Sur les réseaux sociaux, la parole se libère enfin autour du post-partum. Loin du glamour de l’accouchement, des mères brisent les tabous et racontent la réalité.
#MonPostPartum, qu’est-ce que c’est ?
À la suite d’un post mis en ligne par la mannequin Ashley Graham sur Instagram, Illana Weizman a suivi son exemple. Elle a posté une photo d’elle portant une couche pour adulte. Sous cette photo, nous pouvons lire la réalité du post-partum à travers des mots parfois bouleversants :
Illana Weizman s’associe avec trois autres militantes féministes : Morgane Koresh, Masha Sacré et Ayla Linares. Elles lancent ensemble #MonPostPartum en réaction à une publicité rejetée par ABCNews et l’Académie des Oscars. Censurée, cette publicité décrivait de manière très réaliste l’épisode douloureux du post-partum.
« Le flou orchestré autour du post-partum, l’effacement volontaire des représentations culturelles de cette période de vie charnière pour les femmes participe à la détérioration de la santé mentale de celles-ci. Une société qui invisibilise un vécu féminin déterminant, un vécu qui doit être montré, raconté, exposé, pour réparer les mères et pour préparer celles qui le seront dans le futur est une société misogyne et irresponsable »
dénonce Illana Weizman dans son article écrit pour Cheekmagazine.
Masha Sexplique, l’interview
#MonPostPartum a permis de libérer la parole et de nombreuses mères ont témoigné à leur tour sur les réseaux sociaux. Ô Magazine a contacté une des militantes féministes à l’origine de ce hastag. Masha Sexplique, blogueuse sexo, a gentiment accepté de répondre à mes questions.
Comment a été lancé #MonPostPartum sur Twitter ?
« Nous avons lancé le # sur twitter avec Illana Weizman, Ayla Saura et Morgane Koresh dans le but de visibiliser nos vécus de post-partum et de casser le mythe de la mère forcément épanouie et heureuse tout le temps. »
Pensiez-vous que ce hastag aurait un tel impact ?
« Nous avions remarqué que beaucoup de femmes étaient en demande d’un espace d’expression, mais nous n’aurions jamais pensé avoir un tel impact médiatique ! »
Pourquoi y a t-il un tel silence autour de l’après accouchement (voir de l’accouchement lui-même) ?
« On maintient l’omerta car on ne veut pas faire peur aux futures mères. Or, nous nous trompons lourdement ! »
C’est en informant les femmes qu’elles pourront faire des choix conscients de maternité.
Les pères sont-ils tout autant concernés que les mères ? Qu’est-ce qui pourrait être mis en place pour informer les futurs parents ?
« Les pères et co-parents jouent un rôle crucial dans l’accompagnement de la jeune maman et du nouveau né. En effet, on a tendance à oublier la mère après la grossesse alors que ses besoins sont intenses : elle est dans un état de vulnérabilité profond. »
Une mère sereine, c’est un bébé serein !
Il semblerait, qu’au-delà des douleurs physiques, l’aspect psychologique entre également en jeu. Comment ne pas culpabiliser d’être « une mauvaise mère » ? De ne pas nouer un lien direct avec son enfant ?
« Ne pas ressentir un attachement direct et fort pour son enfant est normal ! Parfois, c’est le coup de foudre. Parfois, la relation a besoin de temps comme pour n’importe quel être humain. Il faut déculpabiliser les mères et normaliser nos vécus ! »
Il y a tellement de pression qui pèse sur les épaules des mères, comment les soutenir ?
« Pour soutenir les jeunes mamans, on peut allonger le congé paternité si on a du pouvoir. Si on est un proche, on peut faire du ménage, des courses, de la cuisine… Ça vaut tous les doudous du monde ! »
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Il y a encore également un tabou autour des rapports sexuels après l’accouchement, comment informer sur le sujet ?
« Les femmes ne devraient recevoir aucune injonction à faire du sexe. Après un accouchement, les autorités médicales conseillent fortement une période de sexe non-pénétrative. Pour ne pas briser leur couple, de nombreux praticiens invitent leurs patientes à « se remettre en selle ». Quelle erreur ! Si les pères et les hommes se sentent délaissés, c’est souvent parce qu’ils ne sont pas impliqués. Quand on a un couple solide, ce n’est pas quelques mois sans sexe ou sans sexe pénétratif qui vont changer l’amour qu’on se porte. Il faut être créatif.ve.s et patient.e.s ! »
Si les pères et les hommes se sentent délaissés, c’est souvent parce qu’ils ne sont pas impliqués.
Est-ce que cela pourrait-être le sujet d’un prochain hastag sur Twitter ?
« Les injonctions au sexe après la grossesse sont un sujet à part entière que j’ai soulevé suite aux propos de Philippe Brenot, psychiatre et thérapeute de couple, dans son article paru dans Neonmag. On dit aux femmes qu’elles ne doivent jamais cesser de faire l’amour entre leur grossesse et le post-partum pour ne pas voir leur couple s’effondrer. Nous ne pouvons plus tolérer ces injonctions en 2020 ! »