À l’occasion de la présentation au public français de son nouveau livre On Fire, the Firefighters of France (éditions Rizzoli) sorti aux USA en février dernier, nous avons eu l’énorme privilège d’interviewer Fred Goudon. Ce photographe a acquis une notoriété internationale grâce à ses images iconiques des Dieux du Stade. Son livre, tout comme l’ensemble de son travail, particulièrement sa dernière série de photos imprimées sur bois, constituent une véritable ode à la beauté masculine. Ô Magazine vous fait découvrir ce photographe de nus masculins, avant de revenir sur l’ensemble de sa carrière dans un article à paraître la semaine prochaine.
Dès notre arrivée, Fred Goudon s’excuse de ses yeux rouges et irrités. Il fait une réaction allergique après son recours prolongé à une machine à fumée lors de son dernier shooting. Il faut dire qu’il vient tout juste de terminer son dernier calendrier des pompiers. Oups… L’info est sortie, eh oui, le nouveau calendrier des pompiers 2022 paraîtra donc en septembre prochain.
Un livre sublimant nos pompiers
On Fire, the Firefighters of France constitue un superbe best-of des photos de Fred Goudon illustrant la succession des calendriers de pompiers qu’il a sortis depuis 2016. Sur 144 pages, Fred célèbre la beauté de ces hommes courageux à la bravoure remarquable. Un véritable hommage à nos soldats du feu, immortalisés dans un livre. Ces mâles héroïques aux corps sculptés et à la beauté sublimée vont sans aucun doute provoquer votre émoi. Virilité et sensualité sont les maîtres-mots qualifiant ces clichés. Fred sublime l’homme, sous toutes ses coutures, parfois même sans couture du tout. Au fil des pages, la température risque de monter petit à petit. Nous vous prévenons d’ores et déjà qu’il sera inutile de composer le 18 pour éteindre ce genre d’embrasements, car ces valeureux soldats du feu ne sont pas là pour ça, malheureusement.
C’est en 2015 que Fred Goudon commence à photographier les pompiers. Il vient d’ailleurs de terminer son septième calendrier. Comme il le reconnaît : « Je travaille beaucoup sur la nudité masculine. Mais, concernant le calendrier des pompiers, ces derniers sont torse nu, tout au plus. Il y a toujours une ou deux scènes plus sexy dans les vestiaires ou sous les douches. Le calendrier des pompiers se concentre sur la beauté physique des hommes que je photographie : portraits de têtes, images de torses et de muscles bandés. J’adopte le point de vue de l’esthète et n’exagère pas la charge érotique, pourtant implicite. »
Le jour où tout a commencé…
Quand nous lui avons demandé comment lui était venue l’idée de mettre en valeur les pompiers spécifiquement, il nous explique : « Le premier pompier que j’ai photographié bossait au coin de ma rue parce qu’il y avait le feu dans une boutique. Il était en train de ranger ses tuyaux. Je suis allé le voir, il s’est tout d’abord montré réticent et m’a regardé de haut… avant de se raviser. Le soir même, il m’a appelé car il était allé voir mon travail entre-temps. Il a inauguré toute la série des pompiers que j’ai photographiés par la suite (calendriers, bouquins de photos,…). C’est lui qui m’a donné envie de photographier les pompiers, qui généralement ont un corps parfait puisque cela fait partie de leurs missions de s’entretenir et de faire du sport. »
Le photographe ajoute : « Je le remercie d’autant plus qu’il m’a permis de trouver une veine d’inspiration inépuisable. Le bouche-à-oreille a fonctionné dans la communauté des pompiers, si bien que d’autres membres de ce corps se sont manifestés pour lui succéder. Je les recherche sur les réseaux sociaux, comme si je faisais du casting sauvage. Facebook me permet de les rencontrer individuellement, parfois de rencontrer leurs collègues également. En général, quand un pompier a fait un travail avec moi, il veut embarquer ses meilleurs potes. D’ailleurs, je ne peux tous les retenir pour le calendrier. »
Des corps aussi parfaits, est-ce possible ?
En parcourant ces sublimes photos, que ce soient celles des pompiers ou des Dieux du Stade, nous nous demandons forcément si ces images sont retouchées, et jusqu’à quel point. Après tout, dans la société dans laquelle nous évoluons, les photos retouchées, parfois très éloignées de la réalité, sont un peu la règle. Afin de décomplexer ces messieurs, nous posons donc la question à Fred Goudon. Ses clichés ont-ils subi beaucoup de modifications pour rendre ces corps si parfaits ?
