Qui n’a jamais entendu parler du procès de Bobigny en 1972 ou encore de l’affaire du viol en 1974 suivi du procès d’Aix en Provence en 1978 ? Tous ces événements révolutionnent le statut de la femme dans la société puisqu’ils provoquent une multitude de manifestations dénonçant la position inférieure de la femme et mettant ainsi fin au système matrimonial. Les femmes obtiennent enfin plus de libertés. Mais tous ces changements n’auraient jamais vu le jour si ces deux procès n’avaient pas été défendus par une seule et même personne aux convictions féministes et défenseur des droits des femmes. Cette personne vous la connaissez sûrement, il s’agit de Gisèle Halimi.
Gisèle Halimi, une jeune fille au tempérament téméraire et impétueux
Née en 1927 en Tunisie, Gisèle Halimi vit au sein d’une famille modeste et qui ne l’apprécie pas. Elle raconte d’ailleurs dans un roman dédiée à sa mère à quel point elle a ressenti ce manque d’amour de la part de ses parents, frustrés de ne pas avoir eu de fils. Connaissant dès son plus jeune âge les mœurs de cette société dirigée par les hommes, Gisèle développe un certain mépris et ne manque pas de se révolter à plusieurs reprises contre les obligations imposées aux filles.
De plus, elle ne peut accepter que les femmes soient obligées de servir les hommes à tables ou qu’elles soient contraintes de se consacrer au tâches ménagères alors que les hommes en sont dispensés. Toutes ces inégalités font naître en Gisèle son côté féministe qui l’habitera jusqu’à la fin de sa vie.
Contrairement aux filles de son âge, elle poursuit ses études jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. À quinze ans, elle refuse un mariage arrangé avec un marchand d’huile. Cet acte fait alors ressortir une fois de plus son côté rebelle qui défie l’autorité patriarcale encore très présente à l’époque. L’année suivante, elle obtient l’autorisation de poursuivre ses études en France. À partir de là commence une nouvelle vie.
Une avocate hors pair et engagée
Devenue avocate en 1956, Gisèle Halimi s’engage dans de nombreux combats concernant l’indépendance de la Tunisie et de l’Algérie. Elle se démarque lors d’un procès dans lequel elle prend la défense d’une jeune militante FNL torturée et violée par des soldats français. Commence alors une longue lutte contre le viol et la reconnaissance de ce dernier comme un crime fait aux femmes.
Après le procès d’Aix en Provence en 1978 où Gisèle défend la cause de deux jeunes femmes s’étant faites violées, une loi est votée en 1980 pour reconnaître le viol comme un crime.C’est une seconde victoire pour Gisèle qui a obtenu le droit à l’avortement quelques années plus tôt grâce à l’intermédiaire du procès de Bobigny.
Elle devient une avocate célèbre, reconnue et une figure emblématique du mouvement féministe grâce à ces deux procès qui sont un véritable tournant dans l’histoire du statut de la femme.
Nous pouvons donc voir en Gisèle une femme forte et déterminée, remplie de convictions pour changer le monde qui l’entoure et le statut social qu’occupe la femme. Elle est l’une des figures emblématiques de son époque et l’une des premières femmes à obtenir gain de cause pour le mouvement féministe. Une personnalité que le monde n’est pas prêt d’oublier bien que celle-ci nous ait quittés le 28 juillet 2020.