Les vêtements traditionnels selon les créateurs

Les vêtements traditionnels selon les créateurs

Les créateurs n’ont rien inventé, ils s’inspirent et remettent au goût du jour ce qui les interpelle. Ainsi, ils ne peuvent s’empêcher, artistes comme ils sont, d’interpréter des classiques à leur manière. Les voyages les inspirent beaucoup et reprennent les vêtements traditionnels. De fait, est-ce un hommage ou tout simplement une innovation, selon leur propre vision ?

Le kimono, le vêtement traditionnel japonnais

Le kimono est un vêtement mixte traditionnel du Japon destiné à de grands événements. Celui-ci est un moyen de communiquer à quelle classe sociale appartient son propriétaire. La conception d’un kimono est très minutieuse chez les japonnais. Surtout quand il s’agit du textile, c’est l’équivalent d’une toile pour un artiste peintre. Mais ce qui va intéresser le créateur est avant tout la coupe en elle-même. 

Le kimono chez Zuhair Murad

Un traditionnel en fluidité et près du corps.

Lors de sa collection Automne Hiver 2011/2012,  Zuhair Murad propose une vision plus fluide et plus sensuelle du vêtement traditionnel japonnais. Cela s’explique par un décolleté dégagé et d’un jeu de transparence du vêtement. Ce que nous souhaitons cacher au départ est appuyé par la légèreté de la matière, ainsi que le travail de la broderie. Sachant que cela est quelque peu controversé puisque le Japon est un pays où la bienséance et la pudeur sont encore fortement conservées. Nous sommes plus dans une tentative de séduction, un kimono en guise de peignoir et en souplesse.

Le kimono chez John Galliano

John Galliano s’est attardé sur le travail de ce vêtement, mais de manière plus structurale et très architecturale lors de sa collection Printemps-Eté 2007. Il propose une approche plus théâtrale et extravagante avec des couleurs vives et une construction tout en volume. C’est évidemment importable dans la vie de tous les jours, mais la silhouette demeure intéressante, car le créateur reprend des éléments proprement japonais. Il les retravaille tel un artiste déformant la perception classique et traditionnelle des choses. Contrairement à Zuhair Murad, Galliano ne souhaite pas mettre en valeur la silhouette mais exploite son sens artistique et créatif. 

Le Japon est un pays qui fascine de nombreux créateurs, leur insufflant une certaine vision fantasque. L’exotisme et l’orientalisme de cette contrée les intriguent et les incitent à nous embarquer dans un tout autre monde rempli de fantaisie. 

La robe flamenco, le costume traditionnel espagnol

La robe flamenco est le costume traditionnel de la danseuse espagnole, la bailaora. Cette robe est colorée, souvent rouge et noire (voire blanc) et imprimée à pois. La jupe est recouverte de volants, accentuant davantage le mouvement de la robe lorsque la bailaora danse. Le costume est accompagné de petits talons, une petite traîne ainsi qu’un chignon serré sur lequel est fixée une fleur de flamenco.

La robe flamenco chez Cristóbal Balenciaga

une nouvelle silhouette en flamenco

Pour Cristóbal Balenciaga, étant un créateur espagnol, son style est profondément imprégné dans sa culture hispanique. À l’opposé de Dior à l’époque, l’idée de Balenciaga est de déconstruire la silhouette. En 1951, il réinvente donc la robe flamenco traditionnelle en robe de soirée avec ses couleurs de prédilection: le noir et le rose. On peut y percevoir une référence évidente au flamenco par un corsage ajusté et une jupe courte devant et longue derrière, suggérant un certain mouvement. Dans cette robe, Balenciaga nous dévoile donc son amour pour la danse et pour la culture de son pays. Et n’hésite pas à faire preuve d’audace en imposant un tel coloris sur ses défilés.

La robe flamenco chez Juana Martin

la robe flamenco, vêtement traditionnel en sensualité

Juana Martin est une créatrice de mode au style résolument espagnol. Son ADN se fonde clairement sur ce qu’elle connait de son pays d’origine. A son dernier défilé en 2020, elle mise sur la dentelle, les volants et sur le volume de ses silhouettes. Elle cherche à structurer et à donner une noblesse, un prestige royal de la Renaissance espagnole dans ses modèles. Elle a eu l’honneur de présenter ses créations avec comme égérie l’actrice et l’incroyable danseuse : Rossy De Palma. Ainsi, la créatrice expose une espagnole décomplexée assumant ses formes, toujours avec sa propre élégance dont elle seule a le secret.

Ainsi, la robe flamenco est une robe sulfureuse et remarquable au premier regard, avec un fort jeu de mouvement. Elle a pour but de séduire, de charmer et d’attirer tous les regards qui se posent sur elle. Les créateurs ont raconté comme réécrit une histoire d’une coutume comme d’un pays par un vêtement emblématique.

 La Marinière, le vêtement traditionnel national français :

La marinière est en terme de vêtement un tricot rayé, souvent confectionnée avec des matières chaudes tel que la laine. C’est une pièce encore très actuelle, que nous caractérisons comme un des basiques de la garde-robe. Elle est associée à l’univers maritime des bandes bleues rayées. La marinière est donc devenue notre distinction nationale traditionnelle que les créateurs ont pu revisiter au fil des années. 

La marinière chez Jean Paul Gaultier

Quand nous pensons à la marinière, le premier créateur qui nous vient à l’esprit est évidemment l’enfant terrible de la mode : Jean-Paul Gaultier. Les années filent et il ne s’arrête jamais de l’intégrer dans ses défilés. La marinière est ainsi devenue sa pièce signature, depuis les années 80. Le créateur a effet décliné, cette dernière en mille et une façons : en robe, en top et même en parfum . Il aime déconstruire et déformer ses silhouettes avec les rayures géométriques de celle-ci, pour jouer avec l’œil. 

La marinière chez Chanel

La Marinière. Défilé Chanel,

Néanmoins, la marinière a été revisitée en tout premier lieu par Coco Chanel. La Gabrielle de l’époque a clairement  été influencée par les marins de Deauville. La marinière correspondait à son style à la garçonne. Elle est l’une des premières à avoir intégré la marinière dans le style des Parisiennes. Et c’est en Printemps – Eté 2015 que Karl Lagerfeld, fait revenir en force cette pièce traditionnelle indémodable de la maison. À la différence de Gaultier, Chanel s’approprie la marinière en la marquant de son blason avec ses deux « C ».

Ainsi, la marinière a connu mille et une histoires, devenant un véritable incontournable dans le dressing de toutes les françaises. D’autres créateurs étrangers l’ont intégré dans leur défilé comme Kenzo, Dolce Gabanna ou encore Moschino. Mais rivalisent t-ils avec nos créateurs français ? Comme nous venons de le voir, les créateurs sont fortement influencés par leurs racines ou leur découverte. Ainsi, ils réinterprètent les classiques et y insufflent leur fantasme et leur vision unique. Il y a aucune attribution, alors libre à eux de faire ce qu’ils veulent du monde qui les entoure. Nous vous invitons à lire nos articles.

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