L’appropriation culturelle : ce concept qui créé des controverses. Impossible de n’avoir jamais entendu parler d’appropriation culturelle. De Coachella aux podiums des défilés de mode, en passant par la musique, ce phénomène touche tous les domaines artistiques. Mais comment se définit l’appropriation culturelle ?
« Manger l’Autre »
Les sociologues étudient le concept d’«appropriation culturelle » assez tardivement. Aux Etats-Unis, on commence à en parler dans les années 1990. En France, il faut attendre les années 2010 pour évoquer ce sujet de plus en plus problématique.
Comme le concept est encore relativement récent, sa définition reste nébuleuse et imprécise. En quelques mots, l’appropriation culturelle s’explique comme « un emprunt entre les cultures s’inscrivant dans un contexte de domination. » (cette définition est donnée par le sociologue et professeur français, Eric Fassin). Outre-Atlantique, la critique féministe Bell Hooks joue dans la métaphore et voit l’appropriation culturelle comme une manière de « manger l’Autre ». Ces deux définitions mettent en évidence une tendance hégémonique d’une culture dite “dominante”.
Un ras-le-bol des minorités
Le problème de l’appropriation culturelle ? Dans la plupart des cas, ces emprunts s’attaquent à des coutumes de peuples minoritaires, souvent discriminés. Par exemple, les Amérindiens des Etats-Unis ont été pendant des décennies, voire des siècles, tués par les Américains. A cette époque de grande barbarie, on considérait les traditions amérindiennes et leurs rites culturels comme « sauvages ». En bref, on considérait la culture amérindienne comme une sous-culture.
#Reclaimthebindi, #NativeAppropriation, #DontTreadOnMe : quand les réseaux sociaux dénoncent l’appropriation culturelle
En voyant leur culture devenir des phénomènes de mode, popularisée par des mannequins et des starlettes, les Amérindiens ont décidé de réagir. En 2017, ils s’adressent à l’ONU afin d’interdire toute appropriation de leurs traditions. Malheureusement, deux années plus tard, nous ne constatons aucun changement. Les signes d’appropriation culturelle sont toujours aussi présents, que ce soit dans les magazines de mode, sur les défilés ou dans les festivals de musique.
Après ce premier éveil contestataire, d’autres ont également pris la parole, notamment via les réseaux sociaux.
En 2015, sur Twitter le hashtag #reclaimthebindi devient viral … au même moment que se déroule le festival Coachella ! L’idée est de se réapproprier sa propre culture : Isis Madrid, la militante qui a lancé ce hashtag, invite les femmes indiennes ou d’origine indienne à poster des photos d’elle avec leur bindi. Depuis, d’autres hashtags dénonçant ces phénomènes de mode ont été popularisés. Citons, par exemple, les hashtags #NativeAppropriation ou #DontTreadOnMe. En guise de défense, les marques expliquent vouloir rendre hommage à ces cultures. Se pose alors une autre question.
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Quelle est la différence entre appropriation et appréciation culturelle ?
Encore une fois, la réponse n’est pas simple. En effet, la frontière est relativement floue entre les deux termes. Pour le dire brièvement, l’appréciation culturelle respecte et honore la culture en question. Il y a une véritable reconnaissance de cette culture : on connait ses codes, ses significations (spirituelles, religieuses, sociales, …) et il y a un échange entre les deux partis.
A contrario, on tombe dans l’appropriation culturelle lorsque la culture en question est caricaturée. Autre cas de figure : lorsque l’on connaît mal la symbolique de ces objets, perçus uniquement comme des accessoires de mode. Ainsi, la coiffe amérindienne est portée uniquement par des chefs de tribus, les tatouages corporels sont, pour beaucoup de peuples autochtones, des tatouages de guerre, les bindis marquent l’appartenance à une religion, …
Il vaut mieux réfléchir à deux fois avant de porter des signes distinctifs d’une culture qui n’est pas la sienne car même si cela ne semble pas offensant de prime abord, ça reste une forme de mépris envers des populations discriminées !