “pom pom girls”, les cheerleaders effectuent des figures sportives souvent très techniques, comparables à de la gymnastique acrobatique. Après deux saisons blanches dues à la pandémie de coronavirus, les gymnases rouvrent leurs portes, prêts à accueillir les fidèles licenciés comme les nouveaux curieux.
Saviez-vous que Georges W. Bush était cheerleader ? Dans les années 1960, l’ancien président des États-Unis s’est essayé à cette pratique sportive. « Le cheerleading a d’abord été un sport masculin créé par les hommes », a expliqué Marion Crochet, cadre technique national fédéral à la Fédération française de football américain (FFFA). Le cheerleading est l’une des trois pratiques existantes au sein de cette fédération puisque historiquement ce sport a été créé pour encourager les équipes de football américain.
Le cheerleading conquit la France depuis 2003
« Les Français ont réalisé que le cheerleading était un sport à part entière car il se développe très rapidement ici »,a expliqué Marion. C’est d’ailleurs pour cela que son poste fut créé en 2016, treize ans après l’instauration de la pratique au sein de la fédération. « Si je reprends les chiffres de 2015, la saison avant la création du poste, nous comptions 2600 licenciés , chiffre qui est monté à 4500 en 2018, avant la crise du Covid », a-t-elle poursuit. L’effectif a donc presque doublé en trois ans pour cette pratique pourtant pas des plus visibles.
« Il est vrai que le fait de dépendre de la FFFA pourrait être un obstacle à plus de visibilité, mais le cheerleading bénéficie de nombreux avantages en s’appuyant sur le football américain”. Notamment la distribution de licences et l’appui de salariés et d’administratifs.“La FFFA nous apporte son soutien en termes organisationnels », a conclu Marion, seule employée tout entière dévouée au cheerleading. « De plus, ce dernier est considéré comme une vraie discipline au sein de la Fédération, dont les membres éprouvent du respect pour les cheerleaders. C’est d’ailleurs un souhait explicite de la Fédération que de vouloir développer ce sport » a-t-elle poursuit.
Ce qui inquiète davantage la directrice technique nationale, c’est le futur proche et le nombre de licenciés potentiels qui s’intéresseront à cette pratique, dans les semaines à venir. « Concernant les saisons à venir, on ne sait pas du tout ce qui nous attend après toutes ces coupures » a expliqué l’ancienne coach.
Le sport de la FFFA le plus impacté par les confinements
L’activité, essentiellement pratiquée en gymnase, a en effet été particulièrement touchée par les confinements successifs. « C’est énorme deux saisons blanches », a souligné Marion. Marine Schleifer, responsable du cheerleading et entraîneuse au Géant du Souffelweyersheim, a d’ailleurs confié que certains athlètes s’étaient lassés des confinements à répétition. L’annonce du premier, à trois jours des compétitions de fin d’année, est mal passée, mais les athlètes ont relativisé. « C’est arrivé une semaine avant nos compétitions, la saison était finie, donc on se disait qu’au pire, on se verrait en juillet ou en août ».
À la réouverture des gymnases en août, les sportifs ont respecté les restrictions pour pouvoir continuer le cheerleading. À savoir, un nombre de pratiquants maximum, fixé à dix, dans un gymnase avec le port du masque obligatoire. Par la suite, le second confinement a bouleversé à nouveau la pratique du cheerleading. « Au confinement d’octobre, on faisait des zooms deux fois par semaine. Au début on tenait bon, on avait tous les athlètes, on se disait que dans deux mois ça reprendrait ». En réalité, les départs se sont multipliés au mois de janvier, a déploré la coach.
« À partir du mois de janvier, on a commencé à perdre les athlètes car ils n’ont pas du tout signé pour faire de la musculation deux fois par semaine ». Même si certains de ses « amis proches » ont pensé arrêter, Marine elle n’y a « pas du tout » songé, sa passion ayant pris une place importante dans sa vie. « Quand j’ai commencé, je n’aurais jamais pensé que le cheerleading ferait encore partie de ma vie dix ans plus tard ». Pourtant, l’institutrice à plein temps ne parvient pas à en vivre. « C’est devenu une réelle passion », a expliqué l’ancienne pratiquante, qui a néanmoins continué de se former pendant le confinement.
