Créée en 2015 par Victor Rosa, professionnel dans l’optique, l’association Cercle des Lunetiers Éthiques rassemble opticiens, verriers et créateurs indépendants, qui se battent pour la traçabilité de nos lunettes.
En France, 76% des Français ont recours à une correction visuelle. Ce sont treize millions de montures vendues chaque année à des millions de Français. Ça fait beaucoup de lunettes, beaucoup de plastique, et surtout beaucoup de choses qu’on ne sait pas à leur sujet. Depuis 2015, l’association Cercles des Lunetiers Éthiques œuvre pour la traçabilité de nos lunettes. Cette communauté rassemble opticiens, verriers, ainsi que des créateurs dans une démarche éthique et plus responsable.
Lutter pour la traçabilité de nos lunettes et la transparence
Tout a commencé en Italie, lorsque Victor Rosa, agent commercial dans le milieu de l’optique, a fait la rencontre d’un opticien transalpin ayant suscité l’intérêt de la transparence dans le monde de l’optique. Ce dernier a voulu aller plus loin et avoir des certificats de fabrication. Depuis 2011, le combat de Victor Rosa a débuté, à travers différentes réunions pour faire comprendre qu’informer les clients sur la fabrication des produits était normal car nécessaire.
Aujourd’hui, le fondateur de l’association Cercle des Lunetiers Éthiques se bat pour que le consommateur soit informé et rassuré sur l’origine de sa monture. Comment ? En trouvant des marques et des collections qui fournissent un certificat de provenance de chaque monture, et ce, grâce au label C.L.E. « Ce labellisateur de confiance a été créé dans l’intérêt du consommateur, dans le but qu’il soit informé sur la provenance de ses lunettes, leur impact environnemental, mais aussi pourquoi elles sont vendues dans certains magasins et pas d’autres », explique-t-il. Car oui, pour avoir le privilège de vendre ses collections, il faut avoir le bon profil . « Il faut être opticien indépendant, ne pas être sous contrat avec des mutuelles et enfin, ne pas pratiquer de discount. Nous ne vendons qu’à des opticiens qui ont les valeurs de notre groupe », poursuit le fondateur de l’association.
C’est avec ces conditions que le label C.L.E est présent sur plus de 1000 références au sein de six collections : lunettes de vue, lunettes de soleil pour les grands mais aussi pour les plus petits. Qu’elles soient rondes, en losange ou bien même en papillon, il y en a pour tous les goûts.
Du « made in vérité » avec vos lunettes
« Sensibiliser à la provenance » sont les maîtres-mots de l’association. « Le but est de donner la vraie information au consommateur. Si une monture est d’origine France, Italie ou bien Chine, nous aurons un certificat qui en atteste. Le mot éthique est simple, c’est de dire la vérité. On veut faire du made in vérité, et plus tard, on dira made in C.L.E ».
Mais avec les frontières fermées dues à la pandémie, le monde de l’optique s’est retrouvé impacté. Néanmoins, un certain côté positif en est tiré, car « ça a permis au consommateur d’être plus sensible au passeport de l’objet à acheter », nous confie Victor Rosa. « Une monture qui vient d’Asie a une durée de traversée en conteneur de plusieurs mois jusqu’en Europe ». Cela engendre une pollution importante et la taxe carbone correspond à une centaine de milliers de voitures quotidiennes. Après réflexion, c’est quand même mieux d’acheter local.
Le Cercle des Lunetiers Éthiques et l’éco-responsabilité
À quand des collections écoresponsables ? À l’heure actuelle, aucune matière dans le marché n’est environnementale. Même le bois ne l’est pas, car, primo, cela contribue à l’abattage des arbres et secundo, l’utilisation de teintures et de vernis est nécessaire lors de la fabrication de montures en bois. Rien de concret n’a été réalisé à ce sujet, seule des études ont été établies. Autrement dit, nous ne sommes pas prêts de porter des lunettes écologiques. « L’objectif, serait d’avoir une matière qui n’aurait pas besoin d’ajout chimique, par exemple, pour pouvoir être manufacturée. Actuellement, nos fabricants utilisent de l’acétate, un dérivé du coton, une matière moins polluante que le plastique, qui est un dérivé du pétrole, mais qui a tout de même besoin de l’ajout d’un produit chimique », explique monsieur Rosa.
Niveau recyclage, l’association a pour projet de généraliser le recyclage dans les usines de fabrication. Au vu de la prise de conscience des consommateurs, « c’est sûrement pour bientôt », confie l’agent commercial.
Cercle des Lunetiers Éthiques : petite communauté, grands rêves
Rassemblée autour de 180 clients, dont 10 % d’opticiens adhérents, présents à Lyon, Rouen, Bayonne, Montpellier, ou encore en Alsace, en Normandie et au Havre. Cette communauté souhaite réunir 500 adeptes de ce mode de consommation d’ici à 2025 pour ensuite s’aventurer hors des frontières françaises. « Aujourd’hui, les clients viennent directement vers nous. Mais d’ici fin septembre, notre site sera mis en ligne, ce qui permettra au consommateur de pouvoir être envoyé directement vers les opticiens partenaires ».
Le Cercle des Lunetiers Éthiques songe désormais à devenir une coopérative qui se regroupe autour des mêmes valeurs dans le but de créer un « nouveau mode économique éthique reposant sur la transparence, l’écologie et la traçabilité ». Et tout cela, dans une ambiance d’éco-consommation.
« Nous n’avons pas d’espoir, nous n’avons que des rêves. Le rêve est une réalité en attente d’éclosion et nous rêvons que le C.L.E devienne une référence dans le monde de l’optique. Qu’un consommateur regarde quelles sont les montures qui ont le label C.L.E pour qu’il se sente en confiance. Alors que l’espoir, c’est s’en tenir aux autres », nous livre Victor Rosa. Décidément, le Cercle des Lunetiers Éthiques a des airs de véritable clé pour nos yeux en manque d’éthique. De quoi nous en mettre plein la vue !