La sexualité dans un couple peut être mise à rude épreuve durant la grossesse. Certaines futures mamans peuvent éprouver certaines réticences quant à avoir des rapports sexuels en étant enceinte. Pourtant, avec quelques conseils et en effaçant les idées reçues, le couple peut continuer à s’épanouir dans les meilleures conditions. Entretien avec Sébastien Garnero, sexologue clinicien.
Contractions, nausées, peur d’un accouchement prématuré ou bien d’une fausse couche. Toutes ces angoisses peuvent inhiber la libido chez certaines femmes enceintes. Mais en réalité, pas de panique, bébé est bien à l’abri dans le ventre de maman, même pendant une séance de câlins avec papa. En effet, cela est bénéfique pour l’enfant car les rapports sexuels lors de la grossesse permettent de l’accueillir dans de bonnes conditions affectives. De plus, cela prévient d’éventuelles difficultés sexuelles qui interviennent parfois après l’accouchement. Pour Ô Magazine, Sébastien Garnero, sexologue et psychothérapeute, nous livre ses conseils pour que les couples appréhendent au mieux cette période synonyme de bonheur.
Les rapports sexuels lors de la grossesse
Contrairement aux idées reçues, les rapports sexuels durant la grossesse sont approuvés et encouragés par les spécialistes. Continuer une vie intime lors de cette période aurait de nombreuses vertus pour le couple et le futur bébé. Sébastien Garnero, sexologue clinicien, nous éclaire.
Sébastien Garnero: On peut tout à fait continuer à avoir des rapports sexuels durant toute la période de la grossesse. En effet, contrairement aux idées reçues, les rapports sexuels n’ont pas d’incidence sur un éventuel risque de fausse couche. Il n’y a pas non plus de corrélation ou de lien avec un risque potentiel pour la mère ou le fœtus à avoir une sexualité durant toute la grossesse. Il n’y a donc aucune incidence réelle de la sexualité avec la durée de la grossesse, que cela soit sur la fréquence ou l’intensité.
Au contraire, elle est plutôt bénéfique au renforcement du lien affectif et à l’attachement durant cette période particulièrement importante pour le couple. La continuité de l’activité sexuelle durant cette période permet d’accueillir le futur bébé dans de bonnes conditions affectives et prévient également d’éventuelles difficultés sexuelles qui interviennent parfois post accouchement. Il n’y a donc aucune raison à l’abstinence sauf contre-indications médicales rares (menace d’accouchements prématurés diagnostiqués, placenta praevia, fissure de la poche des eaux…). En ce qui concerne le fœtus, pas d’inquiétude à avoir. Il est tout à fait protégé et à l’abri grâce à la cavité amniotique et au bouchon muqueux localisé au niveau du col de l’utérus. Ce qui le sépare de la cavité vaginale et empêche l’intrusion de potentiels agents infectieux lors de la pénétration.
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Les rapports au cours du premier trimestre
Au cours du premier trimestre, la libido peut se faire désirer. Pourtant, il est important de la stimuler au cours de ses trois premiers mois.
SG : Durant la grossesse, il peut exister des fluctuations importantes du désir chez le couple. En règle générale, on assiste à un fléchissement durant le premier trimestre. Cela est marqué par l’annonce de la grossesse, une période de fatigue, parfois une somnolence, des nausées en fonction des femmes. De plus cela s’accompagne d’une certaine anxiété avec la crainte d’une éventuelle fausse couche. La femme vit une période émotionnelle contrastée, ponctuée par des remaniements physiques et psychiques importants. En effet, c’est lors de cette phase qu’elle doit se préparer à devenir une future maman. Sans compter l’augmentation de la progestérone durant cette période qui a tendance à inhiber la libido.
Ainsi, cette période du premier trimestre n’est pas la plus propice au désir sexuel. Elle correspond souvent à une baisse de désir. Néanmoins certaines femmes ne présentent pas de symptômes particuliers, ni même de baisse significative du désir sexuel. Durant cette phase, il s’agira d’aborder avec sérénité et calme cette période en privilégiant les moments d’échanges, de discussion, de soutien, de tendresse et d’affection. Ce qui favorisera également des rapprochements corporels et sensuels. Un « climat sécure » dans le couple est important et favorise la sensualité et l’émergence du désir sexuel entre les partenaires.
Un regain de la libido au deuxième trimestre
Si pour certains couples, la libido continue de fléchir, pour d’autres, en revanche, le deuxième trimestre est synonyme d’un regain de désir.
SG : Bien souvent, on assistera à la quasi disparition des différents maux du début de la grossesse. Dans le même temps, on assistera à un regain de la libido. Cette phase sera très variable en fonction des femmes, et dépendra en grande partie de la manière dont la femme aborde la grossesse. Mais aussi de son rapport à son propre corps et à la sexualité. Des modifications corporelles chez la femme vont commencer à poindre et l’image du corps va s’en trouver modifiée. Le fait de bien vivre sa grossesse en se sentant épanouit en tant que femme enceinte favorisera le désir sexuel. Pour le partenaire homme, la plupart du temps, il vivra positivement cette phase. Par une prise de conscience de la grossesse au travers de la visibilité des modifications corporelles de sa femme et de cette période faste à la vie sexuelle du couple.
