Le vendredi 24 juin 2022 restera dans l’histoire. La Cour Suprême des États-Unis a pris la décision de révoquer le droit à l’avortement. Visions d’horreur, cris de douleurs et larmes de colère, cette annonce a eu l’effet d’un tremblement de terre. Ô Magazine fait un point sur cette remise en cause des droits des femmes.
Article rédigé par : Pierre-Antoine Bonnefoy
Cela faisait presque un demi-siècle que l’arrêt Roe v. Wade avait été promulgué. Le 22 janvier 1973 sonnait l’avènement d’un droit à l’avortement. Néanmoins, la Cour Suprême a pris la décision ce vendredi 24 juin d’annuler cet arrêt. Cette violente annonce a bousculé tous les États-Unis. Désormais, comme avant 1973, chaque État a le choix d’interdire ou non l’avortement. Certains États se sont empressés de rendre l’avortement illégal. Des milliers de femmes à travers le pays ne peuvent plus disposer librement de leur corps. Ce sont surtout des États du Sud, très conservateurs, qui ont déjà pris cette décision.
En l’espace d’un instant, c’est un bond de 50 ans en arrière qu’ont réalisé les États-Unis. Cela faisait plusieurs semaines que cette menace pesait sur le pays. En effet, le Sénat américain avait pris l’initiative d’adopter une loi pour garantir l’avortement dans tout le pays. Malheureusement, le vote a échoué le 11 mai dernier.
“Rien n’est jamais définitivement acquis. Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question” disait Simone De Beauvoir. Cette phrase n’a jamais été autant d’actualité.
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Une lutte jamais terminée
Ce sont bientôt la moitié des États-Unis qui auront interdit l’avortement sur leur territoire. Les États-Unis sont plus que jamais divisés sur cette question. Cela fait plusieurs jours que les défenseurs du droit à l’avortement se mobilisent. Ces derniers protestent contre la décision de la Cour Suprême. Plusieurs dizaines d’arrestations ont déjà été exécutées lors de ces manifestations. Le président américain Joe Biden a qualifié cette décision d’“erreur tragique”. Il appuie sur le fait que cette annulation de l’arrêt Roe v. Wade met en danger la vie et la santé des femmes. Le combat n’est donc jamais terminé. C’est aussi la raison pour laquelle la France a décidé d’agir. Le gouvernement français a démontré sa volonté d’inscrire l’IVG dans la Constitution. Une fois inscrite, il serait plus difficile de revenir dessus, contrairement à une loi. “En France, nous garantissons et faisons progresser les droits des femmes. Nous les sanctuarisons. Dès aujourd’hui, avec mon groupe Renaissance, nous déposons une proposition de loi constitutionnelle pour protéger l’accès à l’IVG.” explique Aurore Bergé, au micro de France Inter.
Quelle situation dans le monde ?
Alors que nous pensions vivre dans une société en évolution, l’actualité nous montre le contraire. Après la décision de la Cour Suprême, le juge Clarence Thomas a expliqué vouloir revoir d’autres arrêts. Cela concernerait l’arrêt Lawrence v. Texas qui a rendu illégales les lois réprimant les rapports sexuels entre deux personnes du même sexe. Cela pourrait concerner aussi l’arrêt Obergefell v. Hodges qui a rendu légal le mariage homosexuel. La Cour Suprême, très conservatrice, ne semble donc pas vouloir s’arrêter au droit à l’avortement.
Dans d’autres pays, les droits humains sont sans cesse remis en cause. L’arrivée au pouvoir des Talibans a entraîné de nombreuses violations des droits des femmes. En Afghanistan, les libertés d’expression et de mouvement sont totalement mises à mal. Au Qatar, l’homosexualité est totalement illégale et est passible de 7 ans d’emprisonnement. En Chine, ce sont cette fois les Ouïghours qui ont vu leurs droits totalement balayés. Ces derniers subissent depuis des années une répression très sévère. Surveillance massive, camps de rééducation et violences physiques en sont quelques exemples.
Les événements actuels nous l’indiquent, les droits humains sont encore loin d’être acquis par tous. Et vous, comment avez-vous réagit à cette annonce ?