De la compétition pour tous les niveaux
« En tant qu’entraîneuse, je dois fidéliser les athlètes et les former progressivement. On ne leur apprend pas tout et n’importe quoi ». Pas de panique ! « L’apprentissage se fait de façon réfléchie pour une évolution progressive sur plusieurs années » a expliqué Marine. La pratique reste ainsi ouverte pour tout le monde et pour tous les niveaux. « Je suis bien surprise par l’évolution du niveau », a d’ailleurs confié la coach, soulignant la difficulté de certaines figures. Ce qui l’a rendu d’autant plus fière d’emmener ses deux équipes sur le podium des championnats de France en 2019.
« Les compétitions aux championnats de France en 2019 restent l’un de mes meilleur souvenirs ». Marine encadrait deux équipes à ce moment-là. Une de ses équipes concourrait en catégorie junior. « C’est l’un des catégories les plus dures pour arriver sur le podium parce que cela demande une routine impeccable. À la moindre erreur, tu passes deuxième », a révélé l’entraineuse, dont la seconde équipe de cheerleading est arrivée en deuxième position.
« C’est une fierté pour le club aussi, car on a placé cinq équipes dans la compétition en mars et toutes ont réussi à accéder à la finale de juin. Elles sont toutes rentrées avec un podium, chacune dans leur catégorie d’âge », a-t-elle poursuivi. Au Géant de Souffel, trois catégories sont représentées : les U11 comptent parmi elles des athlètes de 8 à 11 ans ; les juniors : de 11 à 15 ans ; enfin les seniors regroupent les plus de 15 ans. Toutes les catégories sont mixtes.
Les clubs se rencontrent parfois à l’occasion de stages. « Par exemple, on propose des stages de regroupement. Il y a des athlètes qui viennent de toute la France et nous les formons pendant deux jours d’entraînement. Pour le moment, ce type de camps est réservé aux licenciés. Pour attirer d’autres personnes, nous pensons organiser des stages dans des écoles », a confié la coach.
Lancez-vous dans un sport olympique
Si en France, la reconnaissance reste moindre en comparaison à d’autres sports, fin juillet, le Comité International Olympique (CIO) a reconnu le cheerleading en tant que discipline olympique. Il sera ainsi peut-être proposé aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028, berceau de la pratique, comme l’ont souligné les deux femmes. « Maintenant, au même titre que le football américain, nous faisons partie de l’olympisme » s’est réjoui la cadre Marion. « Nous espérons pour 2028 intégrer les Jeux Olympiques de Los Angeles ». Une reconnaissance en cohérence avec le haut niveau d’exigence que requiert cette pratique.
« Nous avons une identité compétitive remarquable. Le cheerleading demande de la technique ! Rien à voir avec le stéréotype de la pom-pom qui agite ses pompons tout en s’époumonant », a expliqué Marion. « D’ailleurs, ‘pom-pom’ girl, ça n’existe pas, c’est un terme transposé en référence aux pompons qu’elles agitent. Il faut bien comprendre que le cheerleading est une discipline à part entière, qui recouvre plusieurs postes. Citons les chants (cheers), les acrobaties ou éléments gymniques (le tumbling), les sauts (jumps), les portés (stunts) et la danse. À chaque entraîneur sa spécialité qu’il développera selon le niveau de ses pratiquants et la chorégraphie choisie.
Que vous ayez des ambitions olympiques, ou simplement la volonté de découvrir et prendre du plaisir, les deux femmes sont unanimes : « Rejoignez-nous, vous allez vite être piqués ». Si vous souhaitez essayer le cheerleading à la rentrée, retrouvez les clubs proches de chez vous sur le site de la fédération, et laissez-vous tenter !