La réponse est affirmative, mais pas comme nous l’imaginions : « Il y a toujours un peu de retouche. Si je dois éliminer une petite cicatrice disgracieuse, un bouton, une rougeur ou une griffure, je n’hésite pas à utiliser les outils de retouche numérique. Au niveau du corps, certains angles ne sont pas très flatteurs. Si l’on photographie de trois-quarts par exemple, le corps va paraître un peu plus large qu’il ne l’est réellement. Je lui donne alors un peu de tonicité en réduisant cette largeur, pour que l’esthétique des courbes soit respectée et mise en valeur. Je cherche à lui donner la courbe idéale à mes yeux. Donc la retouche existe et elle est toujours là. Je donne un petit peu plus de lumière par là, gomme une ombre disgracieuse sur un nez. Je n’hésite pas à me servir des outils de retouche, car je considère qu’ils sont une chance. »
Les critères de sélection d’un modèle selon Fred Goudon
Pour sélectionner ses modèles, Fred Goudon ne recourt pas aux critères de beauté institués par la chirurgie esthétique. Est-ce pour cela que ses modèles dégagent un tel charme ? Il se fie à son instinct et à son œil aguerri de professionnel. « Je peux me retrouver face à une personne ayant une tête complètement asymétrique et le trouver charmant et photogénique. A contrario, face à une personne au physique soi-disant parfait, je ne me sentirais pas inspiré ».
C’est son goût propre, et ses critères. Pour les corps, idem, pas de critère prédéfini. Il peut tout aussi bien magnifier le corps fin et dessiné d’un danseur que celui, plus imposant, d’un bodybuilder. « La personne doit également dégager une vibration particulière, il s’agit essentiellement d’un ressenti, (…) je suis un véritable metteur en beauté. Je sublime mes modèles. (…) Je cherche à rendre un modèle déjà beau au naturel, encore plus beau à l’image, pour finalement en faire une icône ».
Un nouveau support pour les images de Fred Goudon : le bois « maltraité »
Au-delà de ses livres de photos et de ses calendriers, Fred cherche sans arrêt de nouvelles idées pour se renouveler, aussi bien au niveau de ses sujets que des supports qu’il utilise. Comme il le dit lui-même : « J’ai récemment trouvé un labo qui faisait des tirages sur bois. Il s’agit d’une nouvelle étape dans mon travail. Tout est parti de ma rencontre avec un esthète. Nous parlions de la photo en général. Il avait chez lui une photo imprimée sur une plaque de fer rouillé. Je lui ai dit qu’elle était très belle. Ce monsieur m’a dit que ce type de tirages représentait mon avenir. Pour lui, la photo en était aujourd’hui réduite à un fichier numérique reproduisible à l’infini. »
Et Fred de continuer : « Pour la vendre, il fallait en faire un objet singulier. Il fallait que je trouve un support particulier qui ferait de cette photo un objet unique. J’ai donc conçu une nouvelle offre se présentant sous la forme de photos imprimées sur des lattes de bois juxtaposées. Ce bois, je le maltraite, je le vieillis, je le peins. Ces photos deviennent ainsi des tirages uniques. J’ai inauguré ce procédé il y a moins d’un an et le public a suivi. »
Fred parvient ainsi à placer régulièrement ce nouveau type d’objets auprès de collectionneurs*. Certains accessoirisés, d’autres axés sur les corps uniquement. Pour ses photos sur bois, une fois n’est pas coutume, Fred s’est focalisé sur les torses en coupant les visages de façon à fixer notre attention sur les épaules, les pectoraux et les abdominaux de ses modèles sculpturaux.
Quels que soient les supports qu’il utilise, calendriers, livres ou, dernièrement, ces photos imprimées sur bois, le travail de Fred rend hommage aux canons esthétiques de la Renaissance (Michel-Ange, Raphaël ou Le Caravage). Cependant, au-delà de leur aspect purement esthétique, il apporte un supplément d’âme à ses photos. Ainsi, ses pompiers sont non seulement de beaux hommes, mais ils risquent aussi leur vie tous les jours pour sauver la nôtre. Quand vous regarderez les photos de Fred, pensez-y, c’est ce qui fait également qu’ils nous font tant craquer. Certes, l’uniforme est sexy, mais le courage qui anime les pompiers l’est plus encore.
Et vous, êtes-vous amatrices / amateurs de photos de nus masculins ? Quel(le)s sont vos photographes préféré(e)s en la matière ? Partagez-nous dans les commentaires !
* Pour plus d’informations, merci de vous rendre sur l’Instagram de Fred Goudon.
Article écrit en collab avec Jérôme Ziel.