Fanny est à l’aube de ses 26 ans quand elle touche une boule dans son sein lors d’une autopalpation. Deux semaines plus tard, elle découvre qu’elle est atteinte d’un cancer du sein triple négatif, de stade et grade trois. Aujourd’hui, cela fait cinq ans que la jeune femme a vaincu la maladie. Portrait d’une cancer fighteuse en rémission.
Article rédigé par : Eugénie Richert
Lorsqu’on lui demande de se présenter à nos lectrices, Fanny nous parle de sa famille, et de l’origine de son cancer du sein. “A l’aube de mes 26 ans, j’ai découvert une boule dans mon sein lors d’une autopalpation. Ayant des antécédents familiaux de cancer du sein et un fort pressentiment, j’ai décidé d’agir très rapidement afin de passer les examens nécessaires. Deux semaines après cette découverte, le verdict tombait, j’étais atteinte d’un cancer du sein triple négatif, de stade et de grade trois. En me lançant dans ce long parcours pour la guérison, j’avais la terrible impression de suivre les traces des femmes de ma famille. Je pense notamment à ma grand-mère n’ayant pas survécu à ce même cancer…”
Entre acceptation et réappropriation corporelle
Fanny Rosa Viegas fait partie de ces femmes aussi belles qu’inspirantes. Mais pendant que nous autres ne voyons que la partie émergée de l’iceberg, c’est un réel traumatisme qui hante les femmes ayant subi un cancer du sein.
Quand on lui demande quels sont les mots qu’elle souhaiterait partager aux femmes vivant la même expérience, voici sa réponse. “Je leur dirais qu’il faut être douce avec soi-même, bannir la comparaison avec les autres femmes et être patiente. Les traces laissées par la maladie sont les signes de leur force. Elles les amèneront à être aimées par des personnes vraies.” De son côté, celui qui partage la vie de Fanny ne lui a pas laissé le choix ! Elle se voyait à travers son prisme, qu’elle dit être “bien plus joli que le [sien]”. Dans cette situation, la jeune femme nous rappelle que le regard de quelqu’un de bienveillant est essentiel.
Pour notre cancer fighteuse, il y a également d’autres façons de s’accepter. ”Un tatouage m’a aussi beaucoup aidée à me réapproprier ma poitrine que je ne voyais plus que comme quelque chose de médical. Il a remis de la féminité, une âme, à cette partie de mon corps dont j’avais du mal à faire le deuil. Aujourd’hui, me regarder dans le miroir est beaucoup moins douloureux et j’arrive même parfois à me trouver sexy ;-). En revanche, la perte de sensations est une chose qui me manquera toujours.”
Comment prendre l’air et s’échapper quand on est atteinte d’un cancer du sein ?
Fanny le dit, le sport a été l’un de ses principaux échappatoires. “Le sport aide à se dépasser et à se prouver que même malade et en aplasie totale, notre corps peut encore se sentir vivant et atteindre des objectifs. Mes séances de cardio m’ont soulagée de nombreux effets secondaires.”
Le dessin et ses animaux ont également été d’une grande aide pour notre cancer fighteuse. “Le dessin m’a permis de m’évader et de ne penser à rien, ce qui est indispensable pour éloigner les pensées négatives liées à la peur de la maladie. Mes animaux m’ont apporté de l’amour, une présence de tous les instants, de la douceur, du réconfort et beaucoup de rires.”
Mais la principale force de Fanny vient de la confiance qu’elle a gagné. “Le fait de prendre soin de moi m’a appris à me faire passer en priorité. J’ai appris à garder la dignité dont j’avais besoin lorsque les traitements me mettaient au plus mal. Ou qu’ils me contraignaient à voir mon image s’abîmer dans le miroir.”
L’angoisse de la récidive vue par notre cancer fighteuse
Lorsqu’on prend conscience de ce qu’à vécu la jeune femme, on ne peut qu’imaginer l’angoisse que cela a pu engendrer. “Ma petite vie de jeune femme allait donc être chamboulée par une première opération, seize cures de chimiothérapie, trente-trois séances de radiothérapie ainsi qu’une ablation des deux seins”.
Et pourtant notre cancer fighteuse nous assure ne pas garder de traumatisme de ces années de traitements et de chirurgies. Elle en ressort d’ailleurs plus forte. “L’ablation prophylactique de ma poitrine a été un choix difficile mais nécessaire. Elle réduit de 90% les chances de récidive ou de développer un deuxième cancer du sein“. De plus, la jeune femme est porteuse d’une anomalie génétique qui ne lui aurait laissé probablement que peu de répit.
Cependant, la force n’empêche pas la peur. C’est d’ailleurs cette même inquiétude qui, selon Fanny, lui a permis d’apprendre à mieux s’épanouir. “La peur de voir réapparaître le cancer est bien là mais la maladie apprend aussi à profiter pleinement de l’instant. J’ai aujourd’hui la sensation que les moments difficiles me permettent de voir briller les beaux moments encore plus fort.”
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Fanny Rosa Viegas : “Entrenoue représente beaucoup pour moi”
Son combat, Fanny en a fait un projet. Entrenoue représente beaucoup pour elle. “Lors de ma phase de radiothérapie, alors que mes cheveux tardaient à faire leur retour, une prise de conscience soudaine arrivait ; habiller ma tête nue pendant les huit derniers mois avait été une épreuve.” La jeune femme a donc décidé de se mettre derrière la machine à coudre pour confectionner ses propres turbans. Ainsi, elle a créé de nombreux modèles qui s’enfilent plus facilement, sont plus adaptés à son âge, déstigmatisants, cousus à son tour de tête et “compatibles avec les bouffées de chaleur provoquées par les traitements.”
C’est suite à de nombreux retours dans les salles d’attente que Fanny Rosa Viegas a décidé de se lancer. “Il fallait que je propose une ligne d’accessoires qui serait pensée et confectionnée à la commande et sur mesure. Cinq ans plus tard, cette aventure d’auto-entrepreneuse tournée vers les autres m’amène à un épanouissement personnel que je n’aurais pas pu imaginer ni prévoir…” Affaire à suivre donc !
Vous pouvez retrouver Fanny Rosa Viegas et sa marque Entrenoue sur Instagram.