Néanmoins, certains hommes peuvent présenter une inhibition durant cette phase. Cela peut les renvoyer à une femme/mère de par la visibilité de leur femme enceinte. On peut noter également, chez certaines femmes, une légère sécheresse vaginale durant cette période susceptible de réduire la libido. L’utilisation de lubrifiant sera dans ces cas une option pour plus de confort. Du point de vue hormonal, pour la plupart des femmes, la libération d’œstrogènes va avoir un effet positif et stimulant sur la libido et le désir sexuel. En effet, les tissus du vagin mieux vascularisés et congestionnés vont générer une sensation similaire à celle de l’excitation sexuelle. De fait, le clitoris et les seins vont gagner en sensibilité.
La femme enceinte sera alors beaucoup plus réceptive aux câlins, aux caresses et à la sensualité. Le plaisir, l’intensité, et parfois l’orgasme arriveront alors plus rapidement pour certaines femmes. Dans certains couples, on assiste alors à une effervescence d’actes sexuels. Ils remarqueront un regain de libido comme au tout début de leur rencontre amoureuse. Pour ces couples, il s’agira alors de pouvoir se laisser aller, de « lâcher prise » dans cet état de grâce et de profiter pleinement de cette phase de volupté particulièrement faste sur le plan de l’affectivité et de la sexualité. Pour d’autres couples, qui connaissaient déjà une réduction du désir, le deuxième trimestre sera une continuité du premier avec la plupart du temps une baisse de libido.
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L’adaptation, maître mot du troisième trimestre
Le troisième trimestre sera synonyme de la recherche du confort et de l’harmonie afin de continuer une vie intime dynamique.
SG : Les modifications corporelles devenant plus importantes, les rapports sexuels nécessitent un peu plus d’adaptation. La recherche d’un certain confort et de positions plus aisées et moins contraignantes seront les clés pour continuer à avoir une sexualité harmonieuse durant cette phase. Cette période est marquée le plus souvent par un ralentissement de l’activité sexuelle et de la libido. Les préoccupations autour de l’accouchement, et les projections concernant la venue imminente du bébé deviendront centrales notamment à la fin de la grossesse. Bien souvent, certains couples vont également freiner leur désir par crainte de provoquer un accouchement prématuré. Or, excepté quelques rares cas, il n’y a aucun risque à continuer à avoir des rapports sexuels jusqu’au terme de la grossesse.
En règle générale, on s’aperçoit que ceux qui avaient déjà une sexualité assez active et épanouie, vivront les différentes phases et la grossesse de façon plus positive sur le plan sexuel et affectif.
Des conseils pour des rapports dynamisés
En plus des indications précitées, le Dr Garnero nous livre d’autres conseils pour appréhender au mieux cette période.
SG: Il est, dans un premier temps, essentiel de lutter contre les fausses croyances ou idées reçues concernant la sexualité durant la grossesse ou celles qui prônent une abstinence. En effet, continuer à avoir une vie sexuelle durant la grossesse est positif pour le couple et le bébé. Il n’y a aucun problème à avoir des rapports avec pénétration. Il n’y a pas de gêne ou de risque pour le fœtus, le sperme n’est pas un agent infectieux
Aborder de manière positive la sexualité pendant la grossesse comme étant une étape forte et heureuse pour le couple. À mon sens, elle permet de favoriser le lien affectif et l’intimité dans le couple, la vie amoureuse, l’accueil du tout petit dans les meilleures conditions relationnelles. Elle favorise également, l’attachement et le sommeil notamment grâce à l’ocytocine, le plaisir via la dopamine, la bonne humeur via la sérotonine. Enfin, elle permet, lors de l’orgasme notamment, de muscler le périnée, qui facilite l’accouchement lors de la délivrance. Par ailleurs, la sexualité assurera un meilleur maintien post accouchement. Ainsi cela permet d’éviter les problèmes de fuites urinaire avec un périnée plus tonique (même si cela n’empêche pas la rééducation périnéale).
Dans les pratiques sexuelles afin de galvaniser le couple :
Je recommande de développer à certaines périodes des pratiques de masturbations mutuelles. Profitez en pour explorer d’autres formes de sexualité : sexe oral type fellation, cunnilingus, en utilisant ponctuellement des Sextoys adaptés . Dans les moments de pause, continuer à développer le contact peau à peau, les câlins, la tendresse, l’affection… Adoptez des positions confortables, pratiques et adaptées à sa morphologie, et surtout non contraignantes au niveau du ventre pour la femme (utiliser un coussin si besoins) lors des rapports sexuels (cf Kamasutra : missionnaire surélevé, cuillères, levrette, Andromaque, union du lotus, union de l’huître ou demi missionnaire sur les genoux pour l’homme, la balançoire…).
