À l’occasion de la Journée européenne du patrimoine du 19 septembre dernier, Alain Griset, ministre des PME, a fait le déplacement sur le chantier de restauration de Notre-Dame. Il a ainsi voulu mettre en avant les filières françaises des métiers d’art et rappeler leur niveau d’excellence. Gros plan sur certaines d’entre elles ayant activement contribué au chantier de reconstruction de Notre-Dame.
« Nous devons montrer aux jeunes Françaises et Français qu’il y a des métiers extraordinaires dans le domaine du patrimoine. »
Général d’armée Jean-Louis Georgelin, Président de l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris
Au soir du lundi 15 avril 2019, jour de l’incendie de Notre-Dame, la cathédrale de Paris était restée debout. Mais la charpente en bois du 13e siècle ainsi que la couverture avaient été détruites par l’incendie. La chute de la flèche construite au 19e siècle par Viollet-le-Duc avait entraîné la destruction des voûtes. Résultat : des pignons menaçaient de tomber, tout comme certains éléments de la statutaire.
Dès le soir de l’incendie, trois opérations concomitantes d’extrême urgence se sont mises en place. Premièrement, les reliques ont été évacuées, dont la Couronne d’épines, la relique du clou et le bois de la Croix. Deuxièmement, il a été procédé à un état des lieux des dégâts. Du point de vue structurel, l’échafaudage sinistré et l’effondrement des voûtes ont suscité les plus vives inquiétudes. D’où, troisièmement, la mise en œuvre sans délai de travaux de consolidation. Les charpentiers ont étayé les pignons, les échafaudeurs ont mis en sécurité l’échafaudage incendié en vue de son démontage, les architectes ont établi des diagnostics, les scientifiques ont participé au tri des vestiges, etc.
Phase n° 1 : sécurisation du chantier de Notre-Dame
Plusieurs corps de métiers ont largement contribué à la sécurisation du périmètre sinistré de Notre-Dame. Parmi eux, citons les échafaudeurs, cordistes ou encore les charpentiers, en nous intéressant à leurs profils respectifs.
Échafaudeurs
Les échafaudeurs conçoivent, montent et démontent les structures métalliques donnant accès à l’ensemble du bâtiment en construction ou en restauration. Les échafaudeurs recouvrent des profils divers : techniciens en bureaux d’études, ingénieurs d’études, formateurs, monteurs ou encore chefs d’équipes. Pour devenir échafaudeur, il faut en passer par un CAP ou un BEP en Études du bâtiment ou de l’industrie, ou en Réalisation d’ouvrages chaudronnés et constructions métalliques.
Sur le chantier de Notre-Dame, les échafaudeurs ont démonté l’échafaudage sinistré mis en place pour restaurer la flèche. Rappelons que l’échafaudage sinistré était composé de 40.000 pièces, dont certaines déformées et soudées les unes aux autres. Par la suite, ils ont installé les échafaudages nécessaires à la pose des cintres en bois sous les voûtes.
Cordistes
Avec leurs techniques dérivées de l’alpinisme, les cordistes assurent les missions les plus délicates sur un chantier. Intervenant aussi bien sur des sites industriels que sur des monuments historiques, les cordistes sont de véritables caméléons. Ils se forment auprès des professionnels les plus pointus pour pouvoir reproduire leurs gestes. En France, 8.500 cordistes mettent en œuvre leurs talents qui mêlent précision, sens du travail en équipe, analyse des risques. Le tout, suspendus à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol ! Tout aspirant cordiste devra obtenir son certificat de qualification professionnelle (CPQ) de cordiste.
Les cordistes ont disposé des bâches, des cintres ou des filets dans les zones touchées par l’incendie. En relation avec les échafaudeurs et les grutiers, ils ont activement participé au démontage de l’échafaudage sinistré. Ils ont également déblayé les voûtes avant de les consolider.
Charpentiers
Les charpentiers conçoivent et réalisent les supports de couvertures des édifices, entre autres types de structures. Ils travaillent le bois, tout comme d’autres matériaux (métaux). En atelier, les charpentiers traduisent les plans des architectes en structures de bois ou de métal. Sur les chantiers, ils assemblent les pièces qu’ils ont fabriquées, souvent en hauteur.
Des CAP en deux ans (mention charpentier bois, métallier ou réalisations industrielles en chaudronnerie) et des baccalauréats professionnels en trois ans (mention intervention sur le patrimoine bâti ou métallier) permettent de devenir technicien-charpentier. Pour intervenir sur un monument historique, le jeune charpentier doit suivre un apprentissage itinérant ou compagnonnage.
