A33 : une chanteuse en devenir

A33 : une chanteuse en devenir

Détermination, voix délicate et rage dans le ventre. Telle est la vision que l’on pourrait avoir d’Anaïs, jeune artiste originaire du Val-de-Marne. À tout juste 18 ans, la jeune femme s’est lancée dans une aventure incertaine, entre galères et destin. Voici l’interview d’A33, une chanteuse inspirante, pendue à ses rêves.

Ô Magazine : Bonjour Anaïs, peux-tu te présenter succinctement ?

Anaïs : Salut ! C’est Anaïs, j’ai 19 ans. Mon nom de scène c’est A33. Pour des raisons mystérieuses…

Ton premier son « canif » est sorti aujourd’hui. Tu pourrais nous en dire davantage sur sa conception ?

: « Canif », c’est un projet qui a commencé il y a un an. L’histoire de Canif, c’est une jeune fille, très en colère, très déçue et avec beaucoup de vengeance en tête. Je crois qu’en une heure ou deux, ou peut-être trois, j’ai trouvé l’instru’, la mélodie et les paroles. En une journée c’était fait. Ça a pris un an pour sortir, parce qu’il a fallu trouver l’argent pour le studio, trouver un studio qui me plaît, être satisfaite du rendu. Ensuite l’instru’ peut coûter des sommes faramineuses ! Heureusement, mes copines me l’ont offerte pour mon anniversaire. Ça n’a coûté pas loin de 200 euros. Dès que j’ai eu la licence, il ne suffisait plus que de trouver un site de distribution sur les plateformes, s’inscrire et préparer la sortie. Et il y a un mois pile, j’appuyais sur le bouton « Valider ».

Le premier single d’A33, à retrouver sur Spotify

Qu’est-ce que tu as voulu exprimer dans ces paroles ?

: Je crois que c’est l’un des seuls sons où les paroles me sont venues directement. C’est d’ailleurs mon premier que j’ai écrit de A à Z. Quand tu l’écoutes, tu vois qu’il y a de la rancœur, il y a énormément de colère. Ce sont des sentiments assez négatifs en vrai. En les mélangeant, ça donne Canif. En fait, ça retrace des trucs qui me sont arrivés. Des crasses. On y voit mes réactions. Ce qui a pris le dessus, c’était la colère et cette envie de vengeance. C’est un peu la troisième étape, après la tristesse et la déception.

Ce n’est pas simple d’obtenir un enregistrement et d’accéder aux plateformes de streaming. A33, quelles démarches as-tu effectuées ?

A : Pour l’enregistrement, c’était beaucoup de bouche à oreille. J’avais plusieurs connaissances qui allaient dans le studio où je suis allée pour Canif. Donc j’en avais pas mal entendu parler. Puis c’est un studio qui a été créé par un petit groupe de rap, AMG. J’avais déjà fait un premier son avant Canif, mais qui ne verra jamais le jour. C’était un feat avec un rappeur. J’avais donc déjà testé ce studio lors de ce feat. Il y avait un ingénieur du son avec qui je me suis super bien entendue. Avec cette première expérience, je me suis dit que ça valait le coup, parce qu’à l’époque les tarifs n’étaient pas trop élevés. J’étais revenue pour Canif et j’y suis encore allée pour le prochain son qui va sortir. Maintenant, mon ingénieur fétiche va changer de studio, donc je vais probablement le suivre parce que je l’aime bien, même beaucoup.

Pour les plateformes de streaming, je suis passée par TuneCore. Mais la prochaine fois, je vais passer par DistroKid, parce que tout le monde m’a dit que c’était bien mieux apparemment. Il suffit de s’inscrire, et de payer une certaine somme qui te permet de distribuer autant de chansons que tu veux pendant une certaine période. Puis, tu choisis les plateformes que tu veux toucher.

Depuis combien de temps baignes-tu dans le milieu musical ?

