La maison Jean Paul Gaultier a annoncé le 26 mai 2021 son retour dans le domaine de la mode. Bien que « l’enfant terrible » de la mode ait annoncé son départ à la retraite en 2020 après 50 ans de carrière, sa maison de couture continue d’exister. D’ailleurs, la directrice de création Florence Tétier, porteuse de nombreux projets pour cette maison, est à l’origine du défilé qui a lieu en ce mois de juillet.
Le 28 mai 2021, le compte Instagram Jean Paul Gaultier révélait une nouvelle collection capsule. Cette dernière a été imaginée avec la collaboration de cinq jeunes stylistes. Le premier thème choisi pour relancer la maison de couture est La Marinière. L’égérie élue pour mettre en avant cette collection unisexe n’est autre que la magnifique Gigi Hadid. À l’occasion du lancement de cette collection et de ce prochain défilé, nous avons décidé de revenir sur l’histoire de ce créateur unique en son genre.
Jean-Paul Gaultier animé par la couture depuis l’enfance
Et non, ce n’est pas Madonna qui fut la première à porter le célèbre corset conique du créateur, mais Nana, son ours en peluche. En effet, dès son enfance, Jean Paul Gaultier est plongé dans le milieu de la couture grâce à sa grand-mère qui l’initie à cette discipline. C’est d’ailleurs en découvrant les corsets de celle-ci à l’âge de sept ou huit ans que l’idée du corset lui vient.
Outre sa passion pour la couture « l’enfant terrible de la mode » nourrit aussi un goût pour l’originalité et l’irrévérence depuis son plus jeune âge. À 9 ans, il découvrit les danseuses des Folies Bergères. Il tombe alors sous le charme de cet univers rempli de paillettes, de plumes et de froufrous. Ce monde va d’ailleurs l’inspirer. Alors qu’il était encore en primaire, Jean Paul se fait surprendre par sa maîtresse en train de dessiner une tenue. Une femme habillée avec des plumes et des bas résille. Cette dernière le punit et le contraint à porter son dessin dans le dos. Seulement la punition n’a pas l’effet escompté. Les camarades du jeune prodige sont séduits par ses dessins et lui en demandent.
C’est décidé, Jean Paul sera couturier.
Un apprentissage auprès de maisons prestigieuses
Malgré le rejet d’Yves Saint Laurent, il postule chez Pierre Cardin qui l’accepte comme stagiaire. Un an après, il entre dans la maison Esterel. Toutefois, c’est finalement chez Jean Patou que Jean Paul Gaultier restera le plus longtemps. Néanmoins, en 1974, il retourne chez son premier maître envers qui il sera toujours reconnaissant. Ce mentor lui a ouvert les portes de la Haute Couture et lui a appris la liberté.
Grâce à cet apprentissage, l’enfant terrible de la mode s’assume et affirme son style au travers de ses créations. Désormais plus confiant, il ambitionne de créer sa propre maison sous son nom. Ce qu’il fait en 1976.
Des débuts difficiles
Son premier défilé au Palais de la Découverte présentant sa première collection « Grease » est un échec. Il se confie des années plus tard :
« Mon premier défilé était un ratage total. La musique commençait et je ne savais pas quoi mettre aux mannequins. Au moins on s’est jeté à l’eau. En dépit du bon sens, avec tout et n’importe quoi, des sets de table en paille qui devenaient des boléros, un Perfecto sur un tutu porté avec des baskets»
Pensant tout arrêter, il croise le chemin de la maison Kashiyama, qui lui demande de créer une collection pour sa ligne de vêtements intitulée James Bond. Réussissant sa mission avec succès, Jean Paul reprend confiance et trouve des aides financières.
Jean-Paul Gaultier à son apogée
Célèbre pour sa marinière qui marque ses débuts en 1983, Jean Paul Gaultier s’inspire de sa garde robe d’enfance et de ses modèles pour fabriquer ses créations. C’est le cas pour le corset conique, qui l’a habité toute son enfance.
Engagé dans la cause féministe, ses créations se veulent inclusives et véhiculent une image d’égalité entre l’homme et la femme. D’ailleurs, son premier défilé homme s’intitule « L’homme objet ». Mais son combat pour le féminisme n’est pas le seul. Il parraine également le Sidaction, et est fortement impliqué dans la cause LGBTQIA+. Cet engagement est perceptible dans la volonté d’instaurer une garde-robe unisexe. Pour lui, la mode est un moyen d’expression, mais aussi un espace de liberté où tout est possible. Allant plus loin qu’Yves Saint Laurent, l’enfant terrible de la mode instaure la jupe pour homme et remet au goût du jour le kilt écossais.
Toutefois, c’est en 1990, alors qu’il perd son compagnon, que sa réputation de grand couturier français prend une réelle ampleur. Madonna fait appel à ses services pour sa tournée Blond Ambition Tour. Grâce à cette dernière, son corset conique devient iconique. S’ensuit alors de multiples collaborations avec de prestigieux artistes.
Quelques années plus tard, il confectionne les costumes du film le Cinquième élément, réalisé par Luc Besson. Il imagine aussi la robe de Marion Cotillard lors de sa nomination aux oscars. Prônant la diversité au travers de ses défilés, il invite des vedettes comme Beth Ditto, Conchita Wurst, Nabilla et bien d’autres.
Un couturier qui se diversifie
Fort de son succès, le couturier qui représente maintenant la France dans le monde entier se diversifie. En 1993, il lance son premier parfum Jean Paul Gaultier qui sera renommé Classique quelques années plus tard. Grâce au nouveau nom mais aussi au design revisité, le parfum tombe rapidement en rupture de stock. En effet, le flacon prend la forme d’un buste de femme portant un corset conique, pièce emblématique du couturier. En 1995, il lance son parfum pour homme Mâle, suivi d’une gamme de produits cosmétiques qui leur est dédiée. Le succès de cette démarche est tel qu’en 2016 les produits cosmétiques représentaient 40% du chiffre d’affaire de la maison.
Une fin de carrière burlesque
En 2014, il annonce la fin de ses créations pour se consacrer à la Haute Couture.
« Le monde du prêt-à-porter a profondément changé. Les contraintes commerciales et le rythme sans cesse accéléré des collections ne donnent plus ni la liberté ni le temps indispensable au ressourcement et à l’innovation » déclare t-il au magazine Women’s Wear Daily.
En 2020, il déclare que le défilé de cette année sera son dernier. Néanmoins, bercé et animé par l’univers des cabarets Jean Paul Gaultier nourrit le vœu de créer un jour une revue cabaret. En 2018 il met en scène la Fashion Freak Show, au Folies Bergères. Un spectacle unique en son genre. Il reprend les codes des revues cabaret en mettant en scène Nana son ours en peluche comme narrateur de l’histoire.
Ce show reprend les pièces phares qui l’ont porté au sommet de sa carrière. Il y insère même un hommage à Joséphine Baker, en introduisant une danse avec une imitation de la célèbre ceinture banane de la danseuse afro-américaine des années 20. De multiples tableaux se succèdent et retracent les moments marquants de la carrière de l’artiste. Les performances lient différentes disciplines artistiques : le chant, la danse et des numéros aériens, le tout habillé avec les créations originales de Jean Paul Gaultier. Cette revue rencontre un tel succès qu’elle tourne dans les quatre coins du monde. Encore aujourd’hui, elle continue de se produire.
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