Tout le monde court, mais plus personne n’a le droit de faire vraiment du sport. Ce sont les restrictions sanitaires. Pas de clubs associatifs, pas de salles, mais les professionnels, heureusement, continuent de faire marcher le business. Alors, je cours (comme tout le monde), je me bouge un peu (pour pas trop prendre de la culotte), et je parie pour garder le goût des matchs.
Plus de sport ?…
Impossible de trouver une salle de sport. Tout est fermé. Et la police est déjà sur les trousses des salles clandestines à Poitiers… Attention danger. Je m’entasse. Je me tasse. Comme tout le monde. J’attends ma phlébite. Je regarde mon tapis de sol, ma corde, j’en fais un peu… Mais toute seule la motivation est enfant de Bohême. Il m’arrive bien de suivre des live de fitness, mais sincèrement, à part commenter avec des cœurs et des applaus, je ne perds pas mes calories. Je me dis que la gentille nénette derrière son smartphone est en train de se démener en croyant bouger une population digne d’une réunion de colocataires, mais elle sur toute seule. La pauvre.
Regarder du sport à la télé qui nous procure de l’adrénaline
Mais la question n’est pas là ! Le sport est important pour le physique, pour le moral, et le sport c’est aussi le jeu, la compétition, la provocation, l’orgueil et l’humilité, la concentration, la participation, et plein d’autres mots dignes d’un programme électoral. Ces sentiments deviennent tous les jours des souvenirs de plus en plus lointains. Sans eux je deviens une simple vache qui va toute seule dans le pré le matin, se laisse traire par le système capitaliste, et retraverse les marées de monde potentiellement infecté des transports en commun, pour enfin me coucher. Une vache pas intéressée par la vie, une vache d’élevage sans adrénaline, sans excitation, sans nerf, sans exubérance, sans rien quoi.
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Des nouveaux sports en vue
Si vous vous souvenez bien, il y a un an on ne savait pas trop où on allait avec les règles sanitaires, mais personne n’envisageait que ça dure un an. Alors on a arrêté les compétitions sportives, en attentant que ça passe. Puis comme ça ne passait pas, et on a attendu que ça gueule. Et en attendant, toujours pas de pari sportif possible. C’est comme ça que, pour aider nos chers bookmakers, de nouveaux sports sont arrivés dans nos grilles :
- Football australien, avec des boomerangs,
- 1re division de football en Australie, les kangourous étant autorisés,
- Coupe de Hongrie de football, il a fallu apprendre la prononciation,
- 1re division de football de Corée du Sud et de Chine, on n’a toujours pas compris qui était contre ou avec qui,
- Baseball en Corée, et qu’ils ne disent pas qu’ils ne sont pas eux aussi américanisés,
- Et hockey en Biélorussie, j’imagine que ce ne sont pas les mêmes règles qu’au Canada.
L’esprit sport est dans le match
Heureusement le sport pro continue ou plutôt a repris. Le sport professionnel j’entends : match, courses, tournois, coupe… Même sans spectateur les équipes continuent de se foutre l’une contre toutes les autres, de se battre, de vouloir gagner, de se donner des objectifs d’1 heure 30, en attendant un but dans la vie, de chercher plus loin. Bon esprit, j’aime.
Alors je supporte. Je supporte l’équipe de la ville de mon enfance, et l’équipe qui a le plus noble attaquant, et aussi presque toutes les équipes féminines, ainsi que les équipes des régions où l’on ne fait que manger… je supporte. Je suis pour, j’encourage, je m’investis émotionnellement, je me projette à leur côté.
Je me connecte, je parcours les matchs à venir, je fais mon paris sport sur les gars qui ont mon cœur et là enfin, une transsubstantiation se produit, comme si j’avais les clés pour donner sens à l’aléatoire, j’ai goût à regarder le match. C’est certain, même quand on a que 2 euros en jeu, regarder un match, ça donne du piquant. D’ailleurs dans ces moments-là, je dépense plus en plat à emporter qu’en mises. Mais cela fait partie de charme de l’évènement sportif : s’asseoir + manger + boire + encourager ceux qui courent.
Par Bénédicte, s’asseoir ou courir là est la question.