Sur le chantier de Notre-Dame de Paris, les charpentiers ont conçu en bureau d’études, fabriqué en atelier et installé in situ d’immenses cintres en bois. Il s’agissait ainsi de soutenir les arcs-boutants et de consolider les voûtes fragilisées de la cathédrale.
Phase n° 2 : la restauration démarre !
La phase de consolidation terminée, la restauration va pouvoir démarrer. Ainsi, les 1.000 chênes nécessaires à la reconstruction de la flèche, du transept et des travées adjacentes ont déjà été sélectionnés et récoltés. De même, les travaux de restauration du grand orgue doivent débuter dès cet automne. Les restaurateurs procéderont également à une campagne de nettoyage approfondi des murs intérieurs et des sols de la cathédrale. Passons en revue les profils des restaurateurs d’art intervenant notamment sur les peintures et sculptures.
Les restaurateurs de sculptures
Alliant maîtrise technique et sensibilité artistique, les restaurateurs de sculptures parviennent à se mettre dans l’esprit du sculpteur à l’origine de l’œuvre. Le métier de restaurateur de sculptures recouvre plusieurs spécialités : serrurier, dinandier, patineur ou encore spécialiste de la pierre.
Deux formations permettent de devenir restaurateur de sculptures. Premièrement, un cursus d’apprentissage permet aux apprentis de se familiariser avec le maniement de la pierre ou du métal. Celui-ci permettra d’obtenir un CAP Taille de pierre, un CAP Réalisation en chaudronnerie, ou un bac pro en chaudronnerie industrielle (dans le cas des sculptures en cuivre repoussé). Deuxièmement, un cursus théorique couronné par l’obtention d’un Master 2 en conservation-restauration des biens culturels spécialité sculpture permet également de devenir restaurateur de sculptures.
Sur le chantier de Notre-Dame, serruriers d’art, dinandiers et patineurs ont restauré les seize statues d’Apôtres et d’Évangélistes en cuivre qui surmontaient la base de la flèche. Ces statues avaient heureusement été déposées quelques jours avant l’incendie ! Dans la cathédrale, les restaurateurs de pierre ont conduit des chantiers-test dans les chapelles Saint-Ferdinand et Notre-Dame de Guadalupe (décors sculptés). Ces chantiers-test ont permis de redécouvrir sculptures et parements de Notre-Dame.
Les restaurateurs de peintures
Les restaurateurs de peintures s’intéressent autant à l’histoire des œuvres qu’à leurs techniques. Ils interviennent aussi bien sur les peintures murales (fresques) que sur les peintures de chevalet. Restaurateurs des supports, ils se chargent de consolider toile, enduit, bois ou cuivre sur lesquels reposent les pigments. Également restaurateurs des couches picturales, ils assainissent les surfaces peintes des dépôts laissés par le temps. Ils les purgent ainsi de tout encrassement, vernis oxydés ou encore repeints disgracieux. Ils cherchent à restaurer l’éclat original des couleurs et des motifs.
Pour embrasser cette carrière, il convient d’avoir obtenu le diplôme de restaurateur du patrimoine délivré par l’Institut national du patrimoine. Ou bien encore la Maîtrise Sciences et Techniques délivrée par la Sorbonne, entre autres. Ces formations d’excellence durent cinq années.
Sur le chantier de Notre-Dame de Paris, un groupement de huit restauratrices a procédé au nettoyage minutieux des peintures murales de la chapelle Saint-Ferdinand. Elles ont travaillé aux côtés de restaurateurs de sculptures ainsi que de maîtres verriers, pour rendre à cette chapelle les qualités de son décor du 19e siècle.
Le ministre des PME venu soutenir les filières françaises de métiers d’art
Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des PME, s’est rendu le 19 septembre dernier sur le chantier de Notre-Dame. Il a profité des Journées européennes du patrimoine pour féliciter tous les restaurateurs de la cathédrale. Il a également pu visiter le Village des métiers d’art.
Dans le même temps , le ministre a assisté à la signature de la convention pour la promotion et la valorisation des métiers d’art et du patrimoine. Il était accompagné par le Général Jean-Louis Georgelin, président de l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de l’édifice. L’occasion pour le ministre de « mouiller la chemise » tout en faisant la démonstration de ses talents de cordiste !