Quid de l’excentricité ? Contre le malhabillement

Je continue avec énergie mon combat éclairant l’excentricité. (Il faut lire les articles d’avant ; vous pouvez relire les épisodes même sans abonnement Replay, même sans l’appli, même sans crème solaire.) Et maintenant voici ce qu’il faut dire du malhabillement.

Article rédigé par: Bénédicte

Contre le malhabillement, habillons-nous bien. Soyons les excentriques d’aujourd’hui. Et ne soyons jamais la norme de demain, mais bien plutôt l’appel de la liberté de toujours. Parce que la liberté de s’exprimer n’a et n’aura jamais de prix.

Malhabillement contre excentricité

Alors que ceux qui sont tristement normaux suivent les tendances sur une base de sombre indistinction insipide. Des tendances qui se succèdent en un éclair. Le malhabillement peut ainsi devenir d’un seul coup la nouvelle pièce que tout le monde s’arrache. La mode de demain n’est plus celle d’hier et encore moins d’avant-hier. La fast fashion dans toute sa splendeur. L’excentrique peut suivre ou pas la mode. Notons d’ailleurs à ce propos, que les créateurs suivent rarement leur propre création.

Jean-Paul Gaultier et Karl Lagerfeld, en inventant leur look éternel s’inscrivaient dans la démarche la plus efficace pour être identique à soi. La liberté d’être soi pleinement et simplement et de casser les codes. L’excentrique ne se reconnaît pas à son statut de fashion victim. Il n’en est d’ailleurs pas forcément une. Mais avant tout à sa distance avec l’existant, l’être-là, le « on » du dasein heideggerien. Il se reconnaît à son identité qui fait différence. Le malhabillement n’est pas un problème pour lui. Il n’est pas comme les autres et il le revendique haut et fort.

Tendances contre uniformes

Chez tous les humains, les tendances des créateurs sont acceptées et intégrées pour autant qu’elles respectent l’identité qui se manifeste et se concrétise dans l’apparence. Une tendance est ce qui reste des défilés, lorsqu’ils ont été passés au crible de l’exigence de l’imperturbable statut social et de la recherche d’épanouissement coloré de l’identité en quête de vie. Le malhabillement peut alors devenir culte. Chez les uniformes, le statut social prime ; chez les excentriques, c’est la quête.

Parce que l’un se complaît dans l’uniformité, on ne peut pas pour autant dire qu’il est prisonnier de son statut social, mais on peut au moins juger qu’il veut être prisonnier et gardien de ce statut. L’autre, le perdu, veut découvrir malgré les risques; il veut changer malgré les douleurs ; mais il n’a pas eu la liberté de choisir la liberté ; il a seulement été contraint d’appeler liberté sa quête en dehors du centre.

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Contraint de révéler l’absurdité de l’uniforme, l’excentrique avec le malhabillement a révélé l’existence de castes, de niveaux d’exigence personnelle. Et pour lui donner tord, la mode a été renvoyée au domaine de la richesse et du luxe ; non pas parce qu’il faudrait être riche pour avoir le droit d’être excentrique, mais parce que seuls les riches ne risquent rien à être jugés sur leur apparence.

Ecce homo

Voici l’homme et sa volonté de séparer des niveaux, de créer des espaces sérieux et d’indiquer de loin des horizons d’excentricité. L’excentrique, le malhabillement, révèle la lutte entre l’individu unique qui se présente dans son unité, et l’individu commun noyé dans la masse, volontairement, car il est sérieux, c’est-à-dire confiant en un système qu’il s’imagine.

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