Qu’est-ce que l’orgasme féminin ? La sexualité chez la femme a longtemps été un sujet tabou. De ce fait, nombreuses sont celles qui ne connaissent pas leur corps et comment atteindre le plaisir ultime qu’est l’orgasme. Les rumeurs sont vraies, l’orgasme féminin est plus difficile à atteindre que chez l’homme. En effet, plusieurs facteurs rentrent en compte et jouent un rôle dans ce moment de lâcher-prise. Atteindre cette sensation de plaisir est complexe, c’est pourquoi mieux le comprendre permettra d’y accéder plus facilement. Pour Ô Magazine, Sébastien Garnero, sexologue, nous éclaire sur ce point culminant du désir dont peu de personnes en connaissent les secrets.
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La diversité des corps force la complexité de l’atteinte de l’orgasme féminin. Mais ce n’est pas tout. Une multitude de facteurs rentrent en compte en ce qui concerne toucher du doigt ce moment de plaisir ultime. Mieux comprendre votre corps permettra de parfaire les galipettes avec votre partenaire.
Les effets de l’orgasme sur le corps et le cerveau
L’orgasme est un phénomène qui produit des sensations diverses dans notre corps. L’euphorie procurée par ce point culminant du plaisir s’accentue au fur et à mesure des différentes phases de l’excitation.
Sébastien Garnero : le phénomène de l’orgasme s’inscrit dans le processus de ce que l’on appelle la réponse sexuelle en sexologie. Il comprend cinq phases qui assurent l’ensemble du cycle dans un processus d’augmentation progressive de l’excitation jusqu’à l’orgasme et la résolution. Et ce tant pour les femmes que pour les hommes.
Les prémices de l’orgasme féminin
C’est le moment de l’escalation du désir qui prépare la venue de l’orgasme. On vous explique tout.
S.G : la phase de désir : elle correspond à la phase de préparation et d’activation, de l’envie d’avoir une relation sexuelle. Elle est caractérisée par des désirs érotiques, pensées sexuelles, et envie d’avoir un rapport sexuel.
La phase d’excitation : chez la femme, on assiste à une augmentation de la vascularisation (afflux sanguin) de la vulve et du vagin associée à la lubrification et à l’érection du clitoris. Chez l’homme, ce même processus amène l’érection du pénis. La phase d’excitation provient chez les deux sexes de stimulations du cerveau initiées par les sens et l’imagerie fantasmatique (visuelles, auditives, tactiles…) et/ou périphériques en particulier d’activation périnéale.
La phase de plateau : il s’agit de la phase de réalisation du rapport sexuel. Elle consiste en la réalisation du coït ou la poursuite de la stimulation sexuelle (type masturbation ou autres). Durant cette phase, les phénomènes de la phase d’excitation s’inscrivent dans une continuité et stabilité, d’où le terme de « phase de plateau ». Ils se poursuivent et s’amplifient au fil du processus de la stimulation sexuelle.
Orgasme féminin – le point de non-retour
Les stimulations produites par le coït amènent à cette phase tant attendue : l’orgasme. C’est l’aboutissement des différentes phases d’excitation.
S.G : la phase d’orgasme : phase caractérisée par une sensation de plaisir intense. Elle correspond également au déclin du processus, à une décharge des tensions sexuelles, corporelles et psychiques. C’est la phase paroxystique de l’acte sexuel. Il est accompagné par des signes physiques de l’ensemble du corps : augmentation des tensions musculaires, de la fréquence cardiaque, artérielle, de phénomènes de vasodilatation en lien avec la sensation de chaleur, rougeurs cutanées, de changements du rythme respiratoire.
L’orgasme, sur le plan psychologique, est précédé au moment du point de non-retour d’une forme de « lâcher-prise sexuel ». L’orgasme d’un point de vue physiologique s’accompagne, pour les deux sexes, de contractions de la musculature striée périnée. Il peut durer de quelques secondes chez l’homme (six secondes en moyenne) à en moyenne une vingtaine de secondes chez la femme. Chez l’homme, la phase d’orgasme coïncide aussi avec la deuxième phase de l’éjaculation. On peut noter, que lorsque l’éjaculation est absente (cas de prostatectomie totale), la réponse orgasmique perdure.
La phase de résolution : les phénomènes typiques de la phase d’excitation cèdent significativement à la suite de l’orgasme. Chez l’homme, après la phase orgasmique, fait suite à une période appelée réfractaire. C’est une phase durant laquelle il n’est plus réceptif à la stimulation sexuelle. La femme, quant à elle, peut avoir plusieurs orgasmes successifs lors de stimulations sexuelles continues. La résolution ne survenant qu’après le dernier orgasme. Dans la réalité du rapport, le plus souvent, elle se cale sur son partenaire.
Lors des différentes phases successives à la réalisation d’un acte sexuel avec orgasme, on retrouve de nombreux neuromédiateurs impliqués dans la réponse sexuelle : la dopamine, l’ocytocine, la prolactine, la sérotonine, les endorphines…
Le rôle de certaines hormones lors de l’orgasme
Certaines hormones jouent un rôle capital dans la délivrance du plaisir.
SG : la dopamine, active essentiellement durant les phases du désir, de l’excitation et du plateau, est le messager principal. Ce neurotransmetteur a un rôle essentiel dans le circuit de la récompense et du plaisir. Il est également en lien avec l’envie, le désir, la libido, l’excitation. Cette hormone est aussi associée à la libido au même titre que la testostérone (hormone androgène du désir et de la libido par excellence). Pendant un rapport sexuel, le taux de dopamine augmente progressivement. Cela se traduit par une accélération de la fréquence cardiaque, une dilatation des pupilles, un phénomène de vasodilatation vers le sexe, une hypersensibilité au niveau de la peau… Le plaisir sexuel intense est souvent proportionnel au pic de dopamine même si d’autres facteurs psychologiques (sentiment de fusion, de symbiose corporelle, de plénitude du couple, relâchement et lâcher-prise total…) sont tout aussi importants.
De plus, les endorphines naturelles interviennent et procurent une sensation de plénitude intense, de bien-être, de plaisir et d’apaisement.
L’ocytocine est l’hormone qui joue un rôle dans les réflexes de contraction des muscles pelviens et utérins ainsi que dans les sécrétions. L’ocytocine participe également au sentiment d’attachement, de tendresse agissant comme un renforçateur affectif entre les deux partenaires.
La sérotonine agit à la suite de la phase orgasmique, durant la phase de résolution. Neuromédiateur du bien être, de l’humeur et de la régulation émotionnelle, la sérotonine participe au sentiment de bonheur et d’harmonie. Au décours de cette phase, l’activation de la sérotonine peut amener également un relâchement de l’organisme provoquant parfois la sensation de se laisser aller complètement jusqu’à l’endormissement.
En outre, la taille n’est pas un facteur primordial lorsque vous partez à la conquête du plaisir. En effet, ce qui compte, c’est comment votre partenaire s’y prend et votre sensibilité. Les facteurs psychologiques ne sont pas à négliger en ce qui concerne l’atteinte de l’orgasme. Ils feront que chacun vivra différemment le rapport sexuel en fonction de son histoire, de son développement psychosexuel et de sa relation de couple.
Un article écrit en collaboration avec Enola De Filippo et le sexologue clinicien Sébastien Garnero.