A : En vrai, j’ai toujours été dans la musique, mais pas officiellement. Quelques membres de ma famille jouaient à des instruments. J’ai moi-même commencé la guitare quand j’étais plus jeune. Je voulais faire de la comédie musicale, mais je n’avais pas été prise dans le casting parce que j’avais raté l’épreuve de danse. Je chante depuis que je suis née, mais n’avais jamais écrit. Il y a deux ans, j’ai commencé à chanter pour un groupe de jazz. C’est là que c’est devenu un peu plus sérieux dans ma tête. À cette même période, mon compte de chanteuse A33 sur Instagram a été créé. Pas par moi d’ailleurs ! On m’a un peu obligée. Aujourd’hui, c’est toujours le même. C’est à ce moment-là que je me suis dite « viens, tu t’y mets sérieux ». Avant je n’avais ni le courage ni la motivation, ni même la présence d’esprit de me dire que ça pouvait être quelque chose qui allait marcher pour moi.

On peut dire que c’est à ce moment-là que tu as ce déclic de changer de vie et devenir la chanteuse A33 ?

A : Disons qu’avant j’étais bien plus pudique vis-à-vis de ma voix ou le fait de chanter. Petit à petit, j’ai commencé à montrer aux gens ce que je faisais. Il y a eu un support de la part de mes proches. Il y a des gens que je connais depuis des années, qui savaient que je chantais. Puis d’autres que j’ai rencontré bien plus récemment, et qui ne s’y attendaient pas. Ils m’ont dit : « lance toi, à quoi ça sert de garder ça pour toi ? ». Puis je ne sais pas si c’est de la chance, mais ça m’est un peu tombé dessus. À partir du moment où un grand groupe de jazz est prêt à me prendre pour un truc sérieux parce qu’on pense que je chante bien, ça veut dire que je dois quand même avoir un minimum de talent.

Finalement, le vrai déclic qui m’a fait changer de Anaïs, c’est le premier confinement. Je m’en suis pris plein la ******. Tous les deux jours j’apprenais un truc qui me faisait perdre confiance en tout et tout le monde. J’avais tellement des sentiments de haine, de colère … Pendant le confinement, tu ne peux pas sortir te bourrer la ****** pour penser à autre chose. C’est comme si écrire était le seul moyen d’extérioriser. On dirait presque que c’est le destin. J’ai compris comment je fonctionne pour écrire, comment je peux être inspirée, comment je trouve les mélodies. J’arrive à écrire un son. Avant j’étais paumée.

Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées, et que tu rencontres encore dans ton cheminement vers l’univers de la musique ?

A : C’est bateau, mais il y a l’inspiration. C’est toujours un peu compliqué parce que tu peux en avoir pour une jolie mélodie, ou une pour une certaine histoire que tu veux raconter.  Mais elle n’est pas là tous les jours. Tu peux vite te décourager. Après avoir passé quatre heures sur un son, tu le réécoutes, tu relis les paroles, et tu te dis « c’est nul ». Il ne faut juste pas lâcher. Se dire que l’on peut le faire, qu’on est talentueux, et qu’on pourra toujours mieux faire. Il y a un an, j’avais une piste dans mes audios sur mon téléphone d’une mélodie que je n’avais jamais continuée. Quand j’ai su comment je fonctionnais, j’ai réussi à écrire une chanson entière avec cette ébauche.

Sinon, la réelle difficulté quand t’es une petite chanteuse indépendante de 19 piges, c’est l’argent. Tu dois payer les instrus, qui peuvent être à 40 balles comme à 700 balles. Tu dois payer le studio. À l’époque c’était 40 balles les deux heures. Aujourd’hui, on est monté à 75 euros parce que les prix montent tout le temps. Puis si tu veux promouvoir un minimum ton son, il y a les sous qui jouent. Je fais deux travails dans la semaine, et je fais ce que je peux pour en trouver un troisième, pour remplir tout ça. Si je n’avais pas galéré pour trouver cet argent, il y aurait un album entier qui serait déjà sorti. Ça retarde trop les projets.