Je conseille de s’octroyer des moments romantiques, de légèreté et d’insouciance dans ce temps suspendu que peut représenter la grossesse. Et continuer à échanger, communiquer, développer la complicité. Vivre ce moment magique au travers de cette belle étape initiatique dans la vie d’une femme et d’un homme. Mais aussi dans leur devenir de couple amoureux et aussi de futurs parents.
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La vie intime après l’accouchement
Après l’arrivée de bébé, il est parfois difficile de reprendre la vie intime là où on l’avait laissée avant l’accouchement. Il est important de s’écouter et de reprendre confiance petit à petit avec l’aide de son conjoint.
SG: L’accouchement constitue une épreuve physique et psychique pour la femme devenue mère. Et bien évidemment, la priorité sera son rétablissement et les soins apportés au bébé, ainsi que l’installation du lien mère-enfant. Pour le père, l’épreuve étant plus psychologique, des remaniements psychiques (la couvade par ex…) seront à l’œuvre dans ce devenir père. Se rassurer dans sa capacité à être une « bonne mère » sera essentiel post-accouchement. De plus, la mise en place des premiers processus de parentalité pour le père et la mère sont inhérents à cette période.
Concernant le couple, il sera essentiel de se situer sur les deux registres du couple (parental et amoureux). Il est important de ne pas surinvestir l’un au détriment de l’autre. En effet, c’est une règle importante de l’équilibre et de l’harmonie en tant que femme et homme. Mais également pour le tout petit quant à sa juste place dans la famille et le couple.
Du point de vue de la sexualité pénétrante, elle pourra reprendre de façon active en fonction de chacun, de son vécu et de son rapport à son propre corps. Une période post accouchement d’environ quatre à cinq semaines est souvent recommandée. Ainsi, cela laisse le temps de la cicatrisation pour certaines, le temps de retrouver une muqueuse suffisamment tonique. En revanche, cela n’empêche pas les rapprochements et une sexualité non pénétrante. Un temps de rééducation périnéale sera également un plus pour une reprise efficace de l’activité sexuelle.
Je recommande une pratique physique douce (gym douce, pilate…) qui aidera également à retrouver une certaine souplesse articulaire, tonicité musculaire. Également, cela aidera à éliminer aussi un léger surplus de poids pour certaines femmes dans le but de se sentir mieux dans leur corps. On pourra y associer une diététique équilibrée également dans ce cadre de réinvestissement du corps. La reprise de la sexualité pourra se faire en douceur. Dans un premier temps, par des moments de tendresse, d’affection, de rapprochements corporels, des câlins, des baisers. Puis dans un deuxième temps, au travers d’une pratique sexo-corporelle, sensuelle et affective. Le couple pourra redécouvrir le corps de la femme qui a besoin de se réapproprier son corps intime et son image, qui ont été mis à rude épreuve et de réinvestir sa féminité, sa désirabilité, son pouvoir de séduction, etc.
Les amoureux pourront également pratiquer des massages sensuels sur l’ensemble du corps, des zones érogènes. Également, des massages sexuels à deux avec toutes les variantes possibles qui stimulent votre imagination et votre sensualité. Il est conseillé de s’ouvrir à l’imaginaire érotique et à certains fantasmes partageables avec son partenaire . Ainsi, cela ravivera le désir sexuel et sortir des pratiques habituelles. Cela favorisera la reprise petit à petit d’une sexualité plus active et épanouie.
En cas de blocage, consulter un praticien
De nombreuses femmes font face à des difficultés avec leur sexualité pendant et après la grossesse. Pour celles concernées, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à un tiers.
SG : Dans les cas de blocages concernant la sexualité et des problématiques personnelles ou de couple en lien avec la grossesse ou à la perspective de devenir parents, il sera parfois important de pouvoir demander une aide extérieure à un tiers tels qu’un Sexologue, un Gynécologue, un Psychologue clinicien, etc. Bien souvent dans cette phase de la vie si importante, cette aide sera précieuse pour surmonter différentes difficultés. Comme des symptômes ou des préoccupations personnelles, sexuelles ou de couple. Parfois en l’espace de quelques séances, consultations, ou bien dans le cadre d’une thérapie plus conséquente, les blocages disparaîtront.
Mesdames, être enceinte ne signifie donc pas être sous couveuse. Restez à l’écoute de votre corps et de vos envies. Votre conjoint est là pour vous soutenir et cela ne leur fera pas de mal de se mettre à votre place.
Un article écrit par Madison Petit et Enola De Filippo en collaboration avec Sébastien Garnero, sexologue et psychothérapeute.
Cette publication a un commentaire
Les hommes sont pour la plupart bloqués à ce niveau là..Quand j’étais enceinte de ma dernière, j’avais énormément envie de faire l’amour !! Et lui , était complètement bloqué !! Il avait peur , pourquoi je ne sais pas!! Du coup je me débrouillais toute seule 😉🤣🤣