On a dressé l’histoire séculaire des sorcières. Mais, nous nous sommes aussi interrogés sur la figure de la sorcière aujourd’hui. Qu’est-ce que cela veut dire « être une sorcière » ? Et plus encore en 2020 ? Comment sont-elles perçues par la société ? Les sorcières libres penseuses : notre enquête.
Le mot sorcière vient du latin sortiarius qui signifie « jeteur de sort ». Ainsi, étymologiquement, une sorcière est une personne capable de jeter des sorts et des sortilèges. Les premiers désignent les prédictions, la consultation du destin… les seconds sont les envoutements de l’âme ou de l’esprit avec les incantations, les formules…
La sorcière a donc un pouvoir surnaturel. Elle a une relation particulière avec les différentes dimensions qui composent l’Univers, avec une sensibilité plus importante que la moyenne. Elle est souvent relier à la magie puisque agit sur le monde via des rituels et croit en des forces métaphysiques.
Mais les sorcières, libres penseuses, sont avant tout des femmes. Des femmes au service des communautés. En effet, elles furent, pendant longtemps, des herboristes, des sages-femmes, des devineresses, des astrologues… Pour de nombreuses populations rurales, les sorcières sont le seul accès à la médecine. Aujourd’hui, elles sont toujours en lien avec ces concepts bien que le champ de leurs activités, du moins en majorité, ne comprend plus l’accouchement et l’avortement, puisque normalement encadré par la loi et accessible à toutes.
Complexité d’une définition
Donner une définition la plus objective possible est complexe. En effet, la sorcière est entourée d’une image de femme mystérieuse (la faute à l’Histoire) et de tout son folklore, agrémenté au fil des siècles. On sait, cependant, qu’elles utilisent leurs savoirs et leurs énergies en connexion avec la population. Et cela en tout temps.
Il existe plusieurs type de sorcières. Multiples et diversifiées, les sorcières composent leur art avec leur sensibilité et usent de leur don à leur manière. Néanmoins, certaines caractéristiques leur sont communes comme le ressenti puissant des énergies, les émotions décuplées, une profonde connexion à l’Univers, à la Terre…
Ainsi, la qualification de sorcière diffère même selon les cultures. La perception d’une sorcière en Afrique est différente qu’en Europe. Chaque société interprète ce terme selon ses uses et coutumes. Cela renforce donc la difficulté de définir « sorcière » sans faire de généralités.
La sorcière dans la culture
On trouve de nombreuses sorcières dans la culture. Pourtant, jusqu’il y a peu, elles sont présentées comme de vieilles femmes cruelles. Les clichés classiques l’accompagnent comme sa laideur, son nez crochu, ses pouvoirs maléfiques.
La littérature puis le cinéma ont popularisé une image sombre de la sorcière. Allez voir le film Les Sorcières sur Netflix pour mieux comprendre. Elle est celle qui fait le mal, qui veut tuer des enfants. La sorcière est alors une déformation du diable, du mal sur terre, vive critique des femmes dont la vie ne correspond pas aux standards élevés par la société.
Néanmoins, les années 1990-2000 voient naître une nouvelle génération de sorcières. Elles sont alors des femmes puissantes, qui usent de leurs pouvoirs pour de bonnes choses. On ne peut que citer la saga Harry Potter. Cette dernière peint une galerie de sorcières braves, combattives et intrépides. Des sorcières libres penseuses en somme.
Les sorcières, libres penseuses d’aujourd’hui
La sorcière, siècles après siècles, a évolué. Elle est aujourd’hui, une femme militante et engagée. Il s’agit d’une figure d’émancipation féminine, d’ouverture d’esprit et de l’humain se rapprochant de la nature. Le retour en force des sorcière fait écho à la crise spirituelle qui existe depuis les années 1990.
Désormais, les sorcières pratiquent la divination, l’astrologie, communiquent avec d’autres dimensions, interrogent les cartes, les énergies, les lignes de la main… Elles se centrent sur leurs émotions, leur relation à la Terre et aux hommes qui la peuplent. Toutefois, ce terme est toujours mal vu car sa connotation est péjorative. De nombreuses femmes se battent pour une réhabilitation et un pardon pour les crimes commis comme c’est le cas à Salem.
La journaliste Mona Chollet signe, en 2019, un livre coup de poing où elle tisse les liens entre sorcières et féministes. Car oui, la sorcière est une icône féministe. Elles furent des femmes marginalisées dans une institution patriarcale aux positions misogynes.
Les sorcières libres penseuses assumèrent leur liberté, leur indépendance, leur sexualité et leurs savoirs. Elles ont choisi à une époque où la femme n’était rien de plus qu’un objet, sans volonté ni pouvoir de décision. La sorcière se bat pour cette égalité en refusant une société menée exclusivement par les hommes. Et ce combat, elles le mènent toujours.
Marketing maléfique
La sorcellerie se démocratise. Les femmes se réapproprient une force ancestrale. La spiritualité qui accompagne la sorcellerie leur donne un véritable rôle à jouer. Mais en parallèle, on observe la montée d’un marketing, augmentée par une tendance Instagram. Or ces procédés détournent la sorcellerie de son vrai but. Dans un effet de mode, certaines se prétendent « witches » sans savoirs et connaissances à ce sujet.
La sorcellerie n’est pas une tendance self care dans le vent. Des femmes sont mortes pour leurs croyances et leurs pratiques. En Afrique, certaines continuent toujours d’être violentées, punie par la loi.
Découvrez aussi : L’histoire des sorcières