Adrien Chaltiel : comment obtenir les meilleurs financements pour votre entreprise

Adrien Chaltiel : comment obtenir les meilleurs financements pour votre entreprise

Vous souhaitez créer votre entreprise, mais ne savez ni où ni comment trouver des financements ? Nous vous proposons alors de lire attentivement Adrien Chaltiel qui publie ce 4 mai son livre Obtenez les meilleurs Financements pour votre projet… à chaque étape de votre développement, aux éditions Vuibert. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il ouvre grand les portes du financement d’entreprise. Il encourage ainsi le plus grand nombre d’entre nous, les femmes notamment, à réaliser notre projet dans les meilleures conditions.

Entrepreneur depuis une quinzaine d’années, Adrien a lui-même créé des entreprises qu’il a ensuite revendues à un groupe de médias en 2017. Il a également pris la direction de ce groupe, l’aidant à digitaliser son activité. Ayant lui-même investi dans plusieurs entreprises, il a noté que la difficulté principale pour les entrepreneurs résidait dans l’obtention de financements. Le financement s’apparente ainsi à une jungle dans laquelle nombre d’entrepreneurs se perdent. C’est la raison pour laquelle il a créé Eldorado, une plate-forme de financement de l’entrepreneuriat.

Un ouvrage à l’attention de ceux qui entreprennent seuls

Adrien Chaltiel : « J’ai voulu m’adresser dans ce livre aux entrepreneurs qui avaient du mal à trouver des financements. Mon souhait a consisté à rendre plus équitable et inclusive la recherche de financements. J’ai pensé particulièrement aux personnes issues des minorités, des quartiers sensibles, aux femmes également. Je me suis adressé à des entrepreneurs dépourvus de direction financière, qui cherchent à s’en sortir seul.

Il est bien beau de dire que l’entrepreneuriat est ouvert à tous, encore faut-il avoir des notions de finance d’entreprise ! On peut avoir zéro notion de finance, mais la caractéristique d’un entrepreneur, c’est d’apprendre tout en cheminant. La gestion d’une entreprise passe ainsi par la gestion de ses finances. Il faut au moins savoir lire un bilan comptable pour bien financer son entreprise. Il convient ainsi de savoir à quoi correspondent l’actif, le passif ou les fonds propres. Ce sont les notions de base que tout entrepreneur qui se respecte doit maîtriser. 

Deuxième point à connaître : les acteurs du financement. Il faut comprendre leurs mécanismes, leur intérêt à vous financer, afin de pouvoir les actionner au moment voulu. »

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Les acteurs du financement d’entreprise

A. C. : « On peut distinguer plusieurs types de financements, selon que l’on se situe en bas ou en haut de bilan. En bas de bilan, on va regrouper tout ce qui entre dans la dette de l’entreprise. Alimentés par des prêts bancaires pour l’essentiel, ces financements revêtent plusieurs rôles. Ils servent à constituer des fonds propres au début de l’activité de l’entreprise, ou à financer l’acquisition de matériel. En haut de bilan, nous trouvons les investisseurs en capital, que l’on réunit par levées de fonds. Entre les deux, nous trouvons divers dispositifs que l’on regroupe sous la catégorie des financements publics. À la différence des investisseurs en capital, on ne donne pas de capital en échange. On va ainsi faire appel à des sources de financement directes (subventions) ou indirectes (crédit d’impôt). Cela permet d’assurer son financement de constitution d’entreprise, ou alors d’obtenir une aide au développement de son projet.

Le soutien financier est crucial. Mais il y a également beaucoup de structures d’accompagnement, dont le rôle est également important. Les investisseurs eux-mêmes sont censés apporter davantage que de l’investissement et du capital. Leur aide peut ainsi prendre la forme de conseils en développement ou en “réseau”. Ils peuvent également apporter un certain nombre d’outils ou de retours d’expériences qui pourront se révéler très utiles à l’entrepreneur. »

Adrien Chaltiel : comment obtenir les meilleurs financements pour votre entreprise
Adrien Chaltiel. (c) Eldorado.co

Le boot strapping ou comment économiser sur chaque euro

A. C. : « Le boot strapping nous vient de l’univers des start-ups américaines. Il consiste à regarder comment lancer son entreprise avec un minimum de fonds. Il y a plusieurs avantages à l’autofinancement. Cela rend plus combatif et cela stimule la créativité de l’entrepreneur. Ce dernier cherche ainsi des solutions de financement autres que des financements externes pour financer son activité. Il se concentre sur l’essentiel.

