“Pute” une insulte démocratisée à tord

Demain c’est l’été, aujourd’hui c’est la canicule, et je suis une pute. Demain c’est l’été 2019, et une pute est toujours un nom féminin et un adjectif. 

Péjoratif et vulgaire, si tu embrasses, si tu enlaces et que tu te casses. Péjoratif et vulgaire, si courte et transparente, si longue et en talon, si maquillées paupières, si mates sont les lèvres, si maquée est la fille. 

Péjoratif et vulgaire, si voilée ou dévoilée, si jalouse et peureuse, tu es envieuse, si calé tu t’es fais recaler, si connue tu crois la connaître, si courtisée tu es coureuse, si prostituée on t’escorte à ta chambre. Si porno tu le fais, et si porno tu le regardes, et si porno tu te masturbes. Si photographie tu publies, tes yeux, ta bouche, tes seins, ta nuque, tes fesses. Si 444 chattes ou, et, 888 bites, si adultère. Péjoratif et vulgaire, péjoratif et vulgaire et définition mensongère.

Tu es, d’après Internet, une femme de mauvaise vie, qui se fait entretenir, prête à tout pour réussir. Une femme de mauvaise vie ? Qu’est-ce que cela est censé vouloir dire ? Tu es, d’après Internet, une pute et ses synonymes : une catin, une fille facile, une fille de joie, une fille aux mœurs légères, de petite vertu, péripatéticienne, Marie couche-toi-là, trainée, salope, pétasse, poufiasse. 

Si tu « fais la pute », si tu bois et te déhanches, si tu es sifflée et qu’il s’essouffle de ton silence. Si tu dis non et qu’il entend oui. S’il te touche alors que tu le pousses.  Si elles piaillent et qu’elles te jugent. Si femmes elles aussi ont déjà été le prénom pute et qu’elles te le donnent aujourd’hui. 

Si sale pute, si grosse pute, Si « non mais c’est vraiment une pute elle » est un prénom aussi courant que celui d’Emma, Léa ou encore Marie. Et si tu ne le prononçais plus ? 

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