Beaucoup de femmes s’accordent sur le fait que la relation belle-mère belle-fille est complexe. En effet, la relation qu’une femme entretient avec la mère de son conjoint n’est pas toujours de tout repos. Si dans la majorité des cas cela se passe très bien pour certaines familles, les repas de famille le dimanche sont plus tendus. Une relation aussi complexe que profonde où la communication est la clé. Pour Ô Magazine, Jean-Michel Jamet, psychothérapeute lève le voile sur cette relation parfois chaotique et nous livre ses conseils pour l’adoucir. Entretien.
On ne choisit pas sa famille mais on ne choisit pas non plus sa belle-famille. Bien s’entendre avec la mère de son compagnon n’est pas toujours chose aisée. C’est pourquoi il arrive que la relation belle-mère belle-fille soit complexe. Quelques fois, la belle-mère et la belle-fille ont des personnalités si opposées qu’elles s’imaginent ne jamais pouvoir s’entendre. L’une reproche à l’autre sa manière d’éduquer ses enfants, l’autre qu’elle soit trop envahissante. Il existe autant de sujets de discorde que de facteurs qui les alimentent. Pourtant, selon le psychothérapeute Jean-Michel Jamet, avec une bonne communication, il est tout à fait possible d’apaiser ces tensions.
Une relation aussi belle que complexe
Ô Magazine : Pourquoi les relations entre une belle mère et sa belle-fille peuvent être parfois complexes ?
Jean-Michel Jamet : En effet, la relation belle-mère belle-fille peut être très complexe. La complexité de cette relation se joue à plusieurs niveaux. Dans un premier temps, pour chacune que ce soit la belle-mère ou la belle-fille, elles doivent évaluer leur relation avec leur propre mère. Cette complexité peut provenir de cette relation qu’elles entretiennent avec leur maman. Dans un second temps, cette complexité se joue également par rapport à la relation qu’a le fils avec sa mère. Si on se penche sur la relation qu’ont chacun des deux membres du couple avec leur propre mère, il faut s’interroger sur quelle relation entretiennent-ils.
Pour ce qui est de la relation entre la mère et sa fille, souvent on remarque que les relations mère-fille se complexifient et s’animent entre l’amour et la haine surtout à l’adolescence et vers l’âge adulte. Pourquoi ? Car d’une certaine manière la mère et la fille sont liées par le lien de l’amour, mais en même temps il y a une rivalité qui se met en place au fur et à mesure du temps. En effet, pendant que la mère prend de l’âge, la fille arrive dans la splendeur de l’âge et cela crée une rivalité entre les deux. Une rivalité causée par le vieillissement et celle qui s’épanouit dans la fleur de l’âge. Également, des tensions se créent car les mères aimeraient être les confidentes de leurs filles. Mais celles-ci n’ont pas toujours envie de tout partager avec leur mère, comme leur sexualité.
En ce qui concerne la relation du fils avec sa mère, certaines mères sont très possessives avec leur fils. Ces mères sont tellement possessives que c’est comme si elles étaient fusionnelles avec leur fils. Parfois, le fils n’arrive pas à se décrocher de cette fusion avec sa mère. Cela va engendrer un dénigrement permanent de la part de la mère envers la belle-fille. La mère va ressentir cette relation comme si la belle-fille était en train de lui voler son fils.
ÔM : La belle-mère exerce-t-elle une pression sur la belle-fille, parfois sans le vouloir, en ce qui concerne les petits-enfants ?
J-M. J : Il arrive que les belles-mères exercent une pression en partageant et en rappelant avec des petites phrases leur désir d’avoir des petits enfants. Mais cette pression, elles l’exercent très souvent sur le couple et pas uniquement sur la belle-fille. En revanche, ce qu’elles ne saisissent pas toujours c’est qu’en mettant trop de pression à ce sujet, cela peut retarder les choses. C’est le paradoxe de l’être humain, plus on demande, moins on a. Donc plus une belle-mère demande sans cesse à son fils ou à sa belle-fille « Pourquoi je ne suis pas encore grand-mère ? » plus cela freinera le couple.
ÔM : Existe-t-il réellement une rivalité entre les deux femmes ?
J-M. J : Il existe dans de nombreux cas, une rivalité bien présente entre la belle-mère et la belle-fille. C’est une rivalité qui se joue de manière non consciente. En effet, si la belle-mère critique en permanence la belle-fille et si cette dernière le rapporte à son mari sur un ton accusateur, cela est contre-productif. Ainsi, lorsqu’elle la belle-fille aborde ce sujet avec son compagnon en accusant la belle-mère, le fils se sent attaqué. Mon conseil ici serait donc de ne jamais parler négativement de son ressenti à son compagnon envers sa mère. Car cela aurait l’effet voulu inverse, et pourrait potentiellement envenimer les choses.
Afin d’aller au-delà de cette rivalité, il faut dans un premier temps que la belle-fille expose son ressenti par rapport aux faits à son mari. De plus, il faut qu’elle le fasse sans que cela soit sur le ton du reproche. Il est important de ne pas critiquer la mère ouvertement devant son fils afin qu’il ne se braque pas. C’est en faisant cela que le fils prendra conscience du comportement négatif de sa mère envers sa femme. Un exemple de phrase que pourrait formuler la belle-fille à son mari pour lui faire part de son ressenti « Je ressens en moi que ta mère a une rivalité envers moi et elle s’exprime de telle manière ».
ÔM : Quels seraient vos conseils pour adoucir les relations entre les deux femmes ?
