En Europe, les femmes gagnent en moyenne 16% de moins que les hommes (15,4% en France). À ce jour, plus elles ont des postes à responsabilité, plus elles l’écart salarial augmente.
Une nouvelle étude de l’Apec nous montre que plus les femmes ont des postes à responsabilité, plus l’écart salarial se creuse. Certaines d’entre elles ont réussi à briser le plafond de verre mais jusqu’à un certain point. En effet, ce plafond de verre se transforme très vite en plafond de titane !
Cette même étude montre également que les femmes sont 31% à encadrer des équipes et seulement 25% aux postes de direction générale. D’ailleurs, lorsqu’on épluche leurs fiches de paie, la différence salariale avec leurs homologues masculins est flagrante ! L’écart de salaire est de 21% chez les cadres devenu.e.s dirigeant.e.s. Cette inégalité découle de plusieurs facteurs notamment celui de la maternité.
Le timing de la maternité
Au moment où elles peuvent accéder au statut de cadre, les femmes sont en pleine période de leur vie où elles souhaitent fonder une famille (enfin pour la plupart). Bien qu’il n’y ait aucune incompatibilité de gérer un poste à responsabilité et d’élever des enfants, les entreprises ne l’entendent malheureusement pas de cette oreille.
« Les recruteurs continuent de privilégier les hommes lorsqu’il s’agit d’offrir des postes d’encadrement »
dénonce Dominique Epiphane, sociologue au Cereq.
De plus, la sociologue observe également que les femmes ont tendance à moins se valoriser et se mettre en avant, comme si leur place était encore et toujours derrière celle des hommes. La question récurrente « est-ce que je vais en être capable ? » est beaucoup plus présente chez les femmes que chez les hommes. Néanmoins, Dominique Epiphane note que ce phénomène s’inverse avec la jeune génération :
« Les jeunes générations sont de moins en moins timorées et osent aujourd’hui réclamer des augmentations et des promotions, beaucoup plus que leurs aînées. »
Dominique Epiphane.
60% des femmes n’auraient pas envie du pouvoir
Le rapport des femmes au pouvoir dans l’entreprise est paradoxale. En effet, d’après une étude de l’Ipsos, en relation avec le forum de Elle Active, 60% des femmes interrogées aimeraient voir plus de figures féminines au pouvoir mais 60% également expliquent qu’un poste de pouvoir n’est pas ce qui leur fait le plus envie. Dominique Levy-Saragossi, directrice générale de l’Ipsos, insiste sur cette absence de désir plus présent chez les femmes que chez les hommes.
« L’épanouissement pour elles ne passe pas par le pouvoir. C’est d’abord une dimension d’équilibre et de confort relationnel. Les femmes favorisent davantage que les hommes les aspects plus émotionnels et plus relationnel. »
explique la directrice générale au micro de David Abiker sur Europe 1.
Les femmes craignent la détérioration des relations avec les collègues si elles deviennent cheffes. Cette crainte de ne pas être aimée est très présente, partagée avec celle de devoir prendre des décisions qui ne sont pas en accord avec leurs valeurs. Le stress de la double responsabilité, au travail et à la maison, pèserait trop lourd et l’argent ne permettrait pas de compenser ce sacrifice, selon 78% des femmes interrogées.
« Les femmes ont une vision plus tranchée que les hommes du prix à payer pour exercer des responsabilités. Plus de stress, moins de temps pour sa famille et ses amis, devoir prendre des décisions qui ne vont pas plaire donc ne pas être aimées, faire des choses en contradiction avec leurs valeurs. »
ajoute Dominique Levy-Saragossi.
L’inégalité ne réside pas uniquement dans le salaire mais également dans les stéréotypes attribués aux genres. Les stéréotypes sexués ont tendance à influencer les femmes à se diriger vers des postes à responsabilité moindre ou encore des postes où le relationnel est mis davantage en avant.
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