Depuis quelques années, les voitures électriques séduisent les automobilistes autant qu’elles suscitent leur méfiance. En effet, tout un chacun a envie de contribuer à la protection de l’environnement en supprimant ses émissions de gaz d’échappement. Mais le coût représenté par l’achat d’un véhicule électrique, ajouté à l’anxiété de trouver une borne de rechargement accessible, sont autant de freins à cet engouement.
Article rédigé par : ZIEL Jérôme
Nombre d’acteurs de l’écosystème lié à l’électromobilité s’emploient néanmoins à accélérer la conversion du parc automobile européen à l’électrique. C’est le cas de Delmonicos, start-up fondée à Metz en 2021. Son but consiste à homogénéiser et simplifier l’expérience de charge pour tous les conducteurs de véhicules électriques. Cela, quelle que soit leur marque, et malgré la multiplicité des opérateurs de bornes. Nous avons rencontré Franck Legardeur, son fondateur et Directeur général, pour qu’il nous explique sa démarche…
Franck Legardeur, le Monsieur 100.000 volts de l’entrepreneuriat
Franck Legardeur plante d’emblée le décor : « L’électrique, je suis tombé dedans quand j’étais petit ». Issu d’une famille d’artisans électriciens, il devient lui-même électricien. Puis, il ajoute à sa formation technique un diplôme d’école de commerce qui l’amène à travailler pour de grandes sociétés. Par la suite, il cofonde une entreprise proposant des solutions clés-en-main d’installation de bornes de recharge. À la revente, il fonde Zeenco (Zero Emission Energy Company), société spécialisée dans le consulting. À la demande de ses clients, Zeenco remonte la filière et se met à proposer l’installation des solutions qu’elle se contentait auparavant de préconiser. « Nous avons ainsi abordé le marché de l’installation et de la supervision de bornes de recharge ».
En parallèle, il monte il y a un an et demi un start-up studio avec cinq autres collègues. Ce studio prend le nom de ‘Lumena’ (Luxembourg Metz Nancy) et s’installe à Metz. Il a pour vocation de créer des start-ups portant des projets s’appuyant sur la technologie profonde. Cette dernière intègre l’informatique quantique, l’IOT (internet des objets), la cybersécurité, l’intelligence artificielle et la blockchain. Au sein de ce start-up studio situé au cœur de l’Europe, il lance Delmonicos. « J’avais envie d’aborder une aventure un peu plus électrisante, si j’ose dire, explique Franck. J’ai eu envie de partager cela avec des jeunes ayant la même fibre entrepreneuriale que moi. Nous sommes une petite dizaine de personnes au sein de Delmonicos. Nous avons créé un environnement sympa, où tout le monde est sensibilisé au problème du réchauffement climatique ».
Les avantages liés à la mobilité électrique
Cela fait maintenant sept ans que Franck roule en électrique. Actuellement, il roule en Tesla. Comme il se déplace dans toute la France, il veut être certain de pouvoir trouver un réseau de bornes de recharge fiables… avec un parcours de charge simplifié.
Le réseau de bornes de recharge Tesla est très développé et permet ainsi de se déplacer sans anxiété. Quand vous arrivez sur une borne Tesla, le temps de charge est généralement inférieur à 15 mn, ce qui permet une rotation rapide. Lorsque vous êtes sur place, il suffit d’ouvrir la « trappe à essence », de se connecter au socle de prise. Ensuite, la charge démarre et l’écran d’affichage du véhicule permet de suivre la quantité d’énergie chargée dans la batterie ainsi que la tarification. Une fois que vous avez terminé, vous pouvez continuer votre trajet et la voiture vous indique alors votre prochain point de recharge. Vous n’avez ainsi pas besoin de vous lancer dans des calculs complexes. Selon Franck, « le parcours de charge est génial, ultra-simplifié et ludique ».
Le prix du plein divisé par cinq
Le prix du « plein » d’une voiture électrique se calcule en fonction de la capacité de la batterie. Une Tesla consomme entre 17 et 18 kWh aux 100 km. Selon Franck, « si je me charge à un tarif de 20 centimes du kWh, cela va me coûter 15 € pour faire le plein jusqu’à 75 kWh. Avec 15 €, je fais à peu près 550 km. Avec une thermique, cela me reviendrait à 80 €. En moyenne, nous avons un ratio d’un à cinq. Bien entendu plus vous roulez, plus vous amortissez votre véhicule rapidement ». De plus, la voiture électrique possède un rendement énergétique (85% à 90%) largement supérieur à celui d’un moteur thermique (25 à 30%). Autrement dit, « dès que vous appuyez sur l’accélérateur, cela vous colle au siège ».