J-M. J : Pour celles qui souhaitent avoir des conseils pour adoucir cette relation, mon premier serait de regarder leur propre histoire avec leur mère. Je conseille d’analyser leurs rapports avec la femme qu’elles ont toujours connu qui est leur mère. Je conseille même de regarder les rapports que leur mère a eu avec leur grand-mère. Il est utile de réfléchir sur comment les relations entre femmes se sont jouées au sein d’une famille. Mais il n’y a pas que les relations entre femmes qui sont importantes. Il faut également analyser la place des hommes dans la famille. En effet, il y a des hommes qui sont totalement absents de l’éducation des enfants. Donc s’ils sont absents, ils laissent les femmes seules face à leurs enfants. Et souvent cela contribue à complexifier la relation mère-fille.
Donc si la belle-fille et même la belle-mère, analysent leurs propres relations avec les autres femmes de leur famille, elles vont mieux se comprendre. D’une meilleure compréhension de l’autre, une meilleure relation peut émerger. La place de l’homme a également une importance capitale dans l’apaisement de cette relation entre les deux femmes. En effet, il faut se poser la question si le fils défend suffisamment sa compagne face aux attaques de sa mère. Si le fils a une relation fusionnelle avec sa mère, cela complique les choses. Car le fils aura tendance à laisser les rivalités se créer et s’intensifier de peur d’intervenir. Mon conseil serait donc d’initier le fils à prendre conscience de la rivalité des deux femmes. Ensuite, il faut qu’il se positionne devant sa mère mais également devant sa compagne.
ÔM : La jalousie fait-elle partie des facteurs qui font que la relation peut être compliquée ?
J-M. J : Dans certaines familles, oui la jalousie est tout à fait un des facteurs qui complexifient la relation. Si on reprend la situation où la belle-mère est fusionnelle avec son fils, c’est encore plus flagrant. En effet, si la belle-mère est désagréable avec sa belle-fille c’est parce qu’elle ne veut pas lâcher son fils. C’est toujours son petit garçon qu’elle ne veut pas donner à une autre femme. Donc l’autre femme devient une rivale et cela créer une sorte de jalousie. Il existe des moyens pour essayer de remédier à cette jalousie qui crée des tensions. La première chose à faire est que la belle-fille en parle à son mari puis d’en parler tous ensemble.
Le meilleur moyen de venir à bout de cette jalousie et des tensions c’est que tous les membres de la famille communiquent. Ainsi, tout le monde se réunit autour d’une table et parle de son ressenti par rapport à la situation. Encore une fois, il est important de ne pas critiquer ou faire des reproches lors de cette discussion car cela envenimerait les choses. Par exemple, la belle-fille peut dire « dans votre famille je ne me sens pas très bien accueillie chez vous. Ça se traduit par telle ou telle chose. » Si l’initiative de se réunir tous ensemble pour en parler vient du fils ou du père c’est encore mieux. Et c’est même de cette manière que cela devrait se passer. Le but est de dédramatiser la situation et de trouver des solutions moins conflictuelles ensemble. Le fait d’en parler en groupe, désamorce les choses.
Une fois que la situation est désamorcée, l’idéal serait que la belle-mère et la belle-fille effectuent des activités ensemble. Si elles parviennent à se trouver des points communs et des activités qu’elles affectionnent toutes les deux, cela serait bénéfique pour leur relation. De plus, elles auront une vision différente chacune l’une de l’autre.
ÔM : L’arrivée de petits-enfants complique-t-elle davantage les relations ?
J-M. J : En effet, la relation belle-mère belle-fille peut devenir encore plus complexe lors de l’arrivée des petits enfants. Si les deux ne sont toujours pas en bon termes à la naissance des enfants, cela peut être un événement qui intensifie le conflit. De fait, la belle-mère voudra voir ses petits-enfants et la belle-fille peut s’opposer à ce que la belle-mère voit ses petits-enfants
ÔM : Souvent lorsqu’on a des enfants, les belles-mères peuvent d’avérer être un peu « envahissantes » ou fortes de reproche quant à l’éducation qu’instaure le couple. Quels seraient vos conseils pour atténuer ou remédier à ce comportement envahissant ?
J-M. J : Dans cette situation, il faut impérativement que la belle-mère prenne conscience qu’elle n’est pas la mère. Chacun a sa place. La mère c’est la mère et le père se sont eux seuls qui décident de l’éducation des enfants. Ce n’est donc pas aux beaux-parents ni aux parents tout court, de venir interférer dans l’éducation des enfants. Surtout, il est important que les grands-parents ne s’interposent pas en critiquant l’éducation des parents.
En effet, dans ce cas-là, cela devient une intrusion éducative au sein même du couple. Là encore, le mari doit être présent et ne pas se mettre en retrait. Il doit intervenir et soutenir sa compagne contre même sa propre mère. De plus, le beau-père a aussi un rôle à jouer. S’il y a une rivalité, le père qui a dû être absent dans l’éducation du fils et qui a donc laissé cette fusion s’installer avec la mère, doit intervenir. Il faut que lui aussi maintienne sa femme.
La relation belle-mère belle-fille est aussi complexe que capitale pour le bon équilibre d’une famille. Une bonne communication et le fait de prendre du recul sur soi-même sont des éléments clés permettant d’apaiser une relation belle-mère belle-fille. L’intervention des hommes de la famille a également un rôle non négligeable dans une meilleure entente entre les deux femmes.
Cet article a 2 commentaires
Franchement, j apprécie au plus au point ma belle fille Alice tout comme le reste de la famille.
Mama tu es rare!! Si la mienne pouvait dire autant de moi!