L’agriculture biologique est une méthode de production agricole qui renonce aux produits chimiques, notamment les pesticides utilisés dans l’agriculture industrielle intensive. Le bio est tout d’abord apparu en Autriche dans les années 1920 avant d’émerger en France en 1950. Quels sont les avantages de l’agriculture biologique, et présente-t-elle des limites pour les consommateurs ? Levons le voile ensemble sur ce que nous trouvons dans nos supermarchés.
La production agricole en France contribue à la dégradation de l’environnement. Elle altère la qualité de l’air en générant 20 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, du fait de l’utilisation d’engrais, de serres chauffées, d’une forte mécanisation, etc. 93 % des points de contrôle des cours d’eau français sont contaminés par des pesticides, tout comme 70 % des eaux souterraines. Le taux de matière organique du sol français ne cesse de diminuer ces dernières années, et la biodiversité s’étiole, les populations d’espèces liées aux paysages agricoles (pollinisateurs, oiseaux, petits mammifères) diminuent constamment.
Association Fonds Mondial pour la Nature (WWF)
Un système de gestion durable pour l’agriculture
L’objectif premier de l’agriculture biologique est de préserver l’environnement en recourant aux engrais ou pesticides naturels. Les nappes phréatiques et les sols, ainsi que tous les êtres vivants qui les peuplent, sont alors protégés des substances chimiques. De plus, le bio consomme moins d’eau et d’énergie que l’agriculture conventionnelle. En effet, les sols sont plus riches et retiennent mieux l’eau de pluie. L’eau n’est donc plus nécessaire pour diluer les polluants présents dans les pesticides. Côté santé, aucune étude n’a prouvé que l’agriculture biologique était meilleure de quelque façon que ce soit au niveau organoleptique : il semblerait même qu’il y ait peu de différence au niveau des nutriments, selon l’Institut national de la recherche agroalimentaire. Cependant, il est indéniable que les produits chimiques que nous consommons ne sont pas forcément sans risque. La terre, l’eau, l’énergie et la biodiversité sont les raisons pour lesquelles surveiller son alimentation est essentiel.
En France, un tiers des produits bio est importé
Malgré ses avantages, l’agriculture biologique présente des limites. En France, l’importation concerne entre 30 et 40 % des produits biologiques, selon Agence bio. Pourtant, 2,3 millions d’hectares sont engagés dans la production bio, soit 8,5 % du territoire agricole français. Les jus de fruits, le poisson, les surgelés et les fruits sont les produits parmi les plus importés. L’Union européenne importe plus de trois milliards de tonnes de produits bios dont la Chine est le principal fournisseur. De ce fait, le transport contrebalance à lui seul les économies d’énergie engendrées à la base.
Les rendements sont aussi moins importants que ceux de l’industrie conventionnelle. Les pertes sont plus conséquentes à cause des attaques des parasites. Cela engendre inévitablement une hausse du prix pour les consommateurs ainsi qu’une augmentation de la surface à cultiver. Concernant les agriculteurs bios, le choix de n’utiliser que des pesticides dit “naturels” augmente leur charge de travail.
Par ailleurs, les substances naturelles ne sont pas forcément meilleures pour l’environnement. Effectivement, les agriculteurs utilisent tout de même des pesticides “naturels” puisque le but de l’opération est d’éliminer les nuisibles. Par exemple, l’usage du cuivre est remis en cause par l’INRA dans son expertise collective “Les formulations de produits à base de cuivre utilisées en agriculture sont toutes issues de la chimie minérale de synthèse. Leur autorisation d’emploi en agriculture biologique apparaît donc comme contraire aux principes fondateurs de ce mode d’agriculture.“ Enfin, l’industrie biologique finance certaines études d’analyse. Les consommateurs s’interrogent alors sur la pertinence des résultats. Peut-on faire confiance aux réglementations ?
Changeons d’agriculture : la réforme de la PAC
La politique agricole commune (PAC) vise à moderniser l’agriculture à l’échelle européenne. Elle repose sur trois fondements : l’unicité des marchés, la préférence communautaire et la solidarité financière. En effet, cette réforme doit garantir des produits de bonne qualité et préserver l’environnement. Mais les ambitions de la PAC vont désormais beaucoup plus loin. En effet, il s’agit de créer de nouveaux emplois tout en apportant les aides financières nécessaires aux agriculteurs. “En 2017, un tiers des agriculteurs français ont reçu des revenus équivalents à 353 € par mois. Face à une précarité et à une pression constantes, les conséquences peuvent être dramatiques. Un agriculteur se suicide tous les deux jours. La maladie de Parkinson ainsi qu’un cancer, le lymphome non hogdkinien, font partie des maladies professionnelles reconnues pour les agriculteurs, en raison de leur exposition aux pesticides,” nous apprend le WWF.
Le secteur agricole français fait face à des enjeux majeurs sur les plans économiques, environnementaux, sanitaires et sociaux. La France se mobilise pour tenter de satisfaire des consommateurs de plus en plus exigeants : plus de 250 000 européens prônent une agriculture plus durable à travers leur adhésion à des ONG. Les enjeux politiques mènent la vie dure aux objectifs environnementaux et climatiques. C’est pourquoi notre mode d’alimentation doit changer ! À titre indicatif, sachez par exemple que l’agriculture représente 70 % de notre consommation globale d’eau ! Il est donc grand temps de se mobiliser pour réclamer et obtenir une agriculture plus juste, plus saine et plus durable, à hauteur de notre porte-monnaie.