À seulement 22 ans, la pilote de BMX Axelle Étienne, compte déjà un palmarès bien fourni et possède de nombreux titres à son actif. Qualifiée comme meilleure pilote de BMX du moment chez les Françaises, la jeune femme ne semble pourtant être qu’au début de sa carrière prometteuse. Rencontre avec cette jeune femme hors normes…
Avant de passer dans la catégorie élite elle a d’abord remporté au fil des ans tous les titres de la catégorie juniors. L’année dernière elle décrochait la médaille de bronze aux championnats du Monde de Zolder. Cette année elle compte bien se concentrer sur sa qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo, reportés à 2021 à cause du Coronavirus. Dans cette interview Axelle s’exprime sur son vécu de ce début d’année hors du commun, elle évoque sa carrière depuis ses débuts et nous confie ses préférences personnelles.
Ô Magazine : Comment te sens tu en ce moment, en cette période particulière ?
AÉ : Ça va, je vais bien, je suis retournée chez mes parents pendant le confinement. J’ai pu continuer à m’entrainer chez moi, en faisant surtout de la musculation et là maintenant que les pistes ont rouvertes je peux de nouveau rouler un peu du coup ça va.
Ô Magazine : De quelle manière as tu géré la période du coronavirus physiquement et mentalement ?
AÉ : Alors physiquement, j’ai fait beaucoup de cross fit pendant le confinement. Cela consiste essentiellement à du renforcement musculaire sur tout le corps. Aussi, je me suis commandé des appareils de musculation donc j’ai pu travailler mes points faibles et les zones qui nécessitaient d’être renforcées. Par exemple pendant cette période j’ai beaucoup travaillé le renforcement des épaules. Donc ça c’est un gros point positif, par contre je ne pouvais pas rouler donc ça c’était un peu plus embêtant.
Mentalement, je me suis dit que ça allait me laisser un peu plus de temps pour me préparer aux futures compétitions auxquelles je devrai participer. Finalement, ce n’est pas plus mal d’avoir quelques mois de plus pour s’entrainer vu que les JO de Tokyo ont été retardés, même si il n’y avait pas encore les résultats des qualifications pour ceux-ci. Ça me laisse donc du temps pour m’entrainer d’avantage, obtenir des résultats et ainsi essayer de se qualifier.
Ô Magazine : As tu repris les entrainements ?
AÉ : Oui effectivement j’ai repris les entrainements, enfin ils ne se sont jamais vraiment arrêtés mais je les aient repris sur piste. Actuellement, mon centre de formation (Montigny-le-Bretonneux dans le 78) n’a pas encore réouvert donc je m’entraine toujours à domicile, chez mes parents. Ce qui est bien c’est que j’ai une piste à côté de chez moi sur laquelle je peux m’entrainer. Je peux aussi faire mes sprintes dans la rue et en même temps je continue à faire de la muscu à la maison.
Ô Magazine : Qu’as-tu pensé de l’arrêt des compétitions de BMX pendant cette période et comment l’as-tu géré ?
AÉ : Je pense que c’est important qu’il y ait un arrêt des compétitions car ce qui compte c’est la sécurité avant tout. Le but c’est de ne pas répandre la maladie et de ne pas non plus tomber malade donc c’est vraiment important d’éviter le plus possible le contact. Je trouve cet arrêt nécessaire et justifié surtout que pour les compétitions internationales il faut prendre en compte le fait que les conditions et mesures prises par les gouvernements ne sont pas les mêmes dans chaque pays. Cela pourrait donc représenter un désavantage pour les athlètes confinés qui ne peuvent plus s’entrainer normalement par rapport aux athlètes non confinés, qui eux poursuivent leurs entrainements. Il y aurait eu un écart de niveau entre nous, on n’aurait pas été sur le même pied d’égalité donc ça aurait été embêtant.
Ô Magazine : Comment se passe ta préparation aux JO de Tokyo qui auront finalement lieu en 2021 ?
AÉ : Pour l’instant vu que le centre dans lequel je suis n’a pas réouvert je continue à m’entrainer chez moi mais il réouvre la semaine prochaine normalement donc je pourrai y revenir et avoir des entrainements de meilleure qualité. Je serai aussi mieux suivie car j’aurai mon entraîneur avec moi. Après, on va voir au fur et à mesure comment les choses évoluent, quelles compétitions vont être maintenues ou annulées.
Normalement il devrait y avoir quelques compétitions du style coupe d’Europe fin août et championnat de France en octobre mais ce n’est pas encore sûr. Par contre pour le championnat du monde nous n’avons aucune nouvelle pour l’instant. Concernant les coupes du monde il ne devrait pas y en avoir cette année mais encore une fois rien est sûr pour le moment donc nous sommes dans l’attente.
Ô Magazine : Quand as-tu commencer le BMX et pourquoi ?
AÉ : J’ai commencé le BMX à 8 ans car mon frère en faisait. Je le voyais faire, ça m’a donné envie et mes parents m’ont encouragée à essayer. C’est comme ça que j’ai commencé.
Ô Magazine : Est ce qu’il y a une compétition qui t’a plus marquée que les autres ?
