Représentante de la start-up nation, Léa Evrard a bien voulu nous parler de Playdesk, entreprise qu’elle a fondée il y a un an avec son associé Pierrick d’Annoville. S’étant rendu compte que les directions juridiques, cabinets d’avocats, experts-comptables, etc. perdaient beaucoup de temps à faire du copié-collé, elle a cherché à simplifier ce type de tâches. Pour elle, l’automatisation de la rédaction de documents doit permettre aux salariés de se libérer des aspects les plus fastidieux de leur job. Ils pourraient ainsi enrichir leur poste en lui donnant un contenu plus intellectuel et à plus forte valeur ajoutée. Portrait de cette slasheuse de l’ultime, à la fois avocate, entrepreneuse… et jeune maman !
Avocat au barreau de Paris depuis huit ans, Léa a commencé sa carrière en travaillant au sein de cabinets d’avocats anglo-saxons et français. Elle a par la suite exercé en entreprise (Airbus, L’Oréal). Cependant, le fait de travailler seule sur ses dossiers face à ses clients a fini par lui peser.
Léa Evrard, adepte de la culture start-up
Léa a donc décidé de quitter les rails d’une carrière toute tracée pour plonger dans l’écosystème des start-ups. Comme elle l’a avoué : « Cela fut brutal. Néanmoins, j’ai adoré cette expérience à tel point que je n’ai plus jamais eu envie de quitter cette ambiance de travail… un peu chaotique. J’ai eu l’impression d’être entourée de personnes qui partageaient les mêmes valeurs que moi ».
Devenue directrice juridique chez thefamily.co, fonds d’investissement « alter » bien connu dans l’écosystème des start-ups de la tech, elle a découvert un monde passionnant. « Là, s’est-elle souvenue, on arrive le matin avec un emploi du temps et une liste de choses à faire. Entre-temps, la journée a changé de direction. Finalement, on monte sur scène pour donner une conférence. Ou alors on va à la rencontre d’entrepreneurs qui ont besoin d’aide. Avec le recul, je m’aperçois que ce n’est pas évident : il faut avoir envie de bosser dans un environnement mouvant et imprévisible ».
Après quatre ans passés dans cet univers, Léa a eu envie de lancer sa propre start-up. Elle a donc fondé Playdesk il y a un an avec son associé Pierrick d’Annoville, rencontré chez thefamily.co. Elle a néanmoins précisé : « J’ai aussi gardé mon activité d’avocat parce que ça me plaît énormément. Aujourd’hui, je développe ma clientèle d’avocat d’affaires, tout en développant Playdesk ».
L’innovation Playdesk : variations sur un même doc
Se présentant comme une plateforme, Playdesk est très simple d’utilisation. Le client vient avec son modèle de document (template) qu’il téléverse sur la plateforme. Il s’agit ensuite d’identifier les variables à changer dans le modèle, en fonction du signataire par exemple. Une fois le modèle téléversé et les variables identifiées, il s’agit d’intégrer les données variables, regroupées dans un tableur excel. La machine génère alors les documents en fonction du modèle et des variables préalablement intégrées. Comme nous l’a assuré Léa, la machine ne fait pas d’erreur. Par conséquent, aucune relecture n’est nécessaire, ce qui permet de gagner énormément de temps.
Léa a illustré son propos par un exemple. « Mettons que je doive faire 30 bulletins de souscription pour l’augmentation de capital d’une société. Je rentre mes données variables dans un tableur. Puis, je génère mes 30 bulletins en un seul clic. Je peux même les envoyer directement en signature électronique. Si les données du tableur ont bien été validées au préalable, je n’ai même pas besoin de relire. Par contraste, l’humain est susceptible de faire des fautes de frappe ».
Playdesk fonctionne par abonnements mensuels ou annuels dégressifs. Leur prix varie selon le nombre de documents générés par le client chaque mois, indépendamment du nombre de modèles ou d’utilisateurs ayant accès à la plateforme. Selon Léa, « pour un abonnement de 100 documents par mois, nous avons une offre à 99€. Dans ce cas de figure, le client prend la main sur notre plateforme. Par ailleurs, nous proposons également une offre sur-mesure et sur devis si le client souhaite que nous prenions en charge la prestation de A jusqu’à Z ».
Playdesk, outil simplifié et intuitif
Lorsque nous avons fait remarquer à Léa que Word intégrait des fonctions similaires sous l’onglet « publipostage », elle nous a regardé avant de nous répondre par une question. « Avez-vous déjà utilisé le publipostage de Word ? Qu’en avez-vous pensé ? » Là, nous avons dû lui avouer que la fonction du publipostage était difficile à comprendre et à prendre en main.
