L’histoire des sorcières

L'histoire des sorcières

Chez Ô magazine, on s’est déjà intéressé aux sorcières et plus particulièrement à la définition et à la vision actuelle. Mais le passé des sorcières est riche, mouvementé et consensuel. L’histoire des sorcières : notre récit.

Les sorcières ont toujours été présentes. D’aussi longtemps que nous vivons en communauté et que nous avons développé nos savoirs. On retrouve des traces de femmes apparentées aux sorcières dès l’Égypte antique. On trouve également des références dans la Grèce antique. Il est néanmoins complexe d’établir de réelles certitudes puisque ces pratiques de sorcellerie se transmettaient de maître à élève et demeureraient plutôt cachées. De plus, le terme « sorcière » nous est arrivé plus tard.

Ces femmes, on le pense, étaient celles des chamans. Ainsi, elle reproduisent les gestes et les rites de leurs époux pour se les réapproprier.  Elles sont alors herboristes, sages-femmes, devineresses, astrologues, guérisseuses… De ce fait, ces premières sorcières esquissent les différents mouvements que l’on trouvera dans la sorcellerie plus tard. Car chacune compose son art occulte avec sa sensibilité et ses affinités.

Elles sont, en majorité, acceptées, ou du moins, tolérées. En effet, elles viennent en aide aux populations. Mais, comme souvent dans l’histoire des sorcières, le calme ne dure pas. C’est notamment l’Empire romain qui fragilise leur position et punissait l’acte de sorcellerie à de mauvaises fins. C’est la Lex Cornelia qui condamne à mort ceux qui utilisent la magie noire, qui perturbent les éléments et nuisent à autrui.

À lire aussi : Astrologie : ce que mon signe dit de ma personnalité

Le Moyen-Âge contre les femmes

Cependant la figure de femme libre et indépendante déplaît à l’Église. Au-delà de cette figure féministe, les sorcières n’appartiennent à aucune religion, sont des femmes de pouvoir et usent de croyances différentes.

Le christianisme qui les tolérait jadis revient sur ses propos. La sorcière apparaît alors comme un être maléfique ayant pactisé avec le diable. Le pape Jean XXII, en 1326, est le premier à assimiler la sorcellerie à de l’hérésie. Ses successeurs lui emboitent le pas et dénoncent de plus en plus ces pratiques millénaires. Les sorcières sont alors contraintes de se tapir dans l’ombre et d’être encore plus discrètes. À cette époque, l’histoire des sorcières se teinte de rejet et de terribles accusations. Elles sont des monstres parce que différentes.

Cependant, les chasses aux sorcières et les bûchers vont mettre trois siècles à arriver. Néanmoins, de nombreuses femmes accusées de sorcellerie seront arrêtées, torturées et tuées. Notons d’ailleurs qu’on compte dans les accusations envers Jeanne d’Arc “devineresse” lors de son procès en 1431.

La propagande de l’Église fait son chemin. L’histoire des sorcières va bientôt basculer dans l’horreur. Face à un monde qui s’ouvre et qui découvre, le christianisme a besoin de nouveaux fidèles. Il faut un bouc-émissaire pour exister la haine et divertir le peuple. Ce seront les sorcières qui joueront ce rôle.

Notons d’ailleurs qu'on compte dans les accusations envers Jeanne d’Arc "devineresse" lors de son procès en 1431.
On compte dans les accusations envers Jeanne d’Arc “devineresse” lors de son procès en 1431.
@wikipedia

L’histoire des sorcières sous l’époque moderne

Nous sommes alors entre le XVIème et XVIIème siècles, en pleine Renaissance. À partir de 1550, on observe une augmentation des plaintes et des procès pour sorcellerie. La jalousie, la rancœur ou simplement par intérêt, toute femme peut être accusée de sorcellerie. On définit certains critères physiques et/ou sociaux qui identifieraient les sorcières au-delà de leurs pratiques : rousse, avec des tâches de naissance, une veuve qui refuse de se remarier, une vieille femme seule, une célibataire par choix, une mère qui a fait plusieurs fausse-couche… En somme, toutes celles dont les modes de vie ne correspondent pas à la norme.

On les accuse de se livrer à des rites sataniques, à des sacrifices d’enfants ou encore à la concoction de poisons. Or, en réalité, la plupart sont guérisseuses ou sages-femmes. Elles ont recourt à la médecine traditionnelle, à bases de plantes et de racines médicinales, thérapeutiques. Pour beaucoup de populations rurales, les sorcières sont le seul moyen de se soigner.

Les procès arbitraires se multiplient et se démocratisent partout en Occident. Les brasiers s’élèvent contre ces femmes. On décompte ainsi pas moins de 60.000 condamnations à mort. La plupart des excusions sont féminines et le seront presque exclusivement sur la fin.

Les procès arbitraires se multiplient et se démocratisent partout en Occident. Les brasiers s’élèvent contre ces femmes.
On décompte ainsi pas moins de 60.000 condamnations à mort dont la plupart sont féminines.
@wikipedia

Louis XIV : mettre fin à la chasse

En France, une police spéciale, avec des agents dédiés à la chasse aux sorcières se met en place à cette époque. Des tribunaux dédiés à la lutte contre les sorcières se montent partout dans le monde occidental. Cependant, dès 1640, le Parlement de Paris met fin aux poursuites pour sorcellerie.

C’est Louis XIV qui met fin définitivement à des siècles de persécution. Il déclare, en 1672,  que la sorcellerie est « irréelle et inventée ». Effectivement, on explique désormais bien mieux l’univers et ses bouleversements grâce aux progrès de la science et de la médecine. Le Roi-Soleil rappelle à lui les brigades spéciales et les dissous. Il ignore encore, que cinq ans plus tard, l’Affaire des poisons allait ranimer les accusations de sorcellerie.

La purge des sorcières cesse comme elle avait commencé. Par décision de l’Homme. Mais, ce n’est pas le cas partout. Elle se poursuit ailleurs, notamment aux États-Unis. On ne peut que citer l’exemple, histoire douloureuse de l’histoire des sorcières, des sorcières de Salem, entre 1692 et 1693. Prises d’hystérie collective, on accuse des jeunes femmes de la ville de sorcellerie avant de les condamner. On compte environ une vingtaine de victimes, dont la majorité furent des femmes. 

Prises d’hystérie collective, on accuse des jeunes femmes de la ville de sorcellerie avant de les condamner.
Prises d’hystérie collective, on accuse des jeunes femmes de la ville de sorcellerie avant de les condamner. @wikipedia

L’histoire des sorcières dans le monde contemporain

Néanmoins, les femmes qui poursuivront les travaux de leurs ancêtres seront mal perçues par la société. L’image noire de la sorcière demeure. On la représente en vieille dame au nez crochu, volant dans les airs sur son balais et tourmentant l’âme de ses victimes.

On estime qu’en plus de trois siècles de persécutions, ce sont des milliers de femmes qui auraient péri. Le nombre de décès féminins se chiffre à 80%. On doit le début de la réhabilitation de la sorcière avec le livre de Michelet en 1862. Il est le premier à accuser l’Église d’avoir organisé ces chasses aux sorcières. On sait aujourd’hui que, malgré une démarche intéressante, il y dresse un tableau noircissant le Moyen-Âge alors que c’est d’avantage sous la Renaissance que se feront ces pratiques.

La première à associer sorcière et féminisme sera l’Américaine Mathilda J. Gage et son Femme, Église, État de 1893. Fervente militante pour le droit de vote de femme, elle propose alors un portrait qui brosse l’histoire des sorcières sous le prisme féministe. Elle offre ainsi une nouvelle instructive lecture d’une histoire séculaire et douloureuse.

De part cette massive chasse aux sorcières, l’Église ( mais on peut citer ici toutes les religions monothéistes) a renié le statut des femmes libres penseuses. Une sorcière est une femme qui a du savoir, des connaissances et donc un pouvoir. La doctrine du passé a encore des influences sur le monde d’aujourd’hui. Parce que vues comme des criminelles, les femmes sorcières qui garantissaient une éducation spirituelle, ont été bannies des cultes du monde. Aujourd’hui, des voix montent et dénoncent ces pratiques. Pour certaines, la chasse aux sorcières doit être associée à un génocide.

Et vous, connaissiez-vous l’histoire des sorcières ? Donnez-nous votre avis, vos histoires en commentaire.

Laisser un commentaire