A33, comment s’imposer en tant que jeune chanteuse indépendante dans un milieu si difficile d’accès ?

A : Déjà, il faut y aller au culot. Vous aimez ? Bah vous aimez. Vous n’aimez pas ? Bah je m’en fous. Personnellement, je fais quelque chose que j’aime, qui me passionne. C’est quelque chose que j’ai toujours aimé faire, la musique. Donc je le fais pour moi, je le fais pour les gens qui aiment bien. Je le fais parce que j’ai l’espoir qu’un jour peut-être je puisse en vivre. Il faut vraiment prendre son courage. Je connais plein de gens qui sont talentueux et qui ne se lancent pas. Et c’est con parce que tu ne sais pas où ça peut mener. Qu’est-ce qu’on s’en fiche du regard des autres ? Tu fais des sons qui te plaisent, qui te ressemblent et tu continues. Et si ça doit marcher, ça marchera, et je n’en doute pas. Il faut aussi ne pas avoir trop d’ego. Prendre les avis constructifs.

A33 : une chanteuse en devenir
Anaïs aka la chanteuse A33
À quoi t’accroches tu pour ne rien lâcher ?

: J’ai grave de l’espoir. Je pense que tu peux avoir ce que tu veux dans ta vie si tu te donnes les moyens, si tu ne lâches rien. Je me dis toujours que tu peux floper un milliard de fois. Mais c’est sûr que si tu t’arrêtes au premier flop, ça ne servait à rien de commencer. Je dis ça, mais si ça se trouve je ne vais même pas réussir. Je pars juste avec cette détermination en me disant, si je peux floper 35000 fois et bah je me relèverai 35000 fois. Parce que c’est important de poursuivre ton truc. Sois motivée jusqu’à la fin. Ce sont mes proches qui me donnent aussi la motivation et qui sont toujours là. On s’embrouille toujours pour savoir qui va venir m’accompagner au studio ! On ne se rend pas compte à quel point c’est important. Ça donne une motivation monstre, t’as pas idée.

Tu as de la détermination. Jusqu’où souhaites-tu aller ?


A
 : Je veux juste pouvoir vivre de cette passion qu’est la musique. J’ai envie de tester plein de trucs. J’ai envie de faire des concerts partout, de toucher à plein de genres musicaux différents. Faire des feat avec plein d’artistes. Du Rap, au R’N’B, à la Pop française et à la Pop US, tout, tout, tout. Par la suite, je veux faire des vrais clips, parce que j’aime trop l’audiovisuel aussi. Et voilà, monter les échelons petit-à-petit, savourer chaque étape du processus. Ce n’est pas le fait d’être connue qui m’intéresse, c’est juste le fait de faire kiffer et de me faire kiffer. Si jamais j’apprends que je peux être connue à 100 %, je me mets un masque dès maintenant et je garde mon anonymat. Qui sait si ça prendra de l’ampleur ? On verra bien, c’est la vie.

Un futur projet en tant que chanteuse A33 ?

A : Pour moi, ainsi que pour mon amie Romane avec qui je travaille, le plan serait de sortir trois singles, avant de sortir un petit EP. Il y a déjà un deuxième single qui est prêt, et qui attend d’être envoyé. Après ça, il y en aura un troisième, sur lequel je dois encore travailler. Puis, l’EP va prendre place, mais un peu plus tard parce que ça demande beaucoup d’argent et de temps. Pour un futur encore plus lointain, ce serait de faire un album archi construit. Rencontrer des gens, faire des petits festivals à droite à gauche, chanter dans des cafés, dans des bars et tout… Je veux aussi un clip pour Canif. Mais ça, je veux vraiment avoir un vrai budget. Je veux faire ça bien, même si ça doit prendre du temps, ce ne sera pas maintenant, mais je le ferai bien.

Merci à Anaïs, ou plutôt la chanteuse A33, d’avoir répondu à nos questions, nous transmettant sa volonté et sa joie de vivre.

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