La Fashion Week connaît d’importantes évolutions depuis plusieurs mois. La crise du coronavirus remet en question le système. Annulation de certaines défilés, digitalisation des collections et départ de certaines marques du calendrier officiel de la semaine de la mode. La Fashion Week, telle qu’on la connaît, pourrait bien complètement changer.
Au revoir et à jamais
Le monde de la mode a tremblé le 27 avril dernier. Saint Laurent, maison mythique depuis 60 ans, annonçait sur un post Instagram quitter le calendrier officiel de la Fashion Week. Chef d’orchestre de tous les défilés, les semaines de la mode organisent la présentation des shows sur des jours stricts dans l’année. Bien que réunissant la majorité des marques, l’actuel directeur artistique Anthony Vaccarello et la griffe justifient leur décision par rapport à la « conjoncture actuelle » et les « changements radicaux qu’elle induit ». La pandémie de coronavirus a impacté tout le secteur de la mode. La maison d’Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé souhaite désormais instaurer son propre rythme de présentation des collections. Une des raisons principales est de remettre la créativité au centre de l’attention, au-delà de la Fashion Week.
Un mois après, le 24 mai, c’est au tour de Gucci d’annoncer son départ de la Fashion Week italienne. Son directeur artistique Alessandro Michele déclare sur les réseaux sociaux : « Je vais abandonner le rituel démodé de la saisonnalité et des défilés pour adopter une nouvelle cadence, plus proche de mon besoin créatif. » Tout comme Saint Laurent, Gucci décrit une situation qui n’est plus viable : rythme effréné et nécessité de produire au détriment de la création.
Repenser le système
« Quand vous tentez d’expliquer comment fonctionne la mode à quelqu’un qui n’est pas du milieu, c’est impossible ». Ce sont les mots de Dries Van Noten, styliste de sa marque éponyme. Le créateur a réuni 180 personnalités de la mode, allant des directeurs artistiques aux acheteurs vers les PDG, dans une lettre ouverte. Celle-ci entend bien vouloir changer le système et éveiller les consciences. Plus de saisons décalées (car oui, il existe un décalage d’environ six mois entre la présentation de la collection, la Fashion Week et la mise en vente dans les magasins). Et bien sûr, respecter davantage l’environnement comme limiter le gaspillage.
Des stylistes tels que Marine Serre, Tory Burch, Mary Katrantzou ou encore Alexandre Mattiussi s’allient. Ainsi, ils espèrent « que ces étapes permettront à notre industrie de devenir plus responsable de notre impact sur nos clients, sur la planète et sur la communauté de la mode, et de ramener la magie et la créativité ». Autrement dit, le but est de repenser le système de la mode en le rendant plus éthique tout en continuant de faire briller les yeux de tous les passionnés.
Une solution ? Digitaliser les défilés
La Fashion Week de Milan, de Paris, de Londres : toutes ont décidé de présenter la Fashion Week homme en juillet 2020. Une initiative qui pourrait très bien se démocratiser sur la durée. Pourquoi ? Premièrement, la collection serait visible par le plus grand nombre. Plus besoin d’être une personnalité et d’avoir son invitation pour avoir accès aux défilés. De plus, la collection ferait un buzz immédiat où chacun donnerait son avis en temps réel. Enfin, les maisons pourraient être totalement libres de choisir la date du show de la Fashion Week. Il suffirait juste d’une connexion Internet pour y avoir accès !
La crise sanitaire a accéléré l’envie de changement au sein de la mode. Devenue source de surproductivité où l’impact écologique est plus que néfaste, c’est toute la chaîne de consommation vestimentaire qui est remise en question. Par ailleurs, au sein des marques, l’importante pression sur les ateliers et le lourd poids créatif des stylistes suffisent à justifier la nécessité d’une évolution majeure. Parce que la semaine de la mode qui devient démodée, n’est-ce pas contradictoire ?
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Enfin ! Je pense que l’on peut se réjouir d’une telle tendance. Je m’en réjouit moi en tout cas.