Pourtant, le moteur électrique incite à adopter des réflexes d’écoconduite. Vous caressez alors l’accélérateur avant de le relâcher, permettant ainsi à la batterie de se régénérer. En conséquence, le fait de passer à l’électrique s’accompagne d’un plus grand silence, d’une conduite et d’une consommation davantage maîtrisées. Globalement, le confort de conduite est incomparable. Même si à l’origine, comme Franck, on aime les voitures « qui ronronnent un peu ».
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Les inconvénients : prix d’achat, autonomie et disponibilité des bornes de recharge
Les inconvénients se situent au niveau du prix d’achat du véhicule, encore dissuasif. Tout le monde ne peut pas mobiliser un budget de 50 à 55.000 € pour l’achat d’une Tesla, par exemple. Cependant, la Dacia Spring, 100% électrique, est aujourd’hui proposée à 10.000 €. Avec les aides de l’État (prime à la reconversion, bonus écologique), il est possible de cumuler jusqu’à 12.000 € de primes. Les constructeurs généralistes, comme Renault ou Stellantis, ont développé des gammes thermiques et électriques pour le même type de véhicules. Le surcoût s’établit alors à 6 ou 7.000 €, compensé en quasi-totalité par les aides d’État. De plus, à l’usage, la voiture électrique est beaucoup plus économique.
Un autre point : les gens se plaignent de l’autonomie limitée des voitures électriques. Or, un automobiliste moyen ne parcourt généralement que 40 à 50 kilomètres par jour, ce qui rend l’autonomie des voitures électriques largement suffisante. En revanche, le problème se pose s’il part en itinérance ou en weekend. Toutefois, l’autonomie des voitures électriques continue de progresser, à mesure que la densité des batteries diminue. La difficulté consiste à accéder aux bornes de recharge, même si nous en sommes à 63.000 points de charge actuellement ouverts au public en France. Ce qui représente une progression de plus de 50% entre 2021 et 2022.
De l’hétérogénéité des opérateurs de bornes de recharge…
Aujourd’hui, il existe 200 opérateurs de bornes de recharge. Ces acteurs vous donnent une carte ou une application mobile qui vous permettent d’accéder à leurs propres réseaux de bornes de recharge. Quand vous êtes face à une borne X correspondant à votre carte X ou à votre application X, cela ne pose pas de problème. Vous arrivez devant la borne, vous vous identifiez après avoir créé votre compte au préalable, et vous pouvez alors payer votre transaction de recharge.
En revanche, cela devient plus complexe dès qu’on sort de son réseau. Vous arrivez devant une borne. Soit elle est compatible et vous parvenez à recharger votre véhicule à un prix acceptable. Ou alors à un coût exorbitant, si l’accord d’itinérance est défavorable. Bien entendu, vous courez aussi le risque de ne pas être reconnu du tout. Dans ce dernier cas, vous êtes obligé d’appeler un camion plateau pour emmener votre véhicule à un endroit où vous pourrez le recharger.
… à l’universalisation du parcours de charge voulue par Delmonicos
À partir de ce constat, Franck a cherché une solution permettant de recharger sur n’importe quelle borne, sans carte, rien qu’avec son téléphone portable puisque tout est dématéralisé. Certains acteurs sur le marché français proposent des solutions satisfaisantes, comme Chargemap. Cependant, l’interopérabilité entre différents opérateurs de mobilité et exploitants de bornes se réalise par le biais d’agrégateurs. Ces derniers représentent une couche d’intermédiation supplémentaire. Or, il faut bien entendu rémunérer le service offert par ces intermédiaires, généralement aux dépens du conducteur de VE.
Face à cette situation, Delmonicos veut permettre à tout utilisateur de borne de pouvoir s’authentifier et s’identifier. Comme l’explique Franck, « nous avons recours à la technologie blockchain pour identifier l’utilisateur de la borne. Il sera alors facturé au prix défini par le pompiste ou l’aménageur. Autrement dit, grâce à la blockchain, le conducteur de VE pourra s’authentifier et faire en sorte de payer le prix optimal pour la session de charge, quel que soit le réseau sur lequel il se recharge ».
Aujourd’hui, Franck est fier du système qu’il continue de développer avec son équipe au sein de Delmonicos. Comme il l’explique, « si je peux contribuer, à ma façon, à protéger l’environnement, alors que pendant des années on pensait qu’on pourrait bénéficier des ressources infinies de la Terre, je ne demande pas mieux. Je veux minimiser mon impact carbone en essayant de consommer moins d’énergie, pour laisser à mes enfants une planète vivable et agréable ».
Plus d’informations sur : delmonicos.tech