Polyarthrite rhumatoïde : “je suis arrivé à un stade où je ne pouvais même plus me lever”

En France, ce sont plus de 300 000 personnes qui sont atteintes de la polyarthrite rhumatoïde. Cette maladie auto-immune affecte les articulations, les os et les cartilages, causant alors des difficultés à se mouvoir au quotidien. Georgio les a subies. Témoignage.

Chaque année, on estime que 5 200 personnes sont diagnostiquées d’une arthrite chronique. Cette maladie auto-immune est vicieuse : elle s’arrange pour que les anticorps se liguent contre le propre corps du patient. L’immunité s’attaque alors aux articulations, aux os mais aussi aux cartilages. Elle agresse surtout le liquide synovial permettant la bonne lubrification des mouvements. Une fois attaquée, cette membrane grossie, s’enflamme et provoque des douleurs, la déformation des membres.

Ce qui engendre des problèmes pour se mouvoir au quotidien. Elle peut apparaître à tous âges mais plus particulièrement entre 40 et 60 ans. Mesdames, vous avez 2 à 3 fois plus de chance d’être atteintes par la polyarthrite rhumatoïde. La génétique joue elle aussi un rôle.

Georgio, 61 ans, a été diagnostiqué comme étant porteur de cette maladie auto-immune à l’âge de 57 ans. Alors chef d’entreprise, cette maladie l’a beaucoup impacté dans son quotidien. 

La maladie qui retourne l’immunité contre le corps lui-même

Ô Magazine : Bonjour Georgio, merci encore de nous recevoir. Alors dites-nous, quand avez-vous été diagnostiqué de la polyarthrite rhumatoïde ?

Georgio : Bonjour Ô Magazine. Alors, j’ai été diagnostiqué fin 2017, début 2018. Je n’avais pas encore pris ma retraite donc je poursuivais mes activités dans le bâtiment et ça a franchement été un coup de massue sur la tête.

ÔM : Quels symptômes aviez-vous et lesquels vous ont mis la puce à l’oreille ?

G : J’avais les articulations bloquées. Je ne pouvais pas mettre mes pulls ou mes t-shirts, je suis arrivé à un stade où je ne pouvais même plus me lever. Je n’avais plus de mouvance, et c’était vraiment insupportable et très douloureux. 

ÔM : Combien de temps a-t-il fallu pour mettre des mots sur vos maux ?

G : Il aura fallu plus de six mois d’examen pour déceler la polyarthrite rhumatoïde. On m’a passé au crible. Radios, scanners, prises de sang, IRM, analyses d’urine. J’ai tout fait. J’ai même fait un examen avec des électrodes posées sur tout mon corps et c’est finalement ça qui a déterminé la maladie dont j’étais porteur. Car, il faut savoir que les maladies auto-immunes sont très (très) dures à déceler et poser un diagnostique est assez compliqué. Il faut être sûr à 100% qu’il y est une récurrence de poussées inflammatoires pour vraiment être reconnu comme malade de cette pathologie.

ÔM : Quels praticiens avez-vous alors consultés ?

G : J’ai consulté en priorité un rhumatologue après le diagnostic. Mais j’avais au préalable consulté mon médecin traitant pour lui parler de mes douleurs. Il m’a ensuite fait une lettre pour aller consulter un rhumatologue. 

“J’étais exécrable comme Karaba la sorcière”

Georgio

ÔM : Quels traitements vous a-t-on prescrit ? 

G : Quand j’ai consulté mon médecin, il m’a prescrit de la cortisone (puissant anti-inflammatoire et immunosuppresseur). Quant au rhumatologue, il n’a pas du tout apprécié le fait que mon médecin m’ait fait une ordonnance de cortisone. Un médicament si fort. Finalement il s’est avéré que c’était le bon traitement. J’en ai pris à fort taux, entre 20 à 30 mg par jour et petit à petit on a réduit les doses. J’ai également pris du Tramadol (puissant anti-douleur) mais je ne l’ai pas supporté bien longtemps donc j’ai arrêté d’en prendre. J’avais également des séances chez un kiné pour me masser et cela me faisait beaucoup de bien

ÔM : Aviez-vous des effets secondaires dus à votre traitement ?

G : Ah oui, oui, et pas qu’un peu. J’avais le ventre qui n’arrêtait pas de gonfler. J’avais aussi des troubles de l’humeur qui, je suppose, étaient aussi liés à la douleur. Ma femme dit que j’étais “exécrable comme Karaba la sorcière”. Il fallait aussi éviter de manger trop de sel à cause de la cortisone, sinon on prend du poids. Puis, petit à petit, on a diminué les doses. J’allais régulièrement faire des bilans pour voir où ça en était, avec des prises de sang tous les mois. C’était assez barbant. Et puis j’ai fini par ne plus en prendre du tout.

ÔM : Cela a-t-il été efficace ?

G : Oui, ça a calmé les poussées inflammatoires. Il faut savoir aussi que ces poussées apparaissent et disparaissent du jour au lendemain. Donc, je ne suis jamais à l’abri d’une nouvelle poussée.

“Je redoutais ces déformations qui auraient empiré mon cas”

Georgio

ÔM : Quel traitement prenez-vous aujourd’hui contre la polyarthrite rhumatoïde?

G : Quand j’ai arrêté la cortisone, les douleurs persistaient. Ma femme a fait quelques recherches et à découvert que le curcuma (la curcumine) étaient un puissant anti-inflammatoire. Elle m’en a acheté sous forme de gélules et j’en ai pris deux fois par jour, le soir, pendant un an. Mes douleurs se sont réellement atténuées avec ce remède naturel. Puis, ça aussi, j’ai dû arrêter d’en prendre car cela me causait des ballonnements. Ma rhumatologue m’a récemment prescrit de la vitamine D. Trois gouttes dans mon café du matin tous les jours. Et c’est assez efficace ! 

ÔM : Est-ce que vous avez des déformations dues à la maladie ?

G : Et bien figurez-vous que non. J’avais peur que cela m’arrive. Les douleurs étaient suffisamment handicapantes au quotidien et surtout au travail. Je redoutais ces déformations qui auraient empiré mon cas. J’ai été diagnostiqué à temps ! Le traitement m’a sauvé.

ÔM : Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

G : J’ai encore quelques douleurs mais elles restent très supportables. Je fais des échauffements, je m’étire. Un coup j’ai mal à ma hanche, un coup à mon genou, un autre jour c’est mon épaule, … Malheureusement, à tout moment je peux faire une poussée inflammatoire. Et c’est sûr qu’elle ne prendra pas la peine de m’envoyer un courriel !

Aujourd’hui je suis à la retraite, donc forcément cela joue un rôle dans mon rétablissement. Le stress a été la source de mes maux. J’admets que j’ai de la chance d’avoir ma femme à mes côtés, car elle m’a sauvé.

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