Il faut louer cet état d’esprit. Car finalement, tous les financements dont nous parlons dans le livre ne sont que des moyens. Lever des fonds, trouver un financement public constituent seulement des moyens au service d’une fin : vendre son produit ou ses services au plus grand nombre possible de clients. La raison d’être principale d’une entreprise, cela reste ses clients. Or, la course aux financements peut parfois être chronophage et fatigante. Donc l’autofinancement, surtout dans la phase de démarrage, peut constituer une alternative intéressante, notamment pour les entreprises à faible besoin en capital de départ.

Aujourd’hui, on peut créer une entreprise avec beaucoup moins de capitaux que par le passé, notamment grâce au digital et Internet (exemple d’une boutique en ligne). On peut démarrer beaucoup d’activités sans apport en capital. Attention : cela ne s’applique pas à tous les entrepreneurs. Certains peuvent avoir besoin d’acheter un fonds de commerce ou d’autres actifs nécessitant un capital de démarrage important. »

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Passer à une stratégie d’investissement plus agressive

A. C. : « De plus, on peut restreindre le boot strapping à certains domaines de son activité seulement : la digitalisation des points de vente, par exemple. On peut avoir une stratégie de boot strapping sur une partie seulement de son entreprise, comme l’acquisition clients. Ainsi, cela évite d’en passer par le recrutement de commerciaux ou encore de coûteuses campagnes marketing, au début tout du moins. On peut encore imaginer une stratégie de contenus innovants gratuits ou de partenariats gratuits pour attirer de nouveaux clients. Enfin, on peut sous-traiter intelligemment en ayant recours à des sous-traitants qui auront intérêt à vous avoir parmi leurs clients. Si bien qu’il existe plusieurs stratégies de bootstrapping.

Au bout d’un moment, l’entrepreneur doit se poser la question du rapport investissement / croissance. Il ne suffit pas de se centrer sur l’optimisation des coûts à outrance. Il faut également aller vers les clients pour pouvoir les atteindre. Et il ne faut pas travailler cela de manière trop théorique. Il convient au contraire de s’assurer que son produit ou ses services répondent à des besoins. À un moment donné, il faudra se dire qu’il y a besoin d’un petit peu plus d’investissement pour faire davantage de clients. Il faudra alors sortir de l’optimisation des coûts quand le produit ou le service distribué sera devenu mature pour accélérer sur l’investissement et vendre plus. »

Financement d’entreprises : les femmes doivent s’affirmer davantage !

A. C. : « Il existe encore beaucoup de biais dans l’obtention de financements pour les femmes entrepreneures. Beaucoup de femmes me disent : “Le financement, ce n’est pas pour moi.” Elles croient dur comme fer qu’elles ne pourront pas être financées ! Ce biais s’explique par le fait qu’il y a assez peu de femmes investisseurs. À projet égal, on s’aperçoit que les entrepreneurs femmes arrivent à lever moins d’argent que les hommes. Le milieu de l’investissement financier est un milieu très masculin. Nous essayons de combattre ce biais avec Eldorado en ouvrant le contexte à de nouveaux acteurs.

Je peux citer le cas de Yuka qui est une entreprise de scanning de produits que nous avons accompagné à Eldorado. Cette entreprise est dirigée par une femme. Cette dernière avait au début peur de faire venir des investisseurs et de lever des fonds, alors même que son concept plaisait énormément. Au final, Yuka est un formidable succès : c’est un entreprise technologique très innovante sur les plans éthique, sociétal et environnemental. C’est un exemple qui montre que tout le monde peut lever des fonds et que le genre, l’origine et tous les autres critères subjectifs ne doivent pas entrer en ligne de compte dans la recherche de financement.

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J’ai voulu faire passer deux messages dans mon livre. Premièrement, l’entreprenariat est ouvert à tous et le financement est appelé à s’ouvrir toujours davantage. Il ne faut pas se mettre de frein à la recherche de solutions de financement. Il faut bien avoir conscience que la France est un paradis du financement et un paradis entrepreneurial.

Deuxièmement, l’entrepreneur qui veut réussir doit se montrer résilient ! Quand on croit qu’il n’y a plus de solution, il y a en fait toujours des solutions de retournement auxquelles on n’avait pas pensé. Il faut donc les intégrer à la stratégie de financement de son entreprise, quel que soit le stade de son développement ! »

Et vous, avez-vous eu envie de créer votre entreprise ? Quels sont les obstacles auxquels vous vous êtes heurté(e)s ? Faites-nous part de votre expérience dans les commentaires ci-dessous !

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