« Exactement, a repris Léa. Notre démarche est diamétralement opposée. Nous gardons à l’esprit que nous nous adressons à des professions dont la tech n’est pas le cœur de métier. Le plus souvent, elles ont recours aux fonctions basiques de Word, laissant le publipostage de côté. Par contraste, notre plateforme est hyper simplifiée. Il faut moins de 10 minutes pour la prendre en main. N’importe qui peut s’en servir, sans la moindre formation ».
Outre la simplicité, Léa et Pierrick ont voulu que leur outil soit flexible. « Vous pouvez ainsi changer de modèle en cours de route. Autre cas de figure : après avoir généré 200 documents, vous vous rendez compte qu’une coquille vous avait échappé ! Là encore, il est possible de revenir en arrière, de corriger votre faute de frappe, et de regénérer vos documents ». Simplicité, flexibilité : c’est bien là que se situe l’avantage de Playdesk par rapport à ses concurrents.
Vaincre la résistance au changement
Face aux innovations introduites par Playdesk, nous avons voulu savoir si Léa n’avait pas l’impression de mettre en danger certains métiers, comme celui d’assistant(e) juridique. « Non ! » nous a-t-elle répondu. « Au contraire, nous rendons ce métier plus épanouissant. Pensez à toutes les heures que ces personnes passaient à faire des tâches répétitives et fastidieuses. En éliminant ces dernières, Playdesk permet aux assistant(e)s juridiques de dégager du temps pour faire des choses à plus forte valeur ajoutée. Au lieu de passer quatre heures par jour à faire du copier-coller sous Word, ils ou elles pourront s’atteler à des tâches faisant davantage appel à leur intellect ».
Les salariés pourront ainsi se consacrer à rédiger un document, réfléchir à une problématique ou encore faire du business développement. Ce type d’arguments rend les fiches de poste plus attractives, notamment vis-à-vis de la Génération Z. En effet, cette dernière ne souhaite plus exécuter les tâches répétitives que les générations précédentes acceptaient volontiers. « Nous ne sommes pas là pour remplacer l’humain, mais au contraire pour lui faciliter la vie et l’orienter vers des tâches plus stimulantes ».
Éduquer les clients rétifs à l’automatisation
Au niveau commercial, Léa a été confrontée à une résistance au changement de la part de certains clients ne désirant pas changer la façon dont ils travaillaient. Comme elle l’a constaté, « nous avons un gros travail d’éducation vis-à-vis de certaines professions encore rétives à l’automatisation. Certains clients ne sont ainsi pas prêts à perdre du temps pour en gagner ». Dans la mesure où certains clients de Léa facturent à l’heure, ils ne voient pas l’intérêt d’aller plus vite ! « Cependant, en facturant dix heures pour du copié-collé, au lieu de facturer un travail présentant une véritable valeur ajoutée, ils désavantagent leurs propres clients », a observé Léa.
Néanmoins, Léa comprend parfaitement ce type de réflexe, car elle était elle-même assez frileuse vis-à-vis de l’automatisation, jusqu’à ce que Pierrick réussisse à la convaincre. « Nous partagions un bureau alors que nous travaillions tous les deux pour thefamily.co. Voyant que je remplissais mes formulaires à la main, il m’a dit : ‘tu es complètement folle, je vais automatiser tout ça’. Résultat : en deux heures de temps, tout a été réglé ! Si j’avais continué à la main, j’en aurais eu pour plusieurs dizaines d’heures ! »
Des documents financiers aux faire-part de mariage : tout est possible avec Playdesk !
Léa a pour l’instant reçu des demandes assez classiques de la part de ses clients : documents juridiques, comptables ou financiers. « Je n’ai pas encore reçu de demande farfelue de type faire-part de mariage ou de naissance ». Non pas que ça la dérangerait, car « nous sommes capables de traiter tout type de documents » !
Entre son activité d’avocat et de startuppeuse, nous avons demandé à Léa si elle n’était pas fatiguée… « Je suis aussi maman d’un petit garçon de dix mois, nous a-t-elle répondu. Et il ne fait pas encore ses nuits. Cependant, le manque de sommeil fait partie du lot de tous les entrepreneurs, donc je l’accepte. Car par ailleurs, mes projets et aussi mon petit garçon, bien entendu, m’apportent tellement de joie ! »
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