À la Saint-Valentin, on se paluche toute seule

À la Saint-Valentin, on se paluche chacun

Nouveauté pour cette Saint-Valentin : un sextoys chacun. Notre plaisir individuel et partagé, dans la libération de l’homme et de nous. La reconnaissance de la masturbation comme jeu personnel, fondamental et inaliénable. Un œuf masturbateur et un nouvel œuf vibro en cadeau de la fête des amoureux. Avec une bouteille de champagne et un film porno, ce sera notre soirée du 14 février.

La maturation

Depuis longtemps déjà, les hommes ont pris goût à nous regarder nous masturber. Les sextoys les excitent au point qu’ils nous en offrent plus que de robes ou de sacs. Au lit, ils nous regardent consommer les préliminaires, dans un exhibitionnisme intime de notre corps découvert. Calme, tendu. La main qui s’agite dans une mécanique vive et parfaite. Aussi, parfois, ils nous matent sous la douche. Ce jet d’eau chaude qui nous fait couler dans le soulagement, à travers le bruit des gouttes qui perlent et chutent dans le bac. Ou encore en ville, ils nous observent de n’importe où, lorsqu’un œuf vibreur que l’on porte en croyant l’oublier, s’anime sous leur télécommande portable. Ils sourient à l’idée que nous désirons nous masturber, gênées dans notre désir charnel, espérant faire de nous des perles de Manara.

Notre masturbation est un signe d’extravagance. Elle n’est plus cachée ; elle donne envie. Les doigts agiles sur un clitoris tendu démontrent un esprit sensuel et une liberté de corps. Nous sommes libres de nous masturber. Et les outils disponibles se démultiplient, apportant toujours plus de découvertes et de plaisirs. La modernité à du bon.

Pour cette Saint-Valentin, je me suis commandée la nouveauté de Biird, la marque impliquée contre le silence à propos nos orgasmes. Evii promet une plus grande douceur cachant une plus grande puissance vibrante, à la forme sinueuse de mon bouton.

Vieille histoire de la masturbation

Maintenant leur branlette à eux doit maintenant aussi être abordée. Lorsqu’ils n’étaient que de imbécile d’adolescents, ils se branlaient devant leur PC à la recherche de vidéos compromettantes de leurs profs. Ils avaient tout de même honte. Au point que lorsqu’ils crurent avoir été filmés sans que le voyant de la cam ne s’allume, ils rougirent plusieurs jours. Ils espéraient ne plus avoir à se branler. Ils étaient jeunes.

Cette poignée d’ado est restée dans leur cœur comme la culpabilité de ce qu’ils étaient. Elle est attachée à leur image de gosse comme leurs boutons de puberté sur leur front. C’est une généralité, ils sont tous comme ça. C’est ainsi que pour l’éviter, ils nous demandent de les branler, le plus souvent. Ou bien ils se branlent en cachette, avec la célérité de petit voleur qui irrite la fine peau de leur pénis. Toutefois pour cette Saint-Valentin, ils se branleront la lumière allumée.

A lire également : Huile de massage chauffante pour les zones érogènes

Regarde-le, il se masturbe seul à la Saint Valentin

Je campe l’histoire

Lui et moi, assis dans le canapé, nous regardons un film porno. Nous attendons l’excitation devant une énième parodie d’un Avengers, je crois. En quelques sortes, c’est un bon reportage où les filles sont belles, les hommes musclés, et les costumes aussi bon marché que les trucages.

Lorsque son pantalon semble trop étroit, je lui offre un œuf. Avec sourire, il me remercie, hôte le plastic et ouvre la coque comme ce Kinder Surprise au chocolat lait, blanc et lécithine qu’il dévorait, enfant. Lentement, il y trouve un capuchon en silicone translucide, doux et moelleux.

Il se lance

Le film continue. Je reprends un verre. Je ne sais pas à quoi il pense. Il met du lubrifiant et il enfile cette cape de velours, avant d’aller et venir doucement le long de son membre. Sans donner l’air d’y réfléchir, il se branle et donne des indices d’un plaisir qui grimpe. Cet homme semble prendre plus de plaisir qu’avec ma bouche. Il ferme les yeux. Il imagine peut-être une autre femme. Peut-être deux femmes, même. Ou un autre cul, qui sait ? Il se fait du bien, là, à mes côtés.

Sa respiration accélère, sa peau est moite. Il se tend la colonne, ses odeurs se répandent. Rapidement, il me donne envie de me toucher, je l’embrasse, je me tends vers lui. Il me touche du bout des lèvres. Ainsi, je me sens partir moi aussi, excité à l’idée de m’exposer platement dans mon désir en même temps qu’il s’expose là, de son geste violent. Lui, la main fracassante sur son mât. Moi, les jambes lâchement ouvertes. Nous sommes deux hypostases du dieu masturbation qui rayonnent de sueurs et de flux séminaux.

Fin de nos ébats personnels à deux

Entre mes lèvres, l’humidité envahit. Lui, il souffle et gémit d’un petit râle. Une petite mort. Il est là, arrêté. La main tombée, l’œuf pendu. Le sperme capturé par les reliefs intérieurs. Ça brille entre ses jambes : c’est le lubrifiant. Le film continue sans qu’il ne s’y intéresse plus vraiment. Il s’endormira excité. Et je tâche de terminer moi aussi, la caresse puissante envahissant mes entrailles, de mes doigts. Nous sommes étrangement côte à côte.

Le sens de sa secousse

Le plaisir sexuel n’est pas l’arme naturelle de la procréation. Le plaisir sexuel est le plaisir sexuel. La branlette n’est pas un pis-aller au cul des femmes, c’est la branlette. Quand je ne pourrai pas, quand je ne voudrai pas, il pourra toujours se tripoter. Comme ça. Pour son plaisir. Et il pourra aussi quand je voudrai, quand je pourrai, quand j’aurai envie, car ça me donne aussi envie de voir cette liberté du plaisir passer outre les gènes débiles. Ma main le masturbera quand j’en aurai envie. Tout autant mon con et mon cul. De même ma bouche et mes seins, les pieds aussi, ainsi que mes cheveux. Nul n’est au service de l’autre lorsque l’on baise. Pas de servitude hors soumission. Donner, recevoir, prendre, accueillir. Il n’y a pas de main honteuse, ni de l’un ni de l’autre.

La masturbation est la nouvelle position sexuelle de cette Saint-Valentin. C’est une liberté que nous gagnons. Un féminisme de plus dans ce monde de bites.

Par Bénédicte, aussi crue que discrète.

Laisser un commentaire