Demain c’est l’été, aujourd’hui c’est la canicule, et je suis une pute. Demain c’est l’été, et une pute est toujours un nom féminin et un adjectif.
Péjoratif et vulgaire, si tu embrasses, si tu enlaces et que tu te casses. Péjoratif et vulgaire, si courte et transparente, si longue et en talon, si maquillées paupières, si mates sont les lèvres, si maquée est la fille.
Demain c’est l’été, aujourd’hui c’est la canicule
Péjoratif et vulgaire, si voilée ou dévoilée, si jalouse et peureuse, tu es envieuse, si calé tu t’es fait recaler, si connue tu crois la connaître, si courtisée tu es coureuse, si prostituée on t’escorte à ta chambre. Si porno tu le fais, et si porno tu le regardes, et si porno tu te masturbes. Si photographie tu publies, tes yeux, ta bouche, tes seins, ta nuque, tes fesses. Si 444 chattes ou, et, 888 bites, si adultère. Péjoratif et vulgaire, péjoratif et vulgaire et définition mensongère.
Tu es, d’après Internet, une femme de mauvaise vie, qui se fait entretenir, prête à tout pour réussir. Une femme de mauvaise vie ? Qu’est-ce que cela est censé vouloir dire ? Tu es, d’après Internet, une pute et ses synonymes : une catin, une fille facile, une fille de joie, une fille aux mœurs légères, de petite vertu, péripatéticienne, Marie couche-toi-là, traînée, salope, pétasse, poufiasse.
Le poids des jugements et des stéréotypes
Si tu « fais la pute », si tu bois et te déhanches, si tu es sifflée et qu’il s’essouffle de ton silence. Si tu dis non et qu’il entend oui. S’il te touche alors que tu le pousses. Si elles piaillent et qu’elles te jugent. Si femmes elles aussi ont déjà été le prénom pute et qu’elles te le donnent aujourd’hui.
Si sale pute, si grosse pute, Si « non mais c’est vraiment une pute elle » est un prénom aussi courant que celui d’Emma, Léa ou encore Marie. Et si tu ne le prononçais plus ?
Demain c’est l’été, une nouvelle saison qui commence, apportant avec elle des promesses de chaleur, de lumière et de renouveau. Mais aujourd’hui, la canicule est là, étouffante, écrasante, et je me trouve coincée dans cette réalité brûlante et inéluctable. Et en plus de cette chaleur physique, il y a le poids des jugements sociaux, de ces mots qui blessent et qui stigmatisent.
Une pute. Ce terme, péjoratif et vulgaire, est utilisé pour contrôler et humilier. Si tu embrasses avec passion, si tu enlaces quelqu’un avec amour et puis t’en vas sans explication, on te traite de pute. Si tu portes des vêtements courts et transparents, si tu oses des talons hauts, si tes paupières sont maquillées avec soin, si tes lèvres sont soigneusement mates, si tu es en couple avec quelqu’un, on te juge encore une fois.
Et la liste continue. Peu importe si tu es voilée ou non, jalouse ou peureuse, tu seras toujours jugée envieuse. Si tu réussis dans ta carrière et que d’autres échouent, tu es recalée. Si tu es une figure publique, les gens pensent te connaître et te jugent encore. Si tu es courtisée, on te considère comme une coureuse. Si tu es prostituée, tu es escortée comme si tu n’étais rien de plus qu’un objet. Si tu participes à la pornographie, que ce soit en tant qu’actrice ou spectatrice, tu es encore jugée. Si tu te masturbes en regardant des films pour adultes, on te condamne. Même publier des photos de toi-même sur les réseaux sociaux – que ce soit tes yeux, ta bouche, tes seins, ta nuque, ou tes fesses – peut entraîner des jugements sévères.
Le mot “pute” est aussi utilisé de manière péjorative pour décrire l’adultère. En gros, si tu fais quelque chose qui ne plaît pas à la société patriarcale, tu es cataloguée comme “pute”. Cette définition est non seulement vulgaire mais aussi profondément mensongère.
Internet nous décrit comme des femmes de mauvaise vie, prêtes à tout pour réussir et se faire entretenir. Mais qu’est-ce que cela signifie vraiment, “mauvaise vie”? Les synonymes de “pute” sur Internet incluent des termes tels que catin, fille facile, fille de joie, fille aux mœurs légères, de petite vertu, péripatéticienne, Marie couche-toi-là, traînée, salope, pétasse, poufiasse. Chacun de ces mots est chargé de mépris et de jugement.
Si tu “fais la pute” en buvant et en te déhanchant, si tu es sifflée et que l’on s’essouffle face à ton silence, si tu dis “non” et qu’on entend “oui”, si l’on te touche et que tu repousses cette main intruse, les jugements pleuvent. Même les autres femmes, celles qui ont été aussi étiquetées de la même manière, peuvent te juger et te condamner.
Des insultes comme “sale pute” ou “grosse pute” deviennent des prénoms aussi courants que ceux d’Emma, Léa ou Marie. Et si on arrêtait simplement de les utiliser? Et si nous décidions de ne plus prononcer ces mots qui font mal, qui humilient et qui stigmatisent?
Ce changement commence par une prise de conscience collective, une volonté de voir au-delà des mots et des étiquettes, de reconnaître la valeur et la dignité de chaque individu, indépendamment de ses choix ou de son apparence. Demain c’est l’été, et avec cette nouvelle saison vient l’espoir d’un renouveau, d’un monde où les mots ne sont plus des armes, mais des ponts vers une compréhension et un respect mutuel.