L’excitation du jeu au casino fait le lien entre le vraisemblable et la réalité. Mais un autre lien, celui des quelques pièces jetées en ligne, donne un piquant matériel à chaque partie. L’élégance est de ne pas se tromper de réalité, car, si le résultat est meilleur, les règles n’en sont pas les mêmes.
Histoire du soir
J’étais assise dans mon canapé à faire une visio-conf avec une ancienne amie. Les pieds croisés, les cheveux dépeignés, le téléphone d’une main et la télécommande de l’autre. Cette ancienne amie me racontait je ne sais plus quoi à propos de son homme. Elle me demandait ce que je faisais. Entre les longues minutes où nous ne nous parlions pas et que Fashion TV ne montrait rien de passionnant, je jouais au bandit manchot. Je lui dis : « je joue au casino… en ligne bien sûr ». Elle voulut savoir sur quel site j’étais, elle voulait aussi se changer les idées, jouer, perdre un peu, penser à autre chose.
À ses derniers mots l’ensemble de notre conversation repris forte dans ma tête : elle venait de se faire larguer. Le jeu lui était donc peu recommandé. Elle ferait n’importe quoi et m’accuserait de l’avoir vautrée dans l’addiction. Je ne répondis pas à la question et, pour détourner la conversation, je lui demandais de me raconter ce qu’elle lisait en ce moment.
Recette de l’élégance au Casino
Le casino en ligne c’est particulier. On y est excitée, on y est déçu, et on y est excitée, et parfois on crie de joie. Mais on y va pour se détendre, pour se vider la tête dans un shoot, pas pour y déverser son malheur. En fait il faut déjà être heureuse. Il faut porter une belle robe, un délicat parfum, un repas léger, un cavalier élégant, et sourire du jeu, pour le jeu, à chaque coup. C’est bon, mais d’un bonheur aussi spécial que la saveur du caviar osciètre : on y trouve beaucoup de ce qu’on y a apporté.
Les mythes du casino
Les casinos regorgent d’histoires sans début ni fin qui filent dans nos mémoires à chaque fois que nous entendons parler d’eux. Les femmes y sont belles, élancées, aux cheveux brillants et la robe fendue. Les hommes sont courtois, discrets, de tempérament d’acier, de cœurs de verre. Les whiskys y sont haut de gamme. Pas d’horloge, pas de fenêtre, de la musique chaude et envoûtante, de la moquette chatoyant de couleurs contrastées, des tabourets accueillants et confortables.
Qui est cette caste qui passe au casino comme je vais au Franprix ? Dîtes-moi, qui sont ces couples si bien assortis qui sont salués avec complicité par le chef de salle ? Qui sont ses riches qui sont chez eux ici ? Est-ce eux qui sont tant à l’aise avec les jeunes filles venues seules ? Comment sont si bien renseignés des risques de chaque table, qui gardent une politesse désobligeante avec les croupiers ?
Personne peut-être. Les casinos sont bien ouverts à tous pour que tous jouent au richard qui vient prendre un bain. La certitude de passer une bonne soirée, la pénombre, et l’espoir de peut-être s’enrichir sont tous à la faveur d’un air extérieur de maîtrise tout en cachant son appréhension véritable. On veut faire comme les autres. Ce que l’on ne sait pas, c’est qu’on y arrive et qu’ils sont dans la même crainte d’être démasqués. Quel bel univers où nous pouvons tous jouer à être James Bond ou femme d’un milliardaire russe. Juste une minute de ce plaisir, en ligne.
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Par Bénédicte, l’élégance facile.