AÉ : Oui, je pense que ce sont les championnats du monde de l’année dernière, 2019 donc. Ça m’a beaucoup marquée car j’étais en retour de blessure et ça s’est super bien passé. J’ai fait 3ème mondiale dans la catégorie élite. Je me suis blessée à l’épaule en 2018, ce qui m’a provoqué une tendinite, des tendons déchirés et des ligaments touchés. C’était très dur, ça m’a fait beaucoup souffrir. En fait, à cause de celle-ci, les entrainements cette année-là ont été très durs. Essayer de dépasser le niveau que j’avais tout en étant blessée c’était vraiment très éprouvant. Du coup j’ai vraiment été surprise d’arriver à cette place-là, je m’y attendais pas du tout.
Ça a été une grosse joie, beaucoup d’émotions, c’était incroyable ! À côté des entrainements il y a eu beaucoup de rééducation quotidienne pour essayer de consolider cette blessure et d’ailleurs je continue encore même si j’ai dû un peu diminuer avec le confinement. Je vois très régulièrement le kiné pour voir comment ma blessure évolue et trouver des exercices adaptés.
Ô Magazine : Comment as-tu vécu cette progression depuis tes débuts à aujourd’hui avec ta probable future participation aux JO de Tokyo ?
AÉ : Je vois où ce sport m’amène mais je ne m’attends pas vraiment à quelque chose en particulier. J’aime voir les progrès que je suis capable de faire. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer mais je m’entraine pour progresser et c’est ça qui m’a amenée là où je suis aujourd’hui. J’en suis très contente, mais ce n’est pas dès la première année ou j’ai commencé le BMX que je me suis dit tiens je vais faire les jeux olympiques. Non, c’est arrivé petit à petit d’abord j’ai fait les coupes de France après j’ai voulu tenter des compétitions internationales et une fois que j’ai fait ça je me suis dis pourquoi pas faire les championnats du monde. C’est comme ça que ça m’a amenée de plus en plus loin. Je me dis que le plus important c’est de prendre en force, de prendre techniquement, de progresser et après ça devrait le faire. Normalement si on est bien préparé les courses se passent bien.
Ô Magazine : Quels sont tes objectifs pour les mois et années à venir ?
AÉ : Continuer à progresser, m’améliorer sur tous les points et après comme je le disais, plus je progresse plus les résultats devraient suivre. Je n’ai donc pas vraiment un objectif de résultat mais plutôt un objectif de progression.
Ô Magazine : Est-ce que pour toi les JO de 2021 représentent un peu une revanche sur la fracture à la cheville qui t’avait empêchée de participer aux jeux de Rio en 2016 ?
AÉ : Les jeux olympiques c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel donc c’est sûr qu’y participer c’est quelque chose d’assez incroyable. En 2016 ça aurait peut-être été compliqué d’avoir une médaille, j’étais jeune et je n’avais pas encore vraiment fait de podium international donc ça aurait été peut-être un peu prématuré. Tandis que là, si j’ai la chance de participer aux jeux de Tokyo c’est vraiment dans l’objectif de remporter une médaille bien sûr. Cette participation est plus réaliste que celle de Rio. Ce serait donc vraiment une grande chance et un rêve d’y participer et d’y obtenir peut-être une médaille.
Ô Magazine : Est-ce que tu poursuis des études supérieures à côté du BMX?
AÉ : Oui en kinésithérapie depuis maintenant quelques années.
Ô Magazine : Quelle vision as-tu de ta discipline actuellement et du sport féminin en général ?
AÉ : Le BMX est un sport extrême et assez exigeant, il y a aussi le facteur blessure qui peut empêcher de faire des résultats. Il ne faut rien lâcher, il faut être fort mentalement car c’est un sport qui est très court, qui ne dure que quelques secondes donc il faut vraiment être explosif, être prêt.
Le BMX Race féminin progresse d’année en année, personnellement moi je n’ai jamais ressenti de discrimination par rapport au fait que je sois une fille dans le BMX donc c’est une bonne chose. Je trouve aussi que c’est assez valorisé comme sport féminin, il y a un réel équilibre entre les garçons et les filles. Par exemple on a quasiment la même visibilité dans les médias, les mêmes primes…
Ô Magazine : Est ce qu’il y a des sportifs qui t’inspirent ?
AÉ : Oui bien sûr, il y en a plusieurs. J’aime beaucoup Simone Biles en Gymnastique, j’adorais la regarder. Il y a aussi Sky Brown, jeune skateuse qui rêve de faire les jeux olympiques. Elle roule super bien en skate et fait des figures vraiment impressionnantes. On va dire que c’est les deux sportives qui m’impressionnent le plus.
Ô Magazine : Finalement, si tu n’avais pas fais de BMX quel autre sport aurait pu te plaire ?
AÉ : Je pense que l’autre sport qui aurait pu m’attirer c’est la danse, j’aime beaucoup danser, plus de la danse urbaine mais c’est vraiment quelque chose qui aurait pu me plaire.
Merci à Axelle Étienne de nous avoir accordé un peu de son temps pour cette interview. Nous lui souhaitons bonne chance pour la suite et notamment pour sa qualification aux jeux olympiques de Tokyo. Pour suivre en direct la progression de la jeune femme retrouvez là sur Facebook ou sur Instagram.