Afin de proposer des produits éthiques et esthétiques, les créateurs de mode utilisent de plus en plus de nouveaux matériaux. Des bouteilles recyclées en passant par le raisin, l’industrie de la maroquinerie végétale fait la peau au cuir animal ! Ô Magazine a rencontré la créatrice de cette maroquinerie végétale, Elsa Ritter, qui a lancé sa marque Lérisa il y a un peu plus d’un an.
Après avoir fait des études dans une école hôtelière de Strasbourg, elle commence sa carrière de cheffe de rang dans des restaurants de luxe. Un parcours presque inscrit dans son patrimoine génétique puisque Elsa appartient à la cinquième génération travaillant dans ce domaine. De Saint-Tropez à Courchevel, elle acquiert une expérience significative mais étant « passionnée par la mode depuis toujours », c’est à Paris qu’elle pose finalement ses valises pour lancer sa propre marque. Une ville inspirante et « incroyable » pour elle parce que « dans chaque quartier, c’est toujours différent ».
De la consommation impulsive à la prise de conscience
Le monde de la mode l’a bien compris : le respect de l’animal et de la planète révèlent une prise de conscience nécessaire. Comme beaucoup d’entre nous, Elsa n’est pas restée insensible face aux dérèglements climatiques et à la cruauté infligée aux animaux. « J’étais une consommatrice de mode, j’achetais très régulièrement. J’ai pris conscience par des articles, des reportages. Ça a marqué la fin de ma consommation impulsive. J’ai réduit mes achats », nous a-t-elle confié.
Un déclic qui semble avoir considérablement influencé ses choix pour concevoir ses productions.
Un cuir végétal innovant : le raisin
Afin d’être en cohérence avec sa sensibilité écologique, elle décide de proposer une alternative au cuir, le raisin. En effet, il s’agit de concevoir de la maroquinerie à partir des résidus de l’industrie viticole. Inscrite dans une démarche éthique et responsable, elle privilégie les agriculteurs et artisans français, italiens et espagnols.
Originaire d’Alsace et fille de restaurateur, elle propose un partenariat au domaine Bott qui fournit le restaurant familial. Une alliance prolifique puisqu’elle pourra exposer ses pochettes et sacs à main dans la boutique réservée à la vente de bouteilles. Enfin, ils devraient aussi organiser ensemble des événements pour qu’elle puisse rencontrer d’autres producteurs.
Recyclés jusqu’à la doublure !
Ce souci d’utiliser des matières recyclées ne se limite pas à l’extérieur des pochettes. En effet, « la doublure des pochettes et sacs à main sont en polyester recyclé à 100⁒ ». Mais Elsa ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. En effet, ainsi qu’elle nous l’a confié : « Les prochains produits seront fabriqués avec des bouteilles en plastique repêchées dans l’océan. C’est une entreprise espagnole qui a créé cela. Ils récoltent les bouteilles en plastique et les vendent à d’autres entreprises qui les tissent. »
La maroquinerie végétale, une vrai démarche éthique
Proche des animaux et touchée par les catastrophes écologiques, Elsa est également soucieuse du bien-être de ses collaborateurs. Elle s’est ainsi rendue plusieurs fois dans l’atelier basé à Angers. Cela lui a permis de s’assurer que les couturiers travaillaient dans de bonnes conditions. Ceci, tout en échangeant avec eux sur ses attentes vis-à-vis de la collection : « C’est un super atelier. ils ont été très ouverts avec ma matière végétale qui ne se travaille pas de la même manière. »
Altruiste tout en étant perfectionniste, elle enveloppe ses créations dans un pochon en lin. Pour ce faire, Elsa permet à des personnes handicapées de pouvoir avoir une activité. En effet, pour ses pochons, la créatrice a fait appel à un ESAT situé à Antibes : « Cela leur permet une meilleure insertion sociale et leurs journées sont assez courtes. »
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De la maroquinerie végétale d’inspiration britannique
Vous l’aurez compris, Elsa Ritter est une passionnée de mode tout en étant écoresponsable. Elle démontre ainsi, grâce à ses productions que l’on peut être tendance tout en étant soucieux.se de l’environnement et du bien-être animal. Comme elle nous l’a expliqué, ses réalisations s’inscrivent dans « une collection atemporelle avec des lignes épurées et qui dépasse les simples tendances de saison. Ce sont des produits qu’on peut porter à tout moment ».
Un style chic, classique et efficace, qui n’est pas sans rappeler l’élégance britannique. Admirative du travail et de l’éthique de Stella McCartney, elle aime sa conception d’« une mode plus éthique et plus responsable. Elle est une source d’inspiration. Ça me plairait beaucoup de pouvoir voir comment elle travaille. Elle allie une mode esthétique tout en étant éthique ».
La vertu se fait muse et la beauté se travaille autant de l’intérieur que de l’extérieur. Il n’est donc pas surprenant qu’Elsa avoue avoir « toujours beaucoup aimé Diana. C’est un personnage très inspirant. Elle était très humaine, engagée. Elle est un modèle pour moi. Cette sensibilité vis à vis des gens. Ses tenues étaient incroyables, elle procurait une énergie pour les gens ».
L’éthique : une tendance sûre et pérenne !
La tendance n’est donc pas, vous l’aurez compris, à l’éphémère mais à la durabilité. La bienveillance et la responsabilité tendent à devenir des prérequis pour séduire des consommateurs de plus en plus soucieux. Qualité des matériaux, traçabilité, durabilité, coût, tant d’éléments qui sont de plus en plus pris en compte. La mode, connue et respectée pour son avant-gardisme, sa créativité et sa liberté exploite ses compétences pour les mettre au service d’une cause. Par sa démarche, Elsa Ritter s’inscrit dans cette nouvelle vague de créateurs désirant vivre de leur art sans pour autant détruire la forêt amazonienne.
Une collection de vêtements en projet.
Bien qu’elle ne soit pas convaincue que le cuir animal soit sur le déclin, Elsa Ritter aspire néanmoins à étendre ses créations à d’autres domaines que la maroquinerie végétale. En effet, elle projette de proposer une collection de vêtements et/ou de chaussures. Elle a même« déjà pensé à